Trônant au cœur de la salle d’enseignement, il est devenu incontournable depuis près de trois ans. Mais connaissez-vous la genèse du Bouddha de l’Institut ? Découvrez dans cet article l’étape 2 : les ateliers mantras et la préparation du remplissage de la statue.

Pour être un véritable support de pratique, une statue d’autel doit, d’une part, être remplie de rouleaux de mantras ainsi que de diverses substances et, d’autre part, être consacrée. S’il existe différentes façons de remplir un support de pratique, depuis la version simplifiée jusqu’à la plus extensive, il est évident que le remplissage d’une statue de cette envergure ne se fait pas en un jour !

"(...) l’atelier mantras de Kundreul Ling s’est donc penché sur la confection des rouleaux de mantras pour le Bouddha de l’Institut."

À la demande de lama Jigmé Rinpoché, l’atelier mantras de Kundreul Ling s’est donc penché sur la confection des rouleaux de mantras pour le Bouddha de l’Institut dès 2013. Cet atelier, habituellement composé de monastiques, a été ouvert aux pratiquants laïques ; il gère aussi bien le remplissage des petites statues envoyées par les particuliers que celui de supports plus conséquents, comme les statues destinées aux autels du grand temple du Bost (pour en savoir plus sur la confection des rouleaux de mantras et sur la vocation de l’atelier, c’est par ici !). Pendant un an, cette activité s’est donc poursuivie sous forme de petites retraites que venaient faire les pratiquants de tous horizons pour prêter main forte à Kunzang Namgyal, Ouangtchouk et Tashi, les monastiques en charge de cette importante (et longue) tâche. En 2014, il est néanmoins apparu évident que l’activité, pourtant assidue, de l’atelier mantras de Kundreul Ling ne suffirait pas à créer l’ensemble des rouleaux de mantras à temps ; il fallait trouver des renforts. C’est pourquoi un petit atelier éphémère tenu par des bénévoles, notamment de l’association Landrevillage, s’est établi dans la bibliothèque de Dhagpo. Danièle, qui avait déjà roulé des mantras à Dedrol Ling et à Kundreul Ling, a eu l’occasion de guider cet atelier. Elle confie avoir abordé cette activité avec joie et l’avoir considérée comme une méditation ; bien au-delà de l’aspect formel de cette pratique, elle remarque surtout l’influence positive que cela a eu sur son quotidien de pratiquante. Au terme de ce minutieux travail mené en parallèle par les deux ateliers, ce sont environ 250 kg de rouleaux de diverses tailles, comportant 120 mantras différents, qui ont été rassemblés !

"(...) cette activité s’est donc poursuivie sous forme de petites retraites que venaient faire les pratiquants (...)."

Outre l’élaboration des rouleaux de mantras, l’atelier s’est aussi chargé de préparer l’intérieur de la statue, de manière à la rendre parfaitement hermétique et donc protégée des insectes. Il a également été nécessaire de rassembler diverses substances : des feuilles de l’arbre de la bodhi (le fait qu’elles soient citées en premier dans les soutras indique qu’elles sont les plus importantes), des substances médicinales, certains types de nourriture, des bijoux et autres pierres semi-précieuses offerts par les pratiquants, etc. De nombreuses reliques sont venues compléter cet ensemble d’éléments destinés à remplir la statue. Comme l’a expliqué Khenpo Chödrak Rinpoché, le terme tibétain pour « relique », ring sel, indique « une très grande valeur, si grande qu’elle est au-delà de tout prix ». À ce titre, on peut dire que le Bouddha de l’Institut s’est paré d’une richesse incommensurable – on ne parle pas ici d’une quelconque valeur financière, mais bien évidemment de valeur spirituelle.

"(...) l’atelier s’est aussi chargé de préparer l’intérieur de la statue, de manière à la rendre parfaitement hermétique (...)."

En plus des reliques de maîtres karma kagyü (tel le XVIkarmapa Rangjung Rigpé Dorjé), celles de maîtres de toutes les lignées du bouddhisme tibétain ayant donné des transmissions karma kagyü (Dilgo Khyentsé Rinpoché, par exemple) ont été réunies. Parmi ces reliques, on trouve également des pilules et du riz consacrés, des fragments d’une statue de Tsurpu (le monastère des karmapas au Tibet) et des pièces de tissu qui paraient la statue du Jokhang à Lhassa, ou encore des reliques qui se trouvaient dans une très ancienne statue datant de 1640 que possédait Kunzig Shamar Rinpoché. Les reliques ont été placées au niveau du cœur et de la tête de la statue. Dans la tête, on trouve plus particulièrement de la terre issue de différents lieux sacrés (comme le mont Kailash au Tibet) ainsi que de l’encre provenant de l’imprimerie de Dergé, au Kham, réservée à l’impression du Kangyur et du Tengyur. Notons que certaines de ces reliques ont été apportées par lama Jigmé Rinpoché et d’autres par Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIGyalwa Karmapa en personne ! (1)

"(...) pour que la statue soit complète, on se devait de lui préparer un sokshing – terme tibétain que l’on peut traduire par « bois de vie »."

Enfin, pour que la statue soit complète, on se devait de lui préparer un sokshing – terme tibétain que l’on peut traduire par « bois de vie ». Ce grand morceau de bois, sculpté par Alain Moussu dans le tronc d’un merisier des environs du Bost, et qui a ensuite permis la création d’autres sokshings, a la forme d’un obélisque dont la base est un demi-dorjé et la pointe un stoupa. Le tout est peint en rouge et doré, paré de textes tibétains (des mantras, par exemple) et agrémenté de pilules bénies offertes par lama Jigmé Rinpoché. Ce sokshing est ensuite placé à l’intérieur de la statue, à la manière d’une colonne vertébrale, au moment du remplissage.

De l’atelier mantras au remplissage, la totalité de ce travail considérable a pris près de deux ans et mobilisé de nombreuses personnes.

Merci à Danièle, Loïc et Tashi de l’atelier mantras de Kundreul Ling pour leur contribution à la préparation de cet article !

(1) Le 8 mai 2016, à l’occasion d’un enseignement donné pendant une retraite d’étude et de méditation, lama Jigmé Rinpoché a révélé que la statue de l’Institut contenait également une relique extrêmement rare : elle provient en effet de Kashyapa, le bouddha qui, il y a très longtemps, a précédé « notre » bouddha historique Shakyamouni ! Estimant qu’il était bien de connaître cette information, lama Jigmé Rinpoché a expliqué que cette relique lui avait été donnée par le XVIkarmapa, alors qu’il était enfant et résidait encore à Tsurpu. Il a par ailleurs précisé que l’authenticité de cette relique était attestée de source très sûre.


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