Extrait du Tendrel 05, Janvier 1984
Aisés à expliquer, mais très difficiles à réaliser.
Les Sept points de l’entraînement de l’esprit sont au cœur de l’enseignement des soutras et des tantras dans la tradition du mahayana : ce sont les moyens habiles à mettre en pratique. Le texte fut composé par le sage indien Atisha, puis introduit au Tibet où il se répandit largement et devint l’instruction essentielle pratiquée par tous les lamas. Quelle que soit notre pratique, l’entraînement de l’esprit comprend des conseils qui permettront de l’approfondir toujours davantage. Que nous méditions selon la tradition du mahamudra ou celle du dzokchen 1, ou sur des yidams tels que Dorjé Pakmo ou Korlo Demchok – en fait toute pratique tantrique de quelque tantra que ce soit (charya, kriya, yoga ou anuttarayoga) –, notre pratique n’a pas de sens sans l’entraînement de l’esprit. Cet entraînement de l’esprit est essentiel lors d’une pratique tantrique, puisqu’il assure la levée des obstacles le long du chemin.
Quels sont les sept points ?
I. Les préliminaires
Cela signifie réfléchir sur les quatre pensées qui tournent l’esprit vers l’éveil. Il n’est pas nécessaire de développer ce point, puisque vous êtes probablement déjà familiarisés avec ces quatre pensées.
II. L’entraînement aux deux bodhichittas
Les deux bodhichittas sont ultime pour l’une et relative pour l’autre. Elles représentent l’union de la sagesse et des moyens habiles.
1. Bodhichitta ultime
Pour la développer, on doit méditer. La méditation elle-même comporte trois phases : l’introduction, le corps de la pratique et la post-méditation.
1.1. L’Introduction
Songez d’abord que vous êtes vraiment en présence de votre lama ou de votre divinité de méditation. Si vous êtes dans un temple, il y aura des statues de bouddhas sur l’autel devant vous. Pensez que tous les bouddhas et bodhisattvas apparaissent en face de vous et offrez-leur une prière à sept branches 2. Ensuite redressez le corps et installez-vous dans la posture en sept points 3. Laissez votre esprit se poser sur le mouvement de la respiration pendant vingt et une respirations complètes, pour le calmer et le stabiliser.
1.2. Le corps de la pratique
Pensez que tous les événements de la manifestation et les mouvements de l’esprit sont illusoires ou de la nature du rêve, irréels et erronés. Par exemple, quand vous êtes endormis, votre rêve vous semble vrai, mais il est complètement irréel : s’il était réel, alors il aurait réellement lieu. De la même façon, notre monde et la grande diversité d’êtres qui le peuplent procèdent dans tous leurs aspects de la manifestation illusoire de l’esprit. Tant que l’illusion est présente, elle est « réelle », mais en essence elle est irréelle, tout comme le rêve. Considérez ainsi tous les phénomènes comme étant sans signification, semblables au rêve et, pendant un moment, laissez votre esprit reposer dans cette perspective.
Il peut arriver que vous vous demandiez : « L’esprit lui-même est-il réel ou ne l’est-il pas ? » C’est votre propre expérience qui vous conduira à reconnaître ce qu’il en est. Il faut que vous méditiez sur l’esprit et que vous vous posiez les questions suivantes : « Quelle est sa couleur ? Quelle est sa forme ? D’où vient-il ? Quel est son but ? Est-il intérieur ou extérieur au corps ? Que se passe-t-il quand il expérimente la chaleur ou le froid ? Etc. » Réfléchissez en ce sens. Il se peut que vous en arriviez à la conclusion que l’esprit défie toute détermination : ceci est l’essence de l’esprit et on doit méditer sur ce point.
Dès qu’une pensée s’élève, regardez-la directement et posez-vous la question : « Quelle est sa véritable nature ? » Demeurez dans la compréhension qu’ « elle n’est rien ». II est dit que toutes les pensées demeurent dans l’alaya. L’alaya est l’esprit non-conscient. Le penseur est le mental confus, celui qui court après les sons, les formes, les odeurs, les goûts et les sensations tactiles. L’esprit devient visible quand on demeure dans un état où on ne court plus après quelque chose. Par exemple, quand on a du travail à faire, l’esprit suit cette idée et pense : « Que vais-je faire à manger aujourd’hui ? » ou « Vais-je faire du ménage ? » Quand l’esprit ne poursuit pas de telles pensées, c’est l’alaya. Le corps de la pratique consiste à demeurer dans cette sorte de méditation aussi longtemps que possible. En fait, c’est une méditation semblable à celle de la voie du mahamudra.
1.3. Post-méditation
Dans votre vie quotidienne, exercez-vous à reconnaître toute chose comme illusoire et irréelle.
2. Bodhichitta relative
L’entraînement à cet aspect de la bodhichitta consiste en tonglen (donner et prendre). C’est une pratique très importante, car elle permet de purifier nos obscurcissements et d’approfondir notre capacité d’absorption méditative. Nous devons nous accoutumer à pratiquer l’échange de soi avec les autres. Par là, nous tranchons entièrement, à la racine, la saisie de l’ego. En premier lieu, on réfléchit sur les défectuosités de la fixation égoïste. C’est à cause de la saisie égoïste que nous faisons l’expérience des cinq émotions perturbatrices. À partir du moment où il y a “je”, nous nous mettons à aimer et à détester. Nous nous attachons à ce que nous aimons et nous rejetons ce que nous n’aimons pas. Cette interaction dualiste est le cœur de tous nos problèmes et continuera à en créer si nous ne mettons pas fin à la saisie de l’ego.
L’étape suivante consiste à s’exercer à pratiquer la compassion envers les autres. Nous pouvons commencer par nous prendre nous-mêmes comme sujet de réflexion. Que ressentons-nous quand nous avons chaud, froid, faim, soif ou quand nous sommes malades ? C’est la même souffrance que tous les êtres vivants éprouvent. Quand nous développons la compassion, qu’elle soit aussi dirigée vers les animaux, pas uniquement vers les humains. Les animaux souffrent en effet beaucoup plus que les êtres humains, principalement du fait de leurs propres incapacités. Certaines souffrances proviennent des humains. Les poissons sont parfaitement heureux dans l’eau, sans nuire aucunement à l’homme. Cependant, pour le plaisir, l’homme les prend à l’hameçon et les laisse mourir sur le sable. Que ressentirions-nous si on nous faisait la même chose ? Si quelqu’un meurt de faim et a besoin de poisson pour se nourrir, il y a une raison à son action – celle-ci reste négative, mais excusable. Récemment, je suis allé me reposer au bord de la mer. Tous les gens y étaient bien habillés et loin de mourir de faim, pourtant c’était pour eux une source d’amusement que de ferrer des poissons, de les jeter sur le sable et de les piétiner jusqu’à ce qu’ils meurent.
Pensez aussi aux homards, à la façon dont ils sont plongés vivants dans l’eau bouillante dans les restaurants. Que ressentirions-nous si nous étions un homard ? C’est par de telles réflexions que l’on développe la compassion. Le chagrin éprouvé au souvenir du nombre de personnes tuées dans les deux guerres mondiales est de la compassion, mais celle-ci doit être étendue aux animaux également. On les tue chaque jour et chaque nuit. La compassion envers les humains uniquement n’est pas une compassion véritable, mais une forme d’attachement.
Sur quoi devons-nous réfléchir quand nous pratiquons le don et la prise en charge ? Nous devons nous poser la question de ce qui se passerait si nous expérimentions personnellement toute la souffrance de tous les êtres vivants. Cette réflexion doit être pratiquée dans une disposition d’esprit détendue, sans commettre l’erreur de penser : « Oh, je vais peut-être connaître effectivement cette souffrance ! » et se laisser gagner par l’anxiété. Il n’est pas nécessaire d’éprouver de la souffrance, il suffit d’y réfléchir. Ainsi, notre attitude s’améliorera. Pour l’instant, nos esprits sont confus et obtus, faisant de nous la proie de l’orgueil. Cet orgueil doit être dominé et la façon d’y parvenir est de penser à la souffrance des autres.
