Avec la consécration du stoupa de l’Éveil, autrefois appelé stoupa de l’Illumination, Dhagpo Kagyu Ling accueille son tout premier support d’offrande et d’accumulation de vertu, qui est la manifestation même de l’esprit du Bouddha.
Le stoupa est ainsi nommé « stoupa de l’Éveil », car il fut construit sous cette forme pour la première fois en Inde afin de commémorer l’éveil du Bouddha Shakyamuni. Sa forme symbolise toutes les qualités des bouddhas.
Lors de sa consécration, au cours de laquelle d’abondantes offrandes de lumière et de nourriture avaient été faites, lama Guendune, s’adressant à tous ceux réunis pour l’occasion, leur dit alors ceci :
C’est un jour particulièrement favorable, toutes les prières de souhaits que l’on exprimera aujourd’hui auront une puissance particulière. S’il vous manque des idées, vous pouvez exprimer le souhait de développer une compassion aussi vaste que celle de Chenrezik, une sagesse aussi vaste que celle de Manjushri et une puissance dans l’activité pour le bien de tous les êtres égale à celle de Vajrapani. »
La journée commence avec la puja de Dorjé Sempa devant le stoupa. Comme le rapporte un article dans la revue Tendrel n° 32 (septembre 1993) : « La consécration du stoupa se déroulait calmement sous un soleil éclatant quand soudain Rinpoché, qui lançait du riz, laissa, dans son geste d’offrande, échapper son dorjé qui partit dans un éclat d’or et s’éleva dans les airs pour retomber quelques mètres plus loin, derrière lui ! » (Une image illustre ce moment dans l’album photo). L’après-midi se poursuit avec une accumulation de tsok, au cours de laquelle Rinpoché remet une kata à ceux qui avaient construit le stoupa. Le rituel de Mahakala clôture la journée.
Un documentaire montre toutes les étapes de la construction du stoupa depuis la structure elle-même jusqu’aux rituels pour consacrer, à chaque étape, toutes les substances à l’intérieur. « Lama Guendune a demandé qu’il y ait un stoupa de la paix ici » se souvient Yves Clément, l’un des bâtisseurs du stoupa, résident à Dhagpo depuis 1976, spécialisé dans les charpentes et menuiseries. Lama Guendune en a choisi l’emplacement exactement à l’endroit où, peu de temps avant, un sourcier, consulté afin de trouver une source qui pourrait être exploitée pour l’approvisionnement en eau des résidents, avait identifié un croisement de deux rivières. Fini donc le plan de forage et place aux gros blocs de béton sur lesquels est posé le stoupa, dont la construction a duré près de deux ans.
En concertation avec lama Jigmé Rinpoché, Guendune Rinpoché et lama Zimpenla, les plans furent mis au point sur le même modèle que le stoupa à Dhagpo Kundreul Ling, par Nicolas Henry, qui avait effectué la première retraite traditionnelle de trois ans.
Chaque élément, de la base au sommet, a une portée symbolique et spirituelle ainsi qu’une histoire propre. « Il n’y a pas un centimètre à l’intérieur, explique Yves, qui ne soit rempli de rouleaux de mantras, de tsatsas, de reliques du Bouddha et des Karmapas, et d’un grand mandala dessiné ici. » Le sokshing ou « arbre de vie » placé au centre, à la manière d’une colonne vertébrale, a aussi son histoire. Par l’intermédiaire de pratiquants à Dhagpo, « on est allé dans les Pyrénées, continue-t-il, auprès de quelqu’un qui avait un grand pré entouré de centaines de cyprès. Lama Guendune et lama Zimpenla nous avaient dit de couper un cyprès qui devait être situé dans la direction de l’est. C’est précis, c’est une vraie science, rien n’est fait au hasard ! On l’a rapporté dans notre camion et taillé sur place pour en faire un obélisque d’environ 2 m 50 avec un double dorjé peint à une extrémité. » Des trous y sont percés pour créer des petites niches qui abritent des reliques de grands maîtres, le plus souvent rapportées par Jigmé Rinpoché, puis le tout est placé dans un gros tube de protection.
Des artisans spécialisés ont travaillé sur différentes parties du stoupa : un dinandier installé dans la région a taillé toutes les parties en cuivre en haut du stoupa, avec des éléments dessinés par Max, en lien avec les lamas. Une coutellerie près de Thiers a conçu des bacs spéciaux pour appliquer l’or et l’argent par électrolyse sur l’ombrelle, la lune et le soleil. Quant à la statue du Bouddha, elle a été rapportée du Népal par Jigmé Rinpoché. Au fur et à mesure de la construction, des personnes faisaient des dons.
Plus on progresse vers le haut du stoupa, dont l’intérieur est creux, contenant des coffrages en bois et un grand moule en forme de coque de bateau, plus les substances qu’il contient sont sacrées. Yves se souvient de la dernière étape de remplissage qui revenait à lama Thoubten, spécialiste en la matière, originaire de Tsurphu (Tibet) et ayant accompli une retraite traditionnelle de trois ans à Rumtek : « On était deux sur le stoupa et on passait des choses à Lama pour le remplissage, mais c’était profond alors on le tenait pour qu’il ne tombe pas au fond. On a posé les deux gros vases remplis sur le bord du stoupa quand j’ai vu un énorme nuage noir arriver. Je me suis dit qu’il faudrait bâcher. Il y a eu un grand coup de vent et le deuxième vase s’est étalé. Lama en avait prévu un autre qu’il est allé chercher. Ça a duré cinq minutes. On ne sait pas ce qui s’est passé. »
La présence d’un stoupa est une bénédiction. Comme l’explique Guendune Rinpoché :
« Avant de disparaître physiquement, le Bouddha Shakyamuni a donné en personne des instructions relatives à l’édification des stoupas, car sans stoupas, il n’y a pas d’accumulation de mérite et sans accumulation de mérite, il n’y a pas de libération possible. Un stoupa produit tous les bienfaits relatifs aussi bien qu’ultimes. Il dissipe les influences négatives, protège des maladies, des guerres, des famines, des conflits, accroît tout ce qui est positif dans le monde, augmente les récoltes, protège la vie, apporte l’harmonie. Ce support représente la pureté et la puissance de purification de tous les vainqueurs. Le voir et le toucher équivaut à une initiation. Au Tibet, et particulièrement au Kham, les gens n’avaient souvent pas la possibilité matérielle, physique, d’aller recevoir une initiation, c’est pourquoi il existait tant de stoupas dans cette contrée. Toute la transmission des stoupas au Tibet remonte à Atisha après que le roi indien Lang Dharma avait détruit tous les stoupas qui avaient été édifiés sous l’égide de Gourou Rinpoché. Le seigneur Atisha a rétabli partout cette tradition. Je me réjouis que celle-ci passe en occident. »
Dhagpo Kagyu Ling accueille aujourd’hui dans le Jardin de Sukhavati le grand stoupa de Shamar Rinpoché ainsi que huit stoupas évoquant huit étapes de la vie du Bouddha Shakyamuni, et également les stoupas en hommage à Guendune Rinpoché et à lama Purtséla.
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
Événement
Pour marquer cet événement, le 8 mars, en présence de lama Jigmé Rinpoché, nous nous réunirons pour effectuer la pratique du Gourou Yoga du XVIe Karmapa dans l’Institut, et accomplir des récitations et offrandes autour du stupa.
Les pratiques seront transmises aussi en ligne.
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