"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."

LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ

Revue "Tendrel"

Retrouvez sur cette page des enseignements parus dans la revue "Tendrel" éditée par Dhagpo Kagyu Ling jusqu'en 2002.

Entretiens sur l'art tibétain

Entretiens sur l'art tibétain par Ngari Tulkou 

Extraits d'une interview donnée à l'occasion des expositions sur l'art et la culture du Tibet, organisées à Pau et à Biarritz.


Ngari Tulkou Tsering Tashi Thingo est né au Kham en 1945. Il fut reconnu comme abbé du monastère de Dzonksar, siège également du grand Jamyang Kyentsé Rinpoché dont il est le disciple. Il appartient au mouvement Rimé qui réunit les différentes lignées du bouddhisme tibétain. Il reçut de nombreux enseignements de Sa Sainteté le XVIe Karmapa. Résidant actuellement en Allemagne, il est l'une des autorités en art tibétain les plus connues en Europe.

- Q - L'art sacré du Tibet semble étfoitement lié à l'enseignement du Bouddha. Qu'en est-il ?

- R - En effet, il l'est. L'art tibétain est un guide, un moyen qui nous conduit du samsara au nirvana, de notre condition de souffrance à l'état d'Eveil. Cela est sa raison d'être : il est comme un chemin et une aide. Voilà son sens réel !

- Q - Selon les degrés successifs de l'enseignement du Bouddha, il existe des types de représentation multiples. Comment les distinguer ?

- R - C'est très difficile, ´distinguer est peut-être un terme erroné. Comme vous le savez, il existe un nombre considérable d'objets icono- graphiques et l'on pourrait penser qu'il y en a trop. De même que l'on pourrait considérer qu'il y a trop de termes spécifiques employés dans la culture bouddhiste, et plus particulièrement dans le Mahayana, trop de divinités, etc...

Je me souviens avoir entendu Sa Sainteté le Dalaî Lama dire : ´Cela ne m'attriste pas de voir autant de divinités différentes, d'écoles différentes. Il y a aussi de nombreux êtres distincts qui peuplent le monde ; aucun ne pense de la même façon. Il est difficile d'en trouver deux qui pensent exactement la même chose. Aussi faut-il qu 'existent de nombreux chemins distincts l'un de l'autre, des quantités de formes différentes pour correspondre à la mentalité de chaque individu.*

Du point de vue religieux, mais également selon la compréhension mondaine ou ´profane , on distingue les êtres suivant leurs mentalités, leurs attitudes d'esprit qui varient d'un individu à l'autre. Cependant, le fondement des capacités de tous les êtres, leur nature profonde, est la même.

Il me semble très sage qu'il y ait tant de types différents de sujets iconographiques. Ce sont autant de livres à consulter au cours du développement spirituel. Chacun peut faire son choix.

Un maître expérimenté, suivant son disciple sur une longue période, est à même de lui donner le support adéquat à son état d'esprit afin de développer ses capacités spirituelles jusqu'à l'Eveil. C'est pourquoi il y a tant de représentations différentes : ce sont autant de supports à utiliser de la bonne façon et au bon moment.

On ne peut se servir de n'importe quoi, n'importe comment : une hache est très efficace pour couper du bois ou un matériau semblable ; mais si quelqu'un me donne une hache et une pièce de soie en me demandant d'y couper une chemise ou quelque chose comme cela, je ne pense pas que je pourrai le faire. De même si on me donne une aiguille et du fil en me demandant de couper du bois, je ne pourrai le faire non plus. Ainsi chaque chose doit-elle être employée de façon juste.

- Q - Pouvez-vous nous donner une explication brève des différents supports : stoupas, mandalas, divinités, yantras etc... ?

- R - En ce qui concerne le stoupa, imaginez que vous vouliez vous rappeler une personne disparue que vous respectiez au plus haut point. Vous voudriez posséder quelque chose qui vienne d'elle, qui vous la rappelle, ou quelque chose qui la représente et envers laquelle vous puissiez exprimer votre respect. Ceci est la raison d'être du stoupa.

Dans la religion bouddhiste, lorsqu'un grand Lama ou un être réalisé meurt, on incinère son corps et l'on place ensuite ses restes dans un stoupa. Toutefois, la partie principale du stoupa consiste en rouleaux de textes reproduisant les enseignements du Bouddha et les noms, en sanskrit, des grands Lamas. Tout doit être manipulé et façonné très proprement et de façon très pure.

Le stoupa ensuite consacré devient un support parfaitement qualifié. Il n'est pas un support de méditation en tant que tel, mais à travers les prières, les marques de respect qui sont accomplies devant lui, il offre la possibilité d'accumuler du mérite. En effet, à cet instant précis, nous tournons notre esprit vers un support parfaitement pur avec une motivation un peu plus pure que d'ordinaire.

Parlons maintenant des yantras.

Leur emploi a été intégré dans la tradition bouddhiste. Ceci est dù au fait que, dans le bouddhisme, il est important d'éviter toute pensée ou action qui pourrait nuire à une personne, la rendre malheureuse, lui créer un trouble spirituel ou mental et qu'il est préconisé au contraire d'entreprendre toute action qui peut apporter de l'aide aux autres, accomplir son propre bienfait et celui des autres.

Les yantras sont des monogrammes. Certains les comparent à des mandalas. Ils ont pour but d'aider les êtres à résoudre leurs problèmes mondains aussi bien que spirituels. C'est pour cela qu'ils sont inclus dans la tradition bouddhiste.

Le support suivant est le mandala. Nous avons déjà vu comment les différentes formes correspondent aux différentes capacités des êtres, aux différences de mentalités, de caractères.

Celles-là sont classées en cinq familles qui correspondent à cinq types d'états d'esprit. C'est certainement la façon la plus facile de catégoriser, mais aussi la plus effective.

Ces cinq différentes catégories, ces cinq différents types de caractère sont représentés par les formes des cinq Tathagatas (Dyani Bouddhas) (1). Ceux-ci se transforment en de multiples autres formes :

les divinités de méditation (ou yidam) paisibles et courroucées. Chacune d'elle peut être utilisée comme objet d'étude, de méditation, de- développement spirituel.

Toutefois, ces cinq aspects ne sont pas médités séparément mais ensemble. Si l'un d'entre eux occupe la place centrale, c'est qu'il a, pour nous, plus d'importance, qu'il correspond à notre tendance spirituelle du moment, à notre caractère actuel, mais il est entouré des quatre autres.

Chacune de ces divinités peut être masculine ou féminine, correspondant aux polarités positives ou négatives. En union, elles sont la clef du développement de nos capacités spirituelles.

Ces différents aspects sont rassemblés en un groupe harmonieux, placés en un cercle inclusif.

Cela peut être comparé aux membres d'un parti politique, à l'intérieur d'un même groupe. Non pas des membres ayant des idées, des opinions, des désirs différents, mais plutÙt résolument tournés vers un but identique. Cela les mènera indubitablement au succès.

Autre exemple : si l'on utilise un b‚ton, il peut se casser facilement, mais si l'on en prend cinq ou dix identiques et qu'on les lie ensemble, quoi que l'on fasse, ils ne pourront casser. Ils ne feront qu'un. De la même manière, unifiant diverses capacités, si on les utilise dans le même but, au même moment, leur action sera plus efficace et le résultat plus certain. Tel est le chemin enseigné.

Ainsi, l'idée originale du mandala est-elle l'unification1 en un cercle. Là sont intégrées les situations spécifiques de la vie, les situations physiques et mentales exprimées par différentes couleurs et formes, qui, rassemblées dessinent un cercle universel.

Tous les éléments y sont inclus: les éléments liés au corps (les cinq agrégats, les cinq éléments tels la terre, l'eau, le feu, l'air et l'espace), le caractère, l'intelligence, la conscience, l'esprit, y sont représentés.

Dans la structure cosmique traditionnelle, le mont Mérou est le centre de l'univers. Il correspond à la colonne vertébrale si on en fait la comparaison avec le corps physique. Sur ce mont est érigé un magnifique palais de style indien (puisque cette tradition est issue de l'Inde) et au milieu se trouve la divinité principale, correspondant à l'esprit et aux capacités de la personne qui effectue la pratique, qui développe la méditation. L'aspect central est entouré des autres divinités, comme le b‚ton central était, dans l'exemple précédant, entouré des autres b‚tons, l'ensemble étant lié.

Ce type de méditation est un moyen efficace d'aboutir à l'ac- complissement des souhaits du pratiquant : la réalisation de l'Eveil ultime.

La partie externe du mandala est également très importante. Le périmètre extérieur est constitué de flammes ou de lumières. Dans certains mandalas, ce sera un cercle de vadjras. Ces différents cercles symbolisent le fait que rien ne peut détruire le mandala.

Si l'on pratique avec un mandala comme support, qu'il soit d'une divinité paisible ou courroucée (cela suivant le caractère et les dispositions de chacun), le choix doit en être fait dès le début et il faut ensuite pratiquer cette méditation avec assiduité. Il ne fait alors aucun doute que l'on atteindra le but : l'état d'Eveil.

Cependant, il faut bien comprendre que l'Eveil n'est pas quelque chose de fini que l'on se procure quelque part dans le monde. C'est plutôt le développement achevé de la compréhension réelle de sa propre nature et de celle des autres êtres vivants. Aussi, avant tout, il faut être capable de s'établir dans la méditation et d'aider les êtres ; cela fait partie intégrante du processus des méditations sur les mandalas. En ce qui concerne les divinités de méditation paisibles et courroucées, ce sont des supports qui peuvent être médités dans un mandala.

Ils ont plus ou moins la même finalité et sont utilisés de la mêmemanière.

- Q - Les différentes formes sont-elles limitées à une culture précise, à une période et une époque définies, ou sont-elles l'expression définitive de la nature ultime de l'esprit ?

- R - Si nous considérons cela du point de vue du bouddhisme Mahayana, l'art bouddhiste, tel que nous le connaissons depuis de très nombreuses années, est devenu partie intégrante de la culture du Tibet comme il l'était de celle de l'Inde. Et si l'on considère les objets sacrés aussi bien que ceux qui les ont façonnés depuis plusieurs siècles, on peut en tirer certaines informations.

On peut, par exemple, dire qu'ils ont été fabriqués à telle ou telle période. L'important est de savoir qu'ils sont apparus à l'époque du développement du bouddhisme Mahayana, du temps du Bouddha lui-même. Ensuite, cet art s'est développé avec de grands maîtres, jusqu'à nos jours. Donc; classer les oeuvres de l'art tibétain par périodes chronologiques ne me paraît pas être l'essentiel.

Dans le domaine de la peinture, les formes ne sont pas l'expression ultime. L'ultime, du point de vue bouddhiste, est de se libérer de l'emprise du karma, cause de souffrance. Ceci ne peut être réalisé que si l'on est libre des formes et objets matériels. Tant que l'on s'attache aux formes matérielles, comme les tankas ou les autres supports, on ne peut réaliser le but ultime.

Si l'on se demande alors pourquoi les formes et les supports existent bien qu'ils ne soient pas le but ultime, on peut répondre que c'est parce que nous sommes des êtres humains dotés d'une forme matérielle, physique.

Pour se libérer, il nous faut employer l'instrument le plus efficace. C'est la raison pour laquelle la méditation est effectuée à partir de formes matérielles telles que les représentations du Bouddha ou d'autres supports iconographiques tels que les yidams paisibles et courroucés.

Le processus consiste, à partir d'une forme matérielle, à réaliser progressivement l'aspect de vacuité. Je ne dis pas le vide ; il y a quelque chose qui qualifie ce vide, la vacuité exprime des qualités.

Qu'est-ce que la vacuité ? C'est le but ultime que chacun doit expérimenter par lui-même. Les formes relatives que nous utilisons sont un moyen de réaliser cet objet ultime.

- Q - De quelle manière doit-on considérer une tanka ou une statue, du point de vue bouddhiste ?

- R - Ce sont avant tout des objets. Il y a beaucoup d'êtres divers et donc autant de façons différentes de considérer les choses. Puisque nous avons affaire à des objets, nous faisons comme les enfants, nous leur donnons un nom. Donc nous savons que ceci est une tanka, ceci une statue, etc... Peut-être savons-nous aussi distinguer ces objets, recon- naître que celui-ci est un Bouddha et celui-là non.

Que l'on puisse parvenir à cette identification ou non, que l'on soit bouddhiste ou non, que cet objet appartienne à notre culture ou non, l'important est de respecter l'objet en tant que produit d'une certaine culture. D'autre part, si l'on a plus de connaissances sur cet objet, si l'on sait qu'il exprime quelque chose de positif dont le but est d'aider les êtres à se développer, à aller vers un mieux, il faut d'autant plus le respecter. Particulièrement, si l'on en vient à devenir bouddhiste et que l'on voit un objet de cette religion, quel qu'il soit, il faut le considérer avec le plus de respect possible.

Toutefois, il est important de préciser qu'il n'est pas nécessaire d'étaler son propre respect devant tout le monde. L'important est de toujours rester vrai avec soi-même et les autres. Il n'est utile ni pour soi, ni pour les autres, lorsque l'on est bouddhiste, de se prosterner avec ostentation devant des représentations du Bouddha afin de se faire remarquer.

Ceci n'est pas être vrai envers soi-même. Il me semble que si l'on voit une statue du Bouddha et que cela nous remplit de joie, on peut, par exemple, s'avancer en se tenant les oreilles ou en faisant n'importe quel autre geste si on le fait d'un cúur sincère. Cela est certainement une meilleure façon d'exprimer son respect devant le Bouddha que de tomber aux pieds de la statue le représentant dans le seul but d'étaler sa dévotion face aux autres. Une fois de plus, ce qui est essentiel, c'est d'être vrai.

- Q - Ces supports sont-ils utilisables pour les occidentaux qui souhaitent pratiquer la méditation ?

- R - Je pense que ces supports sont les plus appropriés pour les occidentaux. Aujourd'hui, vous avez la chance d'avoir beaucoup de livres déjà traduits à votre disposition. Ainsi, votre compréhension du bouddhisme se développe graduellement. Ce développement est certai- nement quelque chose d'excellent.

Cependant, si vous essayez de lire directement les caractères de l'écriture tibétaine, vous n'y comprendrez rien et vous pourrez en venir à penser que ces caractères sont le fait de fous. Je ne dis pas que les occidentaux sont tous fous, mais que, si l'on souhaite apprendre réellement quelque chose, on doit évidemment commencer par l'A.B.C.D.. De la même manière, il existe aussi une sorte d'abécédaire pour pénétrer l'écriture et l'iconographie bouddhistes.

Le langage symbolique bouddhiste est simple et il offre l'avantage d'éviter les erreurs d'interprétation. Il s'ouvre de lui-même car il peut être compris par l'intuition.

C'est pourquoi je crois que les occidentaux qui commencent à étudier, comprendre, utiliser comme support les objets iconographiques et l'écriture tibétaine, qui les prennent comme objet de méditation, font quelque chose de très utile et de parfaitement approprié.

- Q - Ces supports sont utilisés comme base de visualisation. Pourriez-vous expliquer le sens et le processus de la visualisation ? Et quelle importance prend le support lui-même dans ce processus ?

- R - La visualisation est un moyen très important, sur le chemin de la méditation, utilisant par exemple comme support des divinités paisibles et courroucées.

Le fait de visualiser un objet est en lui-même un acte ordinaire. C'est, par exemple, imaginer en face de soi une pomme qui n'est pas réellement là. Si elle se trouve réellement en face de soi, on doit d'abord défaire son esprit de la pomme véritable. Il faut garder à distance les manifestations extérieures, particulièrement la vraie pomme car, si l'on en tient compte, des considérations diverses vont s'élever dans l'esprit et l'on ne pourra pas visualiser. Si on n'y arrive pas du premier coup, il faut essayer encore.

Pendant que l'on visualise un objet, s'élève la certitude. On est dans un état de calme, pacifié, calmement établi, et l'on s'aperçoit alors que l'on n'a pas d'autre pensée que le support de méditation. On pense seulement à cela.

Aujourd'hui, dans le monde, notre esprit est irrité autant qu'il est possible ; nous avons tout ce qu'il faut pour qu'il en soit ainsi.

Aussi est-il très difficile d'établir la paix mentale. Mais vous constatez que réaliser cette paix, par ce moyen très primaire de visualisation d'une pomme, (ce qui est le début du processus de méditation), est tout-à-fait facile.

Dans l'iconographie, toutes les divinités sont assises ou debout sur un certain siège , une fleur de lotus. Cela a un sens précis. Aucun être humain ordinaire n'aurait l'idée d'aller s'asseoir sur une fleur de lotus, même si la taille de la fleur le permettait. Il y a là un sens symbolique.

Le lotus représente, dans la tradition bouddhiste, la pureté, le non- attachement. Nous, êtres humains, avons beaucoup d'attachement. Mais quelqu'un qui dirait : ´Je suis un homme saint serait possédé par l'attachement. Le lotus est symbole de pureté. Cela signifie que toutes les divinités établies sur un siège de lotus ne sont pas souillées par le moindre attachement. C'est quelque chose de tout-à-fait spécifique.

Au-dessus du lotus, se trouve un dessin dont la couleur peut varier : vert, blanc, doré... Il représente un disque de soleil ou de lune, souvent superposés. Ces formes symbolisent les vérités relatives et ultimes. Cela aussi est très profond : le disque de lune représente la vérité relative d'où l'on chemine jusqu'à la vérité ultime, le disque de soleil.