La souffrance émotionnelle fait également partie de l’expérience de tous les êtres vivants. De nos jours, nombreux sont ceux qui souffrent de troubles mentaux causés par l’activité des émotions : orgueil, colère, jalousie, désir et ignorance. En outre, ces émotions conditionnent le monde que nous expérimentons. De quelle manière ? Le monde où nous vivons n’est rien d’autre que l’apparence illusoire de notre esprit confus. Cette apparence est produite par notre karma. Comment le karma est-il créé ? Par le mouvement des émotions dans l’esprit. Lorsqu’on développe la bodhichitta, on crée une manifestation illusoire qui est positive. Par exemple, lorsqu’on est dans les enfers, on peut s’éveiller de cet état et naître parmi les êtres humains. Tous les êtres humains connaissent les émotions de l’orgueil, du désir, de la colère, etc. et, à travers elles, accumulent un karma négatif illimité ; l’être soumis à ces émotions devra donc expérimenter dans le futur une condition négative, forme sous laquelle se manifestera la maturation de ses actes. Il est donc nécessaire de développer la compassion à l’égard de tous les êtres.
L’enfer n’est pas un lieu. Il en existe de nombreuses sortes. Le mot tibétain pour enfer signifie simplement « souffrance » ; l’enfer est « un monde de souffrance ». Les autres mondes manifestés sont des endroits où bonheur et souffrance alternent, comme notre monde par exemple. Il existe aussi des mondes qui ne connaissent que le bonheur : ils sont le produit d’êtres au karma complètement positif. Ne croyez pas que ces mondes purs, tels Dewachen, soient imaginaires comparés à notre monde « réel » ; c’est la même chose.
Ainsi, pratiquer le don et la prise en charge, c’est penser à toute la souffrance de toutes les formes d’êtres vivants. Pour vous familiariser avec cette pratique de la compassion, vous pouvez utiliser une autre méthode en vous concentrant sur votre respiration. Cette méthode a deux avantages : votre pratique du calme de l’esprit va s’améliorer et votre compassion s’accroître. Pour cela, asseyez-vous dans la même posture que précédemment et laissez votre attention se poser sur votre respiration. Quand vous expirez, pensez que vous envoyez votre bonheur à tous les êtres vivants et qu’il les pénètre. Quand vous inspirez, prenez en vous leur souffrance. Faites cela aussi longtemps que vous le pouvez. Lorsque vous éprouvez une souffrance mentale à penser ainsi à la souffrance d’autrui, utilisez la pratique de la bodhichitta ultime que vous avez apprise auparavant : regardez directement cette idée que la souffrance des autres vous pénètre et réalisez que cette pensée n’a pas d’existence réelle. Vous entrez alors dans la méditation de la bodhichitta ultime. Développer alternativement la bodhichitta ultime et la bodhichitta relative comporte des bienfaits sans limites.
Tel est le corps de la pratique. Ensuite, dans notre activité quotidienne, il faut nous rappeler ceci : « Puissent tous les êtres vivants être affranchis de toutes les émotions perturbatrices sous toutes leurs formes. Puisse la souffrance issue de l’activité basée sur ces émotions mûrir en moi plutôt qu’en eux. »
III. Transformer toutes les circonstances adverses en chemin d’éveil
Cela consiste à prendre conscience de ce qu’est le karma, la loi de cause à effet (bodhichitta relative), et à utiliser ces obstacles comme objet de méditation, de la même façon que vous l’avez fait avec les pensées de l’esprit (bodhichitta ultime) ; vous pouvez ainsi transformer toutes les circonstances négatives en quelque chose de positif.
Engendrez la bodhichitta relative quand vous rencontrez des difficultés. Tout d’abord, reconnaissez que celles-ci ne sont pas causées par la faute d’autrui mais qu’elles sont créées par votre propre ego. Si vous êtes sans attachement à l’ego, alors aucune difficulté ne peut avoir de mauvais résultats pour vous. Lorsqu’apparaissent des problèmes physiques tels que des maladies, ou lorsque quelqu’un essaie de vous nuire, reconnaissez que tout ceci a été créé par votre propre karma, et qu’en le laissant arriver à maturité dans cette vie, vous n’aurez pas à expérimenter par la suite un plus grand fruit karmique. Cette transformation, s’appuyant sur une solide pratique de la bodhichitta, permet à tout le karma négatif de s’épuiser en supportant de petits désagréments dans cette vie. Par exemple, juste avant d’atteindre l’illumination, un arhat souffre souvent de maux de tête ou d’estomac. En effet, le pouvoir de sa méditation transforme complètement le mauvais fruit de son karma négatif antérieur en petits ennuis qui y mettent fin.
