Le XVIIIe Chögyé Trichen Rinpoché transmet des enseignements majeurs à Karmapa à Dhagpo Kundreul Ling

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Le 6 avril 2000, Chögyé Trichen Rinpoché, l’un des maîtres sakyas les plus éminents du XXe siècle, est accueilli à Dhagpo Kundreul Ling afin de transmettre des enseignements à Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa, en retraite en ce lieu depuis le 6 février 2000. 

Shamarpa a veillé à ce que Karmapa reçoive non seulement l’intégralité des transmissions de pratiques associées à la lignée karma kagyü, mais il a aussi oeuvré pour qu’il reçoive celles associées à d’autres lignées du bouddhisme tibétain de la part des maîtres les plus éminents qui les détenaient, comme Son Éminence Chögyé Trichen Rinpoché, Tupten Lekshé Gyatso (1919-2007). 

Chögyé Trichen Rinpoché, l'un des maîtres sakyas les plus éminents du XXe siècle, transmis des enseignements à Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa, en présence de Mipham Chökyi Lodrö, Sa Sainteté le XIVe Künzik Shamarpa

Dix-huitième abbé du monastère de Nalendra au Tibet central avant de partir en exil en 1959, Chögyé Trichen Rinpoché construisit ensuite deux monastères majeurs au Népal : son siège principal à Lumbini et le temple Maitreya à Boudhanath. Il était l’un des rares détenteurs de nombreux enseignements sakyas et il se déplaçait constamment à travers les communautés tibétaines pour conférer transmissions et initiations. Unanimement reconnu et révéré, il a conféré initiations, instructions de pratique et enseignements aux maîtres les plus éminents de toutes les lignées. 

Il est âgé de 81 ans lorsqu’il se rend du Népal en France, à la requête de Shamarpa, afin de conférer à Karmapa pendant un mois la transmission des initiations du Druptap Küntü, la Collection de toutes les sadhanas. Dans sa biographie intitulée Lama of Lamas, Chogyé Trichen Rinpoché explique que le XVIe Karmapa lui avait un jour présenté le jeune XIVe Shamarpa en ces termes :

Voici mon neveu Shamarpa. Veuillez lui donner tous les enseignements qu’il requerra dans le futur. 

Le précédent Chögyé Trichen, Jampa Rinchen Khyentsé Wangpo (1869-1927) entretenait des liens proches avec le XVe Karmapa, Kakhyap Dorjé (1871-1922), de qui il reçut de nombreux enseignements sur le dzokchen. Chögyé Trichen Rinpoché expliquera d’ailleurs ce lien entre son monastère et les Karmapas, lors d’une interview effectuée à Dhagpo Kundreul Ling pendant son séjour :

Le lien qui existe entre mon monastère et le Gyalwa Karmapa ne date pas d’aujourd’hui. C’est pourquoi je suis particulièrement heureux de donner ces transmissions au XVIIe détenteur du nom. 

Chögyé Trichen Rinpoché était également un détenteur authentique du vinaya, notamment de ses disciplines monastiques. Lors de cette période de retraite, Karmapa reçoit également de lui les disciplines de moine novice ou getsül.

Interrogé à propos de ces transmissions, le Karmapa, alors âgé de 16 ans, explique : 

Généralement, les initiations, la transmission de la lecture rituelle et les instructions sont très importantes et, tout comme les précédents Karmapas, je dois recevoir toutes les transmissions. Dans le futur, il sera de ma responsabilité de donner ces transmissions à d’autres. 

Événement

Dhongtsang Shabdrung Rinpoché de l’école Sakya est réputé pour sa grande érudition. Son prédécesseur était le frère aîné du XVIe Karmapa, Rangjung Rigpé Dorjé. Alors qu’il sera à Dhagpo Kagyu Ling, il a accepté de nous parler de Chögyé Trichen Rinpoché. 

Plus d’informations suivront prochainement.

Cet événement aura lieu dans l’Insitut de Dhago Kagyu Ling. Il sera transmis en ligne et traduit en plusieurs langues.

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Présentation de la Collection de toutes les sadhanas et de la Collection de tous les tantras

L’entrée dans le vajrayana est marquée par l’initiation. Au fil des siècles au Tibet, de nombreuses lignées de maîtres à disciples se sont ainsi transmis des initiations, accompagnées d’instructions et de lectures rituelles (lungs), pour qu’une génération après l’autre, les disciples se relient à l’éveil et en actualisent le potentiel. Les divinités de méditation (yidams) étant très nombreuses et les traditions diverses et complexes, beaucoup de ces initiations ont été compilées, dans des collections d’œuvres complètes de maîtres individuels (sungbums) et dans des collections de traditions spécifiques. La fin du dix-neuvième siècle fut particulièrement riche en immenses collections de plusieurs milliers de pages rassemblant les rituels d’initiations, les méthodes de pratique (druptabs) et les instructions. Cette profusion s’explique par la raréfaction de certaines traditions à cette époque et la présence de maîtres à l’érudition et à la réalisation exceptionnelles.

Jamgön Kongtrül Lodrö Thayé (1813-1899) et Jamyang Khyentsé Wangpo (1820-1892), par exemple, ont fait partie du mouvement rimé (impartial), dont la vocation était de rassembler les enseignements venant des différentes lignées qui s’étaient implantées au Tibet. Pendant des années, ils ont parcouru le pays pour recevoir toutes les transmissions possibles, ils les ont pratiquées, les ont compilées et ont rédigé des manuels lorsque cela s’avérait nécessaire. Depuis cette période, ces collections occupent une place centrale dans la transmission de maître à disciple et la sauvegarde de ces méthodes de pratique vastes et complexes.

