"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."

LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ

Revue "Tendrel"

Retrouvez sur cette page des enseignements parus dans la revue "Tendrel" éditée par Dhagpo Kagyu Ling jusqu'en 2002.

Les six paramitas - La patience

Guendune Rinpoché

Suite de l'enseignement sur les Paramitas donné par Guendune Rinpoché en juillet
85, se basant sur l'ouvrage de Gampopa, le "Joyau Ornement de la Libération"
(Dhagpo Thargyen). La patience, troisième de ces six perfections transcendantes, est ici
définie et commentée.
La perfection de patience est définie en sept points qui vont
être développés successivement :

- les défauts et les qualités qui naissent respectivement de
l'absence et du développement de la patience ;
- l'explication de son essence ;
- la classification ;
- les caractéristiques essentielles de chacun des aspects ;
- la façon d'accroître la patience ;
- les moyens de la rendre parfaitement pure ;
- le résultat obtenu à travers sa pratique.

I
Inconvénients de ne pas avoir de patience

Celui qui a développé la générosité et la conduite juste,
mais qui n'a pas développé la patience, sera soumis à la colère.
Et lorsque la colère apparaîtra, toutes les vertus créées par la
pratique de la générosité et de l'éthique seront détruites.
Le Bouddha l'exprime dans "La corbeille du
bodhisattva" : "La colère est ce qui amène la destruction de
toutes les qualités positives qui ont été accumulées pendant
mille ères cosmiques."

C'est expliqué par Shantidéva dans le Bodhicharyavatara :
Toutes formes de qualité positive et d'attitude excellente
développées pendant mille kalpas (ères cosmiques) à travers

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la générosité et les offrandes envers le Bouddha se trouvent
détruites en un seul instant de colère."
Lorsqu'on est dépourvu de patience, de tolérance, on est
soumis à la haine. Et, dans cet état de colère, de haine, c'est
comme si l'on était frappé d'une flèche empoisonnée ; on
expérimente une douleur incessante et, tant que l'on demeure
dans cette condition de souffrance, il est impossible
d'expérimenter la joie ou la paix ; on n'arrive même plus à
trouver le sommeil.
Le Bouddha a dit : "L'esprit de celui qui a été piqué par
l'épine de la haine ou de la colère ne go˚te plus la paix. Il ne
peut plus obtenir aucune forme de bien-être ni de repos ; le
sommeil ne vient plus à lui et il demeure dans un état constant
d'agitation."

Tant que la haine, la colère, est présente en nous, il est
impossible d'éprouver de la joie.
Si l'on ne fait pas preuve de patience et de tolérance envers
les autres, même nos amis et nos proches, fatigués et déçus,
finiront par se lasser de notre compagnie. Même s'il fait preuve
de générosité, celui qui est dépourvu de patience sera délaissé
par ses proches.

Bouddha : "Quant à l'impatient, son entourage et ses
amis se lasseront de lui et, malgré sa générosité, il ne pourra
pas rassembler ses proches de façon stable autour de lui."

Si l'on n'a pas de patience, on est la proie de tous les
maras (démons) et soumis de ce fait à des difficultés et des
tribulations.

Bouddha : "L'esprit qui est prisonnier de la haine ou de la
colère ouvre la porte à l'activité de tous les démons, et toutes
sortes d'obstacles apparaissent."

Si l'on est dénué de patience, on ne crée pas l'espace
suffisant pour pratiquer les autres paramitas, qui sont le
chemin même de l'Eveil ; ainsi, on se coupe de toute possibilité
d'Eveil.

"Pour celui qui est pris par la colère et qui n'a pas de
patience, l'Eveil est difficile."

Avantages issus de la pratique de la patience

Celui qui fait preuve de patience possède la plus excellente
de toutes les sources de vertu.
Bouddha : "II n'y a pas de négativité qui soit pire que la
colère et il n'y a pas d'ascèse qui soit supérieure à la patience.
Pour cette raison, on devra sans cesse méditer et s'entraîner
avec effort à toutes les formes de patience. ' '

Celui qui fait preuve de patience obtient toutes les formes
de conditions favorables et de bien-être, même au niveau
relatif, immédiat.

Bouddha : "Celui qui domine parfaitement sa colère et
qui fait preuve de discipline sera heureux en toutes circonstan-
ces, dans cette vie et dans les suivantes."

Par la perfection de la patience, est obtenu l'insurpassable
Eveil.
Bouddha dans le So˚tra de la rencontre du père et du fils :
"Avec la colère, il n'y a pas de chemin vers l'Eveil. Celui qui
s'exerce constamment à l'amour envers les êtres développe en
lui-même les qualités de l'Eveil."

II
L'essence de la patience

C'est le fait d'être sans malice, sans conjecturer ou
imaginer quoi que ce soit, sans conceptualiser.
Dans les Terres de bodhisattva : "Même s'il est dépourvu
de tout bien matériel, le bodhisattva gardera un esprit empli de
compassion. Il sera uniquement dirigé et motivé par cette
compassion et ne créera pas de penchant malveillant, de
tendance à juger, comparer, etc."
Le bodhisattva qui a cet esprit libre de calcul ou de
comparaison a développé, la conscience de l'essence même de la
patience.
Rinpoché dit que la patience est un état d'esprit qui ne
cherche pas à critiquer, comparer, juger ou toujours saisir les
situations liées aux perturbations émotionnelles telles la
jalousie, la haine, etc. Celui qui cultive la patience est dans un
état d'esprit d'ouverture ; il ne recherche pas l'analyse critique
permanente, il s'ouvre à un état de paix. Cette paix est celle qui
est go˚tée dans la méditation de Chiné. Pratiquer la patience
est un des moyens d'obtenir la stabilité mentale ; du fait que
l'on se dégage de toutes ses préoccupations mentales, on
parvient à éprouver la paix intérieure.

III
La classification de la patience

On distingue trois formes de patience .
Dans la première, on développe la tolérance, comme il
vient d'être expliqué, c'est-à-dire sans développer de
malveillance ou de malice, ni d'esprit négatif envers les autres.
Ce type de patience est dirigé vers les êtres qui cherchent à nous
nuire, et naît de l'observation, de l'examen de la nature même
de ces êtres.
Une autre forme de patience consiste à être capable de
supporter et d'accepter la souffrance. Elle naît de l'observation
et de la compréhension de l'essence de cette souffrance.
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La troisième forme de patience est basée sur l'aspiration à
la reconnaissance de la réalité ultime, jusqu'à ce que l'esprit
obtienne une certitude. Cette patience, qui est capable
d'accepter la nature ultime des phénomènes, est celle qui
s'exerce à travers le développement de la conscience discrimi-
nante qui nous permet de saisir sans erreur l'essence même des
phénomènes.
Le fait de développer la patience en relation avec les deux
premiers aspects définis plus haut produit une influence
relative du point de vue de cette existence actuelle. Le fait de
développer le troisième type de patience influe sur la réalisation
par elle-même, d'un point de vue ultime.

IV
Les caractéristiques essentielles de chaque aspect

1 - LA PREMIERE FORME DE PATIENCE

"Si nous-même ou nos proches sommes exposés à la
haine, la critique, etc., étant donné que ceci provient d'un
conflit entre une personne qui souhaite quelque chose et une
autre qui ne réalise pas ce souhait, on développera la patience
par l'examen de la nature de ce désir."

Cette patience consiste à réaliser l'inutilité de rendre le
trouble, la haine ou la colère qui a été créé, et elle permet de
garder un esprit libre de toute forme de rancune ou de
ressentiment.
On peut mettre un terme à toute idée de vengeance en
considérant plusieurs points. Lorsque quelqu'un essaie de nous
nuire, il faut prendre conscience du fait que cette personne est
dépourvue de libre-arbitre et donc qu'elle n'est pas maîtresse
d'elle-même ; ensuite, il faut s'examiner soi-même et examiner
ses propres négativités liées au karma individuel ; il faut
percevoir aussi les négativités et inconvénients inhérents à notre
corps physique ; puis il faut déterminer l'aspect négatif de nos
intentions, de nos tournures d'esprit ; enfin il faut réaliser qu'il
n'y a pas de différence entre les négativités d'autrui et les
nÙtres.