Si vous pratiquez le don et la prise en charge chaque fois que vous avez des difficultés, en pensant que les souffrances des autres se dissolvent dans vos propres expériences, cette activité basée sur une bonne intention peut réellement les purifier. Ce type de motivation pure crée une énergie qui est même plus grande que celle de l’arhat. La transformation basée sur la bodhichitta ultime suppose d’utiliser la réalisation que vous avez obtenue en appliquant la bodhichitta ultime face à vos difficultés. Chaque fois que celles-ci apparaissent, essayez de reconnaître que leur essence n’est pas liée aux pensées qu’elles engendrent. Essayez de réaliser que l’essence de la souffrance est complètement indépendante de la sensation de souffrance.
- Une autre méthode spécifique pour transformer toutes les conditions adverses en chemin d’éveil comporte quatre étapes.
- Chaque fois que vous êtes confrontés à des difficultés, réalisez qu’elles sont produites par le karma négatif que vous avez créé auparavant. Ceci vous poussera à accumuler davantage de karma positif.
- Eprouver de la souffrance vous fait reconnaître la nécessité de purifier votre karma négatif, sinon il y en aura davantage dans le futur. La vie humaine est plus précieuse que les autres formes de vie, aussi quand vous rencontrez des difficultés même dans cette vie favorable, cela signifie que vous en aurez encore plus dans le futur si vos actions négatives ne sont pas purifiées. Vous devez faire des pratiques de purification comme celle de Dorjé Sempa.
- Adressez une fervente prière à tous les bouddhas pour recevoir leur bénédiction et être capables de faire mûrir tout le karma négatif de tous les êtres vivants face à leurs difficultés.
- Chaque jour, pratiquez en récitant la prière : « Puisse toute la souffrance des êtres vivants venir en moi. » N’hésitez pas à vous charger de la souffrance des autres. Habituez-vous à cela.
IV. La pratique de l’entraînement de l’esprit condensée en les cinq forces
- Promettez très fermement de vous conformer à la bodhichitta jusqu’à l’éveil.
- Entraînez-vous à la bodhichitta en toute occasion.
- Puisque le plus grand obstacle à la bodhichitta est la saisie égoïste, dès que vous rencontrez cette dernière, reconnaissez-la et combattez-la jusqu’à la destruction.
- Priez pour réussir à développer la bodhichitta, et pensez et repensez à la souffrance des autres pour développer la compassion ; ainsi, la compassion apparaîtra automatiquement.
- Neutralisez l’influence de l’ego et développez la bodhichitta.
V. Mesure de l’entraînement de l’esprit
Dans votre activité quotidienne, soyez attentifs aux inconvénients de la saisie de l’ego et à la nécessité de pratiquer la compassion envers tous les êtres vivants. Quand vous méditez, examinez la façon dont les schémas de la pensée émotionnelle s’élèvent dans votre esprit, regardez leur essence et dissolvez-les dans la vacuité de leur réalité essentielle. Usez de ces deux méthodes alternativement, comme des moyens habiles et de la sagesse. Vous connaîtrez par vous-mêmes la mesure de l’entraînement de votre esprit. En vous examinant, vous direz : « Oui, un peu d’orgueil ». Si, par exemple, quelqu’un vous dit quelque chose de désagréable et que vous ne vous mettez pas en colère, ou si l’on fait votre éloge et que vous ne ressentez pas de vanité, c’est le signe d’une bonne pratique de l’entraînement de l’esprit. Continuez jusqu’à ce qu’il en soit ainsi. Quels sont les avantages d’une bonne maîtrise de l’entraînement de l’esprit ? Chaque fois que les émotions s’élèveront, vous les dompterez, et ainsi vous ne tomberez plus dans l’existence cyclique et deviendrez libres. Vous ne serez plus la victime des imperfections du samsara ou des émotions négatives, vous ne serez plus entravés par les obstacles qui vous empêchent de progresser vers l’illumination.
Quand un serpent se fait un nœud, il peut se désenrouler par lui-même. De la même façon, dès qu’une émotion s’élève, vous saurez aussitôt vous en libérer par vous-mêmes. L’esprit est alors vraiment heureux, car ni les inconvénients provenant des émotions perturbatrices, ni la souffrance qu’elles causent ne peuvent jamais lui nuire. Lorsque cette attitude est produite naturellement, c’est le signe de la réussite de l’entraînement de l’esprit. L’esprit est continuellement paisible, calme et heureux. Ce n’est pas un état produit par quelque chose, mais un bonheur naturel et spontané qui ne connaît aucune souffrance. Telle est la vraie mesure de l’entraînement de l’esprit.
