"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."
LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ
"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."
LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ
Retrouvez sur cette page des enseignements parus dans la revue "Tendrel" éditée par Dhagpo Kagyu Ling jusqu'en 2002.
Entretien avec Khempo Chodrak
Question: Quelle nécessité y a-t-il à rassembler des livres ?
Khempo Chödrak : Les études bouddhistes sont basées sur des écrits bouddhistes. Il en va de même pour la contemplation et la méditation. A chaque étape, on s'appuie sur des écrits différents qui développent le sujet. C'est pourquoi il est nécessaire de rassembler un grand nombre d'ouvrages. Si jamais on n'a pas accès aux écrits traitant du sujet qui nous intéresse, alors la pratique n'est pas possible. Cela signifie que, sans textes et sans bibliothèque, il n'est pas
possible de s'engager dans l'étude du bouddhisme, ni dans la contemplation ou la méditation. D'autre part, il s'agit de contribuer à la préservation de la doctrine du Bouddha pour un temps très long. Sans une bibliothèque qui regroupe un grand nombre d'ouvrages sur le sujet, il n'est pas possible de le faire. Il y a de nombreux enseignements donnés par le Bouddha Shakyamouni qui n'ont pas été écrits; c’est pourquoi nous n'y avons pas accès de nos jours. Il ne reste peut-être que quatorze à quinze pour cent de ce que le Bouddha Shakyamouni a enseigné sur le mahayana, parce que le restant n'a pas été couché sur le papier et a été perdu. Une autre raison en est que la bibliothèque de l'Université de Nalanda a pris feu. Ces deux éléments expliquent pourquoi nous ne possédons qu'une fraction de ce qu'a enseigné le Bouddha.
En ce qui concerne les tantras enseignés par le Bouddha, seule une fraction demeure accessible aujourd'hui. Cela est simplement dû au fait que cette fraction a été sauvegardée au Tibet et dans certaines régions associées au pays. Le reste n'a pas été écrit. Dans le passé, il y a eu de nombreuses discussions quant à savoir si le mantrayana secret est une tradition bouddhiste ou non. Il a été établi que c'est le cas. Cela a été possible simplement parce qu'on a retrouvé des manuscrits vieux de mille ans au Népal. Et ainsi la preuve a pu en être donnée. Donc, encore une fois, les écrits ont permis de prouver de telles assertions. Les écrits bouddhistes sont la force vive du bouddhisme. Sans écrits, la doctrine du Bouddha disparaît. C'est pourquoi il est si important d'établir une bibliothèque dans un centre du dharma.
Question: Pour rendre ces écrits vivants, il nous faut une transmission orale. Le livre doit-il être transmis oralement pour avoir de la valeur ?
Khempo Chödrak : Cela dépend de l'individu et de ses objectifs. S'il
souhaite acquérir une connaissance théorique quant au contenu, il peut le faire en lisant les ouvrages par lui-même, en supposant qu'il connaisse la langue. Toutefois, si le but est d'utiliser les instructions données dans les divers écrits comme base d'une pratique plus profonde, on a besoin de recevoir des explications venant d'un maître spirituel. On acquiert alors un savoir approfondi, qui n'est pas que théorique.
Question : Pourquoi est-il si important d'avoir le Kangyur et le Tengyur dans un lieu d'étude et de pratique ?
Khempo Chödrak : Le Kangyur regroupe les mots très précis utilisés par le Bouddha Shakyamouni. C'est pourquoi les lettres des mots qui sont écrits dans ces volumes portent en elles l'influence spirituelle du Bouddha Shakyamouni. Quant au 1èngyur, il est constitué d'écrits composés par divers maîtres indiens qui élucident l'enseignement du Bouddha. C'étaient tous des maîtres accomplis et donc, les lettres de leurs écrits portent aussi en elles une influence spirituelle. Si l'on considère alors l'influence spirituelle contenue dans les mots prononcés par cet être qu'est le Bouddha Shakyamouni (cet être regardé comme ayant atteint un niveau spirituel encore plus élevé que les bodhisattvas cités précédemment), on ne peut même pas imaginer tout le bienfait qu'il y a à conserver tous ces écrits. Les traités dans le Tengyur sont rédigés par des êtres qui ont atteint diverses terres de réalisation*. Donc, rien que le fait d'avoir de tels écrits à proximité est d'une grande bénédiction.
Par conséquent, quelqu'un qui lit ou qui étudie les mots du Bouddha en retirera de grands bienfaits quant à son développement sur le chemin spirituel. La transmission écrite du Kangyur est ininterrompue depuis le Bouddha Shakyamouni. Il n 'y a jamais eu d'interruption dans ces lignées. Il y a un traducteur tibétain qui a passé environ vingt et une années en Inde à rassembler les différentes transmissions de lectures rituelles de lignées, ce qu'on appelle les loungs. Il les a ramenées au Tibet. En fait, il a passé vingt et une années à les recevoir afin de pouvoir les préserver.
Question : Le khempo a dit que les textes expliquent la vacuité* de façon théorique et intellectuelle, mais que dans le processus même de l'étude des textes il se passe quelque chose d‘autre qui n 'a rien d'intellectuel. Qu'en est-il ?
Khempo Chödrak : A partir du moment où quelqu'un se considère comme un pratiquant du mahayana, il est fréquemment exposé à des enseignements sur la compassion. Il s'entend souvent dire qu'il est nécessaire de développer la compassion. Chandrakirti commence le madhyamikavatara* en expliquant la compassion qu'il faut générer en tant que pratiquant du mahayana. Un étudiant qui lit dans le madhyamikavatara la partie concernant la compassion sous ses divers aspects et qui est satisfait de sa lecture aura une lecture qui se contente d'être intellectuelle. Parce que le seul et unique aspect qui l'intéresse dans ces traités est de lire les mots qui les composent. Il ne se préoccupe que du sens littéral des mots. Toutefois, les études bouddhistes vont plus loin.
L'étudiant, au fur et à mesure de ses études, est encouragé à contempler le sens de ce qu'il étudie. Il ne s'agit pas de s'arrêter à une simple lecture des mots. Ainsi, cela signifie que l'élève s'assoit et réfléchit aux différentes explications qui ont été données, par exemple sur la compassion. Il y a l'explication qui traite de l'attention, puis celle qui parle des différents types de compassion, les différentes étapes de l'esprit compassionné que le pratiquant est supposé développer avec l'attention. Comment développer de la compassion si l'on ne sait pas que tous les êtres ont été notre mère et si l'on n'est pas informé de toutes les souffrances encourues par tous les êtres, nos mères ? Sans ce type de connaissance, dans le mahayana, il n'est pas possible de développer de la compassion. A moins d'être connue, cette compassion ne peut être générée. Cette connaissance est bien sûr conceptuelle. Toutefois, parler des études bouddhistes comme n'étant que conceptuelles et intellectuelles est une profonde erreur. Cela voudrait dire que la personne en question ne pourrait absolument pas produire la compassion qu'elle est supposée avoir. Sans connaissance conceptuelle de la compassion, comment mettre celle-ci en oeuvre ? Si quelqu'un tente de générer la connaissance de la vacuité sans compassion, cela signifie que sa connaissance de la vacuité ne correspondra pas à celle qu'enseigne le mahayana. Cela signifie que cette personne ne pratique même pas le chemin qu'elle prétend parcourir. Sans une compréhension de la vacuité, qui ne peut être que conceptuelle au départ, il n 'y a pas moyen de méditer dessus. Ainsi, partant d'une connaissance théorique de la vacuité, on peut alors entrer dans une méditation contemplative sur le sujet. On peut acquérir une connaissance définitive du sens de la vacuité. C'est ce qui permettra d'aller au-delà de l'esprit conceptuel. On doit comprendre que l'étude du bouddhisme diffère de l'étude dans d'autres domaines. Dans la plupart des autres domaines, l'étude est sans détours, car on n'a affaire qu'à une seule perspective à la fois. Si vous souhaitez devenir ingénieur, vous allez étudier les différentes formules nécessaires. Puis, quand vous en aurez fini avec vos études, vous n'aurez pas à faire face à une nouvelle perspective, puis encore une autre. Etudier, dans la plupart des autres domaines, n'entraîne qu'un type de perspective en général. Les études bouddhistes ne fonctionnent pas de la même manière. Chaque sujet enseigné entraîne de nombreuses perspectives. Ainsi, les études bouddhistes ne sont pas intellectuelles au sens courant du terme. Même si elles sont faites à partir de l'intellect. C'est l'intellect qui comprend, mais il y a de nombreux niveaux d'intellect, il y a différentes façons de travailler avec; tous ces niveaux ne sont pas superficiels. En termes de chemin bouddhiste, les études vont toujours de pair avec la méditation contemplative. Cela signifie qu'une personne contemple ce qu'elle a étudié. A cela s'ajoute le fait de cultiver la compréhension et le savoir que l'on a acquis à travers l'étude et la contemplation, dans la méditation elle-même. Si l'on ne sait pas combiner étude, contemplation et méditation, on n'ira nulle part.
Si l'on sépare étude et méditation, on n'ira pas très loin. On considérera les écrits comme des outils à utiliser pour nourrir l'étude intellectuelle. Lorsque l'on voudra méditer, on mettra ces écrits de côté puisqu'on percevra ces deux choses comme étant totalement différentes l'une de l'autre. Ou alors, on adoptera le point de vue selon lequel les écrits bouddhistes représentent un cadre de référence intellectuelle suffisant. C'est vraiment une erreur, car l'on n'ira pas loin sur le chemin spirituel.
Dhagpo Kagyu Ling
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