Une forme de méditation consiste à analyser le fait de se
trouver face à une situation négative, par rapport à notre
potentiel karmique, et au reflet des situations antérieures.
Une autre revient à méditer sur la grande bonté, la bien-
veillance de celui qui agit négativement.
Dans une troisième forme de méditation, il s'agit de
comprendre que la pratique de la patience réjouit tous les
Bouddhas.
Enfin, dans une dernière perspective, on considère la
grandeur et valeur de tous les bienfaits qui sont issus de la
pratique de la patience.
LE DEUXIEME TYPE DE PATIENCE

Il réside dans le fait de ne pas se laisser aller au décourage-
ment face aux difficultés endurées dans la pratique du chemin
vers l'illumination, et d'accepter ces différentes sortes
d'épreuves avec enthousiasme.
Lorsqu'on s'engage dans la pratique du Dharma, on
éprouve de la souffrance du fait qu'il est difficile de pratiquer
de façon juste, de pouvoir réellement développer une attitude
d'aspiration et de confiance envers les trois Joyaux et le lama.
D'autre part, l'écoute du Dharma, les explications, les
récitations, les discussions, les méditations, toutes ces formes
de pratique sont en elles-mêmes créatrices de souffrance car
elles demandent un effort d'application.
Le fait de se consacrer à la pratique du Dharma en
maintenant une discipline quant aux sessions de méditation î
en particulier s'efforcer au yoga spirituel plutÙt que de dormir
durant la première et la dernière partie de la nuit î est encore
une souffrance en soi.
De la même manière, celui qui vise uniquement à l'accom-
plissement du bien des êtres rencontre toutes sortes de souf-
frances parce qu'il doit faire preuve de beaucoup d'efforts
pour réaliser son intention.
On peut rencontrer aussi la fatigue physique ou une
lassitude mentale, souffrir du chaud, du froid, de la faim, de la
soif, ou encore de troubles créés par les autres êtres, ou
connaître des états de perturbation mentale.
Ainsi, conscient de toutes ces difficultés inhérentes au
développement de la pratique, on ne se laissera jamais aller au
découragement, mais, au contraire, on fera face à ces
différents types de souffrance.

"Tout comme on est prêt à accepter une saignée afin de
supprimer une douleur due à une grave maladie, de la même
manière, pour l'obtention de l'insurpassable Eveil qui est l'au-
delà de toutes formes de souffrance, on sera prêt à accepter les
souffrances relatives qui sont celles du chemin de la pratique."

Bodhicharyavatara : "Les souffrances que je dois endurer
pour arriver à l'Eveil sont mesurables. Elles sont comparables
au fait de sonder une blessure pour stopper la douleur causée
par un corps étranger."

L'attitude de celui qui est capable d'accepter toutes les
souffrances en relation avec la pratique du Dharma le conduit
à la victoire dans la bataille contre le cycle des existences et
l'ennemi que sont ses propres émotions et perturbations
mentales. Il est véritablement un grand héros. A l'opposé, bien
qu'il puisse être célébré comme un héros dans le monde, l'être
ordinaire qui détruit des ennemis ordinaires î d'autres êtres
semblables à lui î n'est pas, du point de vue du Dharma, un
héros du tout. On dit qu'il est semblable à quelqu'un frappant
un cadavre : il est vraiment misérable.

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Bodhicharyavatara : "Si tu veux arriver à détruire toutes
les souffrances, tu le feras en subjugant les ennemis que sont la
colère, la haine, , etc. Celui qui parvient à cela peut
véritablement être appelé un héros, parce qu'il triomphe de
tout ; il est un conquérant véritable. Les autres types de héros
ne sont que des tueurs de cadavres."

3 - LA TROISIEME FORME DE PATIENCE

C'est celle qui naît de l'aspiration à la compréhension
véritable et ultime de tous les phénomènes et de la capacité à
accepter les vérités ultimes du Dharma.

"On doit aspirer à la compréhension des huit points (1) à
travers lesquels sont exprimées les qualités des trois Joyaux. En
particulier, on doit développer la conscience de la nature réelle
des phénomènes, comme elle a été exprimée par le Bouddha
dans sa présentation de la vacuité, qui considère la réalité
ultime comme étant par nature libre des deux types d'indivi-
dualité : c'est l'absence d'identité individuelle du "moi-ego" et
des phénomènes. Cette compréhension que toute manifestation
individuelle ou phénoménale est vacuité en essence permet de
pratiquer la patience et d'accepter dans son esprit une
dimension que l'on ne peut pas percevoir réellement."

Il faut donc faire preuve de patience et de tolérance pour
ouvrir positivement son esprit afin qu'il accepte toute vérité
ultime.

La façon d'accroître la patience

Par la sagesse primordiale.
Par la conscience discriminante.
Par la dédicace.

VI
Les moyens de la purifier

On purifiera la patience au moyens des deux qualités
suivantes :
- la vacuité
- la compassion.

(1) "Les trois Joyaux, le pouvoir des Bouddhas et des bodhisattvas, la
signification de la réalité, l'enseignement de la loi de causalité, l'ensei-
gnement sur les conséquences de la loi de causalité, le but qu'on
s'efforce d'atteindre, les conditions préalables indispensables, à la pra-
tique, et les textes qui font autorité auprès du bodhisattva idéal. "
Guenther
VII
Le résultat de la patience

Il s'exprime à deux niveaux, ultime et relatif.
Au niveau ultime, c'est l'obtention de l'insurpassable
Eveil. Comme il est dit dans Les degrés de l'Eveil : "Par une
patience et une tolérance illimitées, incommensurables, est
connu le fruit de l'Eveil... Le bodhisattva qui pratiquera cette
qualité de patience et l'intégrera en lui-même obtiendra l'Eveil
insurpassable, parfait et authentique."

Au niveau relatif, on pourra sans effort jouir, dans toutes
nos vies, d'une bonne condition physique exempte de maladies
et d'un aspect qui sera agréable et attirant pour les êtres ; on
sera une personne renommée jouissant d'une longue vie et qui
obtiendra la potentialité de devenir un monarque universel
capable de mettre en mouvement la roue de l'enseignement.

Dans le Bodhicharyavatara : "Par la pratique de la patien-
ce, on obtient dans nos existences un corps agréable et toutes
les qualités de notre action physique ; on est à l'abri des
maladies ; on jouit de renommée, de célébrité, ainsi que d'une
vie extrêmement longue et exempte de souffrances, et on
obtient la capacité de devenir un monarque universel qui met
en mouvement la roue de l'enseignement."

Ceci conclut l'explication de ce chapitre sur la patience.

Guendune Rinpoché

"Si l'on fait preuve de patience, le corps et l'esprit
s'établissent dans une dimension de paix, d'harmonie et de
bien-être. A l'inverse, si l'on ne développe pas la patience, on
est sujet à des maux, des heurts et des conflits avec les autres, et
cela va s'accroître et se développer de plus en plus, sans que
l'on puisse en maîtriser le cours. De cette manière, on va créer
sans cesse une relation ou une attitude d'esprit qui sera sans
repos, toujours en butte aux situations, dans un état conflictuel
permanent.

L'essentiel de la patience, c'est une attitude d'esprit qui ne
cherche pas à nuire aux autres et est dépourvue d'agressivité.

La patience que l'on doit développer envers l'attitude
agressive des autres repose sur la compréhension, l'acceptation
de cette situation non pas comme venant d'autrui, mais comme

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étant soumise à notre propre responsabilité : cette situation
résulte de notre propre activité karmique antérieure erronée.
Par cette compréhension, on perçoit dans ces circonstances
relationnelles l'opportunité offerte par l'autre de purifier ce
karma antérieur ; l'autre apparaît comme un allié, un ami qui
fait preuve de beaucoup de bienveillance, et il devient même
une source de joie et de bonheur.

Si l'on n'est jamais confronté à des situations négatives,
difficiles, si l'on ne rencontre jamais d'obstacles ni d'ennemis,
comment allons-nous méditer sur la patience ? Qui donc
pourrait développer cette qualité en l'absence de support, de
condition propice ? S'il n'y a pas de terrain adéquat, il n'y a
aucune possibilité de développer la patience. Ne pouvant pas
développer cette qualité, on est incapable de progresser vers
l'Eveil, de réaliser l'état de Bouddha. Ainsi, lorsque se présen-
tent toutes formes de situations conflictuelles, il faut savoir les
accepter et les prendre comme chemin même de l'Eveil, ne pas
les rejeter, mais au contraire s'appuyer complètement sur elles. "

 


Qu'est-ce qu'avoir de la patience ?