VI. Engagements de l’entraînement de l’esprit
L’engagement représente ce à quoi vous devez vous exercer dans votre vie quotidienne jusqu’à ce que votre personnalité en soit complètement imprégnée. En général, cela signifie convertir vos aspirations. Au moment où nous aspirons à quelque chose de fondamentalement négatif, nous devons nous exhorter : « Je dois m’améliorer ». Quand cette transformation s’est opérée, nous pouvons traiter avec la souffrance d’autrui. Une fois que l’esprit est fermement établi en la pratique, il n’est pas nécessaire d’en faire la preuve : les actions de notre corps et de notre parole doivent peu à peu devenir bénéfiques pour les autres. Ne vous mettez pas en valeur, ne soyez pas en démonstration, abandonnez l’espoir d’être reconnus par les autres.
- « Ne critique pas les fautes d’autrui en ignorant les tiennes. »
- « Examine ton propre esprit et utilise l’émotion la plus forte comme matériau de l’entraînement de l’esprit. »
- « Ne pratique pas l’entraînement de l’esprit pour être un célèbre bodhisattva, siddha, bouddha. Cette motivation est impure ; tu deviendras un pur bodhisattva. »
- « Quand on t’a blessé, n’aie pas de ressentiment. »
- « N’utilise pas de moyens détournés pour prendre l’avantage sur les autres. Si, par exemple, un groupe possède des biens, n’use pas de moyens et voies divers pour te les approprier. »
Tels sont les engagements de l’entraînement de l’esprit. Observer ces engagements n’est pas la même chose qu’observer une loi. Il faudrait plutôt dire qu’aller à leur encontre, c’est aller à l’encontre du sens de la pratique de l’entraînement de l’esprit – la pratique en est souillée. L’essence de chaque engagement est d’être une aide pour développer l’entraînement de l’esprit, afin que l’on ne transgresse plus l’entraînement lui-même.
II est aisé de s’en rendre compte par soi-même. Par exemple, il est dit : « Ne pratique pas l’entraînement de l’esprit pour ton propre accroissement ou pour gagner le respect des autres. » Si on agissait ainsi, n’irait-on pas à l’encontre du véritable sens de la pratique de l’entraînement de l’esprit ? Oui, bien sûr. Il découle de l’engagement de l’éviter.
VII. Les préceptes de l’entraînement de l’esprit
On doit réfléchir à l’importance du bienfait pour autrui et développer une motivation qui jaillisse spontanément.
Tous les problèmes de tous les êtres vivants dans tout l’univers ont été créés par eux-mêmes. Ils sont le résultat de leur fixation égoïste et de leurs émotions. Développez la compassion pour tous ces êtres.
Soyez toujours conscients que tous les plaisirs sensoriels et le confort matériel sont illusoires et de la nature du rêve, dénués de sens et impermanents. Réalisez que s’y attacher si peu que ce soit est néfaste.
Quelles que soient les idées ou émotions négatives qui s’élèvent dans votre esprit, commencez par en être conscients dès leur apparition, puis soyez capables de les abandonner. Enfin, neutralisez-les si elles apparaissent de nouveau.
Réjouissez-vous de la nécessité de vous entraîner à la vertu. Soyez heureux de pratiquer des actions vertueuses et de créer les conditions qui favorisent l’accomplissement d’actions vertueuses. Vous savez maintenant comment utiliser cette précieuse existence humaine, alors ne pensez pas que la vie n’a pas de sens.
En bref, se réjouir chaque fois que quelque chose est bénéfique pour autrui et l’accomplir, et ressentir de la tristesse face à ce qui blesse autrui et l’abandonner, voilà le cœur de la pratique de l’entraînement de l’esprit.
Ces explications sont un condensé de la pratique de l’entraînement de l’esprit. Des commentaires plus élaborés existent, mais ceci en est l’essence. Que vous en obteniez ou non le fruit ne dépend pas d’une explication plus détaillée, mais de la pratique que vous en faites.
Notes du traducteur :
(1) Dzokchen : Grande Perfection. C’est une voie de méditation et de réalisation de la réalité ultime selon la tradition nyingmapa, l’équivalent du mahamudra dans la tradition kagyupa. [↑]
(2) Voir TENDREL n° 2. [↑]
(3) Voir TENDREL n° 4. [↑]