Le XVIIe Gyalwa Karmapa, en tant que détenteur de la lignée karma kagyü, a reçu, lors de sa formation, plusieurs de ces collections rassemblant la plupart des transmissions encore disponibles à notre époque, de la part de maîtres considérés comme particulièrement représentatifs de ces lignées. Nous nous intéressons dans cet article à deux collections compilées par deux maîtres de la lignée sakya, Jamyang Khyentsé Wangpo et son disciple Jamyang Loter Wangpo (1847–1914), et qui ont la particularité de rassembler des transmissions recouvrant l’ensemble des lignées tibétaines.

La première collection, le Gyudé Küntü, ou Collection de tous les tantras, contient 32 volumes avec 315 initiations et 25 commentaires. Elle comprend la transmission complète de 139 mandalas associés aux quatre classes de tantras et aux traditions sakya, gelug, kagyü, nyingma, bodong, jonang, zhijé, orgyen nyengyü et kalachakra. Un “mandala” est un monde éveillé associé à un yidam spécifique, entouré (ou non) de divinités d’entourage. Chaque mandala est généralement décrit dans un tantra, c’est-à-dire une source canonique enseignée par le Bouddha qui revêt diverses formes appelées sambhogakaya.

Par exemple, le Tantra de Hevajra (qui appartient à la quatrième et plus haute classe de tantra, le Niruttaratantra) contient l’enseignement donné par l’état de bouddha (le dharmakaya) sous la forme de Hevajra (le sambhogakaya). Ce texte canonique décrit deux mandalas principaux, Hevajra et Nairatmya, ainsi que plusieurs mandalas secondaires. Il existe au Tibet deux traditions spécifiques, celle de la lignée sakya et celle de la lignée de Marpa. Dans chacune de ces traditions, on trouve des rites initiatiques [UMO1] [CD2] et des sadhanas de chacune des deux divinités principales du Tantra de Hevajra et des divinités secondaires. Ces traditions contiennent des ressemblances issues du tantra et des sources indiennes, ainsi que des divergences, issues des sources indiennes et tibétaines, qui mettent l’accent sur telle ou telle perspective du tantra ou explicitent certains points qui ne sont pas explicités dans le tantra. Ces différences ont été systématisées dans les différentes lignées tibétaines et on trouve dans le Gyüdé Küntü ces différentes transmissions.

Le XVIIe Gyalwa Karmapa a reçu en 2003 la transmission des initiations du Gyudé Küntü du maître sakya Luding Khenchen Rinpoché (1931–2023). Luding Khen Rinpoché était l’abbé du monastère de Ngor, et le héritier de Jamyang Khyentsé Wangpo et de Loter Wangpo qui ont compilé cette collection. En tant que détenteur de la branche Ngor de la tradition sakya, il était la personne la plus appropriée pour transmettre ces initiations.

Une deuxième collection de 14 volumes compilée par Jamyang Khyentsé Wangpo à partir de 1840 et complétée par Jamgön Kongtrül Lodrö Thayé et Loter Wangpo, est le Druptab Küntü ou Collection de toutes les sadhanas. Le XVIIe Gyalwa Karmapa a reçu cette transmission en 2000, à Kundreul Ling, du maître sakya Chogyé Trichen Rinpoché (1920–2007), tête de la branche tsarpa de la tradition sakya. À titre d’exemple, lorsque Dzongsar Khyentsé a transmis cette collection en Inde en 2022, cela a pris un mois et demi.

Tout comme le Gyudé Küntü, qui est axé sur la préservation des textes tantriques eux-mêmes et leur transmission par l’initiation (les wangs), le Druptap Küntü contient tous les matériaux pour la pratique de nombreux yidams associés aux quatre classes de tantras et aux différentes traditions tibétaines, ce que l’on appelle les sadhanas (tib : druptaps), ou “méthodes d’accomplissement” et leurs rituels d’autorisation de pratique (les jenangs). Le Druptap Küntü contient plus de 1000 sadhanas et 700 autorisations. Pour la traduction de certaines de ces sadhanas, le lecteur pourra consulter la section du site de Lotsawahouse sur cette collection, ou la liste de tous les titres enregistrée préservée sur le site de la bibliothèque de Dhagpo Kagyü Ling.

Description des quatorze volumes de la Collection de toutes les sadhanas :

  1. Trois divinités blanches et divinités de longévité
  2. Protecteurs des trois familles et divinités de sagesse, dont Mañjuśrī et Sarasvatī
  3. Avalokiteśvara, Vajrapāṇi et Tārā
  4. Divinités de la plus haute classe de tantra, dont Cakrasaṃvara, Guhyasamāja et Tārā blanche
  5. Divers tathāgatas, les quatre divinités des kadampas, les six divinités de Vajrāsana, trois cycles de sādhanas secrètes de la lignée shangpa et des divinités du Kālacakratantra
  6. Trois divinités du Vajrapañjaratantra et divinités de purification
  7.  Mañjuśrī Ekavīra, divinités de pacification, d’enrichissement et de subjugation
  8. Divinités de subjugation et de richesse
  9. Divinités de richesse et protectrices
  10. Pratiques et rituels divers
  11. Pratiques diverses, dédicace et index
  12. Matériel supplémentaire, y compris des recueils de mantras et des divinités de longévité
  13. Matériel supplémentaire avec des divinités de longévité et Vajrakīla
  14. Pratiques associées aux 84 000 mahāsiddhas

50 ans au fil des mois…

congrégation karme dharma chakra

Reconnaissance officielle de congrégation Karme Dharma Chakra

8 janvier 1988