Lama Guendune
Avoir de la patience signifie que l'on respecte fondamen-
talement les êtres, parce qu'on sait que c'est gr‚ce à eux et aux
obstacles qu'ils nous créent que l'on arrive à progresser, à
dominer notre ego et à développer petit à petit une attitude plus
ouverte et plus souple. Cet aspect de patience est relié à notre
cheminement spirituel au niveau du quotidien : sommes-nous
capable de traiter avec les situations qui sont parfois très irri-
tantes et difficiles ? Quelquefois, on perd le contrÙle de soi-
même. L'attitude à adopter dépend de la situation, de nous-
même et de la personne qui est en face. Si c'est quelqu'un qui
nous est étranger î que l'on risque donc de blesser î,dans la
mesure où l'on n'est pas capable de se maîtriser, mieux vaut
alors s'en aller. Lorsqu'on ne contrÙle pas ses émotions, il est
préférable d'éviter l'affrontement et de travailler sur soi-
même, d'être conscient de son incapacité afin d'y porter
remède.

En relation avec les personnes que l'on cÙtoie tous les
jours, avec qui l'on est beaucoup plus intime, apparaissent
aussi inévitablement des heurts et des frictions. Dans ce cas, s'il
y a acceptation réciproque, sachant que chacun essaie de se
transformer et de développer une attitude positive et qu'inévi-
tablement, malgré cela, des expressions négatives vont émer-
ger, on n'en voudra pas à la personne elle-même. On sait
que tout cela fait partie du chemin, on l'accepte en tant que tel.
Si les situations peuvent être tolérées réciproquement, on a la
possibilité de les exprimer. Cela ne veut pas dire qu'il faut faire
exprès de se mettre en colère, ou que l'on s'en réjouit ; mais on
peut travailler la situation de façon à apparaître un peu comme
un miroir pour les autres, pourvu que ceux-ci l'acceptent,
que cela ne les choque pas, ne les blesse pas profondément.
Dans cette mesure-là, il arrive que l'on puisse se mettre en
colère. Ce qui est essentiel, c'est qu'il n'en reste rien après.
C'est parfois beaucoup plus grave de ne rien dire et d'entretenir
un courant d'esprit négatif : dans ce cas, les idées noires
pourrissent en nous-même et cela finit par devenir quelque
chose d'atroce, parce qu'on développe une vision extrêmement
sombre et négative de certains êtres, et l'on ne sait plus
comment en changer.

D'une certaine manière, on peut dire que, dans tous les
cas, il faut trancher : soit on coupe en s'en allant, si l'on n'est
pas capable de faire face à la situation ; soit on s'exprime, mais
on coupe ensuite sans garder aucune trace de négativité dans
l'esprit.

L'important, de toute façon, est d'être conscient de la si-
tuation, de se dominer et d'agir en évitant au maximum de
blesser ou de heurter les autres. Même si l'on agit de façon
négative, ce n'est pas quelque chose de catastrophique en soi,
l'irrémédiable, dans la mesure où l'on est conscient de cette
négativité et qu'on n'en tire pas orgueil ou satisfaction.
Le point essentiel est la vigilance. Pour s'y entraîner, il
faut chaque jour reprendre le vúu de bodhisattva dès le réveil,
tout en souhaitant accomplir une activité bénéfique par le
corps, la parole et l'esprit ; on peut ensuite consacrer sa journée
à vraiment mettre ce vúu en application, comme une pratique.
De cette façon, on renforce la motivation. Et le soir, on
considère le résultat de ce que l'on a fait dans la journée. Ainsi,
on pourra mesurer tous les jours nos actions.

Cette attitude crée un entraînement qui va faire que, dans
certaines situations, bien qu'au début on soit complètement
dépassé et débordé, n'ayant pas même le temps de voir la
négativité, petit à petit un espace va se créer. Par
l'entraînement de l'esprit, on perçoit plus clairement ces
négativités, on en voit de plus en plus du fait qu'on en devient
conscient et, en même temps, on trouve les moyens de moins se
laisser dominer par elles.

Cela se fonde uniquement sur cette intention du vúu de
bodhisattva, cette volonté de le reprendre chaque jour et d'agir
pour le bien des êtres. Evidemment, on sera de suite confronté
au reflet de sa propre hypocrisie, car si l'on poursuit telle idée,
on va s'apercevoir de tout ce qui entre en contradiction avec
elle. Petit à petit, en travaillant sur soi-même, on parviendra à
harmoniser son attitude dans le sens du vúu de bodhisattva.

(A suivre : la persévérance  ou énergie enthousiaste)

Coordonnées

   Dhagpo Kagyu Ling
Landrevie - 24290 Saint-Léon-sur-Vézère - tél : 05 53 50 70 75 -
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Dhagpo, siège européen de la lignée Karma Kagyu, est membre : 

 
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