"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."

LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ

Revue "Tendrel"

Retrouvez sur cette page des enseignements parus dans la revue "Tendrel" éditée par Dhagpo Kagyu Ling jusqu'en 2002.

Le lama, le disciple et le lien entre les deux 

Gyatrul Rinpoché

DKL – été 1999

La relation de maître à disciple est présente dans le theravada*, le petit véhicule, ainsi que dans le mahayana, le grand véhicule, mais dans le vajrayana, dans les tantras, cette relation a une importance tout à fait particulière. Tout d'abord, il nous faut savoir que la relation entre le maître, l'enseignant, le lama et l'étudiant ou le disciple n'est pas du tout la même que celle qui existe entre un professeur et un élève d'école ou un étudiant d'université.

Ce que nous apprenons à l'école ou à l'université est différent de ce que nous apprenons dans le chemin spirituel. Au niveau scolaire, nous apprenons des méthodes, des techniques permettant d'avoir une influence sur le monde extérieur. Nous apprenons à fabriquer des objets, à écrire un  livre, par exemple. Dans la voie spirituelle, ce qui est appris va nous servir pour notre vie propre. Cette relation de maître à disciple est fondée sur une éthique.

C'est quelque chose qui va s'installer de façon automatique, naturelle et volontaire à la fois. Il ne s'agit donc pas d'une série de règles à suivre qui nous imposent de ne pas faire certains actes. L'éthique est un processus naturel, qui vient de l'intérieur, et elle est pratiquée lorsqu'elle devient une évidence et un choix personnel.

Nous allons voir cette relation de maître à disciple, non seulement dans le cadre du vajrayana, mais aussi dans le cadre des autres traditions enseignées par le Bouddha. Nous utilisons différents termes selon les écoles. Dans le soutrayana, c'est-à-dire l'école théravada et mahayana, on utilise des mots sanscrits tels que kalianmitra pour nommer le guide spirituel. Kalian signifie vertueux, et mitra signifie ami. Donc, le terme de maître signifie l' ami de vertu, l'ami de bien. C'est un ami qui nous donne la vertu.

 

Les qualités du maître spirituel à l'intérieur des différentes écoles

 

Les qualités d'un maître spirituel sont différentes d'une école à l'autre. Dans le théravada, le petit véhicule, l'ami spirituel doit avoir été moine pleinement ordonné pendant au moins dix ans et il doit ensuite conserver ses vœux. Il doit également être érudit, particulièrement dans tout ce qu'on appelle le vinaya, les textes associés au petit véhicule. Il doit avoir une forte compassion envers les malades. Il doit avoir la capacité et le souhait d'aider les pratiquants, les étudiants. Cette aide doit porter aussi bien sur le plan spirituel que matériel. Il doit également avoir le souhait de transmettre des enseignements .

Dans le mahayana, le grand véhicule, le kalianmitra doit être calme, très paisible tant sur le plan mental que physique. Ce doit être quelqu'un qui a plus de qualités que le disciple. Il doit être très patient et diligent. Il doit aussi avoir une grande connaissance des soutras*, les textes associés au grand véhicule. Il doit pratiquer ces enseignements et, par dessus tout, il se doit d'avoir de la compassion envers tous. Cet enseignant doit avoir de bonnes méthodes pour s'adresser aux autres.

Un maître du vajrayana doit pratiquer l'enseignement. Il doit être paisible, posséder la connaissance. Il ne doit utiliser aucune tromperie pour cacher ses fautes. Il doit avoir une bonne connaissance des pratiques tantriques et de la patience. Il doit enfin être doté de la compassion.

Ce sont trois types de qualités, pour trois types de maîtres, dans trois types d'écoles. Il y a plusieurs types de maîtres. Il y a les maîtres des êtres ordinaires, les maîtres des bodhisattvas et ceux des bouddhas. Il est difficile de définir quel est le meilleur maître. Tout dépend en fait du pratiquant lui-même et de son niveau. Si l'on mettait un professeur d'université en poste dans un jardin d'enfants, on s'apercevrait très vite que ce n'est pas le bon choix.

La plupart du temps, nous avons des chances de rencontrer un maître ordinaire ou du moins qui en a l'apparence. Nous n'avons pas la capacité de voir le Bouddha sous la forme du sambhogakaya*, à moins d'avoir atteint les hauts niveaux de réalisation des bodhisattvas. Chaque maître correspond donc à un type d'être différent. C'est pourquoi, dans le vajrayana, nous mettