« Se servir de ses forces pour conquérir sa liberté » : tel était le thème du premier stage pour les 13-18 ans guidé par lama Jigmé Rinpoché à Dhagpo Kagyu Ling, du 26 avril au 1er mai 1992.
« À l’époque, dit lama Jigmé Rinpoché, je faisais des stages pour les dirigeants d’entreprises. Et c’est là que je me suis rendu compte qu’il manquait quelque chose à la jeune génération pour les aider à avoir une vision. »
Il a demandé à un résident de l’époque, Serge D., professeur vacataire en histoire-géographie, de s’en charger. « Rinpoché me posait beaucoup de questions à propos de ce qui se passait dans les collèges et les lycées et à un moment, il m’a demandé de réfléchir à la mise en place d’un stage pour adolescents», se souvient-il. Au programme : enseignements et échanges avec Rinpoché le matin, et l’après-midi, activités auxquelles se joignait parfois Rinpoché comme des balades en forêt, la visite des grottes de Lascaux, mais aussi tennis, kayak et projections de films. « Tout s’est fait de façon très spontanée », se rappelle Serge.
Au cœur de la démarche : se comprendre, comprendre le fonctionnement de ses émotions et utiliser chaque situation pour vivre avec plus de liberté et de clarté, que ce soit avec ses amis, sa famille, dans ses études, face à ses attentes, ses attirances, ses moments de joie comme de désespoir.
« L’adolescence est un point de départ, le début du développement des qualités humaines. L’esprit est alors très clair, il découvre : il peut donc tout concevoir et imaginer », explique Jigmé Rinpoché dans son premier livre paru en 1994, Vivre Libre, Conseils aux adolescents .
« C’est un moment qui peut être difficile car nous ne savons pas comment nous y prendre avec cette nouveauté. L’adolescence est également une période où nous pouvons commencer à comprendre par nous-mêmes. Mais cela demande un peu d’entraînement, sinon nous réagissons par à-coups, impulsivement. Si nous arrivons à comprendre ce qui nous arrive, nous pouvons nous ajuster aux situations, les vivre mieux. (…) Ainsi nous utilisons toutes les expériences que nous rencontrons, découvrant par nous-mêmes ce qui est bénéfique et ce qui ne l’est pas. Nous restons conscients de ce que nous faisons et, quelle que soit l’expérience rencontrée, nous l’utilisons comme un enrichissement. Voilà pourquoi l’adolescence est un moment très important de la vie. »
Sylvestre B. avait 13 ans lorsqu’il a participé à ce premier stage en 1992. « Mes parents étaient venus l’année précédente et, avec ma grande sœur de 15 ans, on se moquait d’eux. En plaisantant, ma mère nous a dit ‘’mais si vous voulez, allez voir, aux vacances de printemps, il y a un stage pour les jeunes.’’ Et nous, on s’est dit, “allez !”. » Un chemin de vie allait être tracé pour Sylvestre. « Je suis arrivé à l’accueil avec ma famille par le petit chemin qui venait d’être aménagé, et Jigmé Rinpoché était là. Je ne savais pas qui c’était. J’étais juste curieux. » Assis sur des coussins dans la salle d’étude, les jeunes retrouvaient Rinpoché chaque matin.
« Ce que l’on appelle enseignements, c’est en fait un certain nombre d’instructions destinées à nous permettre de fonctionner au mieux dans notre vie quotidienne », explique lama Jigmé Rinpoché aux jeunes lors de ce premier stage.
Ici, nous allons parler de plusieurs choses : de nos émotions et de la sagesse naturelle de l’esprit. Cela peut paraître bien compliqué, mais nous allons les étudier directement en liaison avec des problèmes rencontrés tous les jours.
(Tendrel 29, septembre 1992).
Sylvestre se souvient : « Il avait un contact facile avec les jeunes. On le voyait un peu comme un professeur. C’était très pratique. Les thèmes abordés venaient répondre à des interrogations, mais pas forcément des interrogations formulées. C’était plutôt un ressenti. On était assez d’accord avec ce qui nous était expliqué, c’est quelque chose qu’on pouvait partager entre nous, et rien que ça, en fait, quand t’es gamin, t’es content », explique-t-il, se rappelant par-dessus tout la bonne entente avec ses camarades de stage, donnant naissance à des amitiés qui sont toujours présentes. « Nous parlions des émotions. On a médité. Je me souviens encore des mots de Jigmé Rinpoché : “la méditation, c’est ici et maintenant”. »
Fort de cette première expérience, Sylvestre est revenu à un deuxième stage adolescents en 1994, puis à des enseignements de façon régulière, notamment avec lama Guendune. « La bascule s’est faite en 1995. J’avais 17 ans et je me disais ‘’oui, j’ai envie d’atteindre l’éveil’’ ». Il s’installe à Dhagpo en 1997 avant de faire une première retraite de trois ans, à 19 ans, en 2001, suivi d’une deuxième. « Je vois pour la retraite de trois ans que c’était basé sur de la confiance et sur l’énergie de la jeunesse », dit-il avec humour.
En 2014, les stages sont inscrits auprès du ministère de la jeunesse et des sports. Accompagnée par Jigmé Rinpoché, une équipe composée de Miro T., Manou C., David C., Olivier C., Virginie L. encadre les stages. La démarche reste la même : gagner en clarté, explorer sa richesse intérieure et trouver des clefs pour mieux réussir sa vie.
Une évolution des stages ados sous la direction de Jigmé Rinpoché est en préparation pour l’automne 2025. À suivre…
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
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