Ainsi, on trouve superposés le non-attachement, la vérité relative, puis la vérité ultime.

Quelqu'un établi sur un tel support n'est pas un être humain ordinaire, c'est un être divin. Lorsque l'on dit ´être divin ou ´divinité , il ne s'agit pas d'une forme personnifiée. La forme personnifiée serait plutÙt la forme humaine qui est parfois représentée piétinée par la divinité.

Il est pénible de voir un être humain ainsi terrassé, mais il faut savoir que cet être humain n'est rien d'autre que nous-même, notre ego, maîtrisé par notre propre développement spirituel, la divinité. Nous sommes devenus notre propre maître. En d'autres termes, le corps physique, cadavérisé par la faiblesse et les émotions d'attachement, de colère et d'ignorance, est finalement subjugué.

Enfin, il y a la divinité elle-même, avec deux bras ou plus, une ou plusieurs têtes, différentes couleurs etc... Tout cela, comme nous l'avons expliqué, correspond aux différentes tournures d'esprit des êtres. Ces divinités portent souvent un diadème orné de cinq joyaux ou de cinq cr‚nes, selon qu'elles sont paisibles ou courroucées. Ces cinq ornements représentent les cinq Tathagatas, comme on l'a vu, les cinq ´b‚tons liés ensemble.

Au sommet du chignon de la divinité, se trouve une sorte de pointe qui représente la famille particulière à laquelle appartient cette divinité. Il y en a cinq : la famille du vadjra, du joyau, du lotus, du double vadjra et de la roue. Chaque symbole a une couleur spécifique.

Au sommet, se trouvent, des flammes.

Au cours du processus de méditation sur un tel support, on visualise d'abord une forme solide puis elle devient petit-à-petit translucide comme du verre. Cependant le verre garde encore une apparence matérielle, aussi faut-il que l'aspect médité devienne transparent au point qu'il soit possible de passer la main au travers, sans obstacle. Il faut toutefois que cela reste visible, manifeste.

A partir de là, il est possible de développer tout le processus de méditation depuis l'établissement de la visualisation jusqu'à la résorption finale en la vacuité.

On peut résorber la divinité en son essence représentée par un mot, une syllabe-gerbe qui elle-même se réduira en un point. Elle peut aussi se résoudre de bas en haut jusqu'à se fondre dans la pointe quicouronne la tête. Dans les deux cas, l'on aboutit finalement à la vacuité.

On reste ainsi, le plus longtemps possible, l'esprit établi en ´shunyata (la vacuité). Cet état doit ensuite être affermi pour réaliser la connaissance ou sagesse transcendante innée. Celle-ci s'élèvera d'elle-même, naturellement.

Etre naturel est la chose la plus importante qui soit ; c'est le chemin qui mène à la sagesse, la voie vers l'Eveil. Ceci est le sens de la visualisation, la façon de visualiser.

- Q - Du point de vue de l'enseignement du Bouddha, peindre une tanka ou façonner une statue peut-il être considéré comme un chemin vers l'Eveil ?

- R - Certainement, oui ! C'est un moyen aisé de pratiquer le bouddhisme. L'enseignement du Bouddha est un enseignement simple basé sur des idées simples : ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse.

A partir de cette résolution, il s'agit de développer une attitude véritablement bénéfique envers tous les êtres humains et tous les êtres vivants sans exception, autant qu'on le peut, parfois au- delà de ses propres capacités. Quoi que l'on fasse, l'essentiel est de dédier le bénéfice de ses propres actions bénéfiques vers les autres, que l'on mange, que l'on dorme, etc... C'est ce type d'atttitude que le Bouddha a souhaité voir développer.

Plus particulièrement, lorsque l'on peint une tanka, que l'on fait une statue, il s'agit de conserver cette attitude. D'autre part, les différents matériaux utilisés pour les statues représentent symbolique- ment les cinq Tathagatas. Pour les tankas, ces symboles sont déjà présents dans la trame mais les couleurs les expriment encore plus clairement.

Il ne faut pas pratiquer dans un but mondain mais accomplir ce que le Bouddha a enseigné. Connaître le chemin rend l'état de Bouddha plus proche de soi. Aussi est-il constamment conseillé de développer la sagesse qui emploie tous les moyens appropriés au service du développement spirituel.

Copyright Tendrel 1986.


NOTE 1 - Tathagatas (Dyani Bouddhas) : Les cinq Bouddhas de méditation correspondant aux cinq

sagesses.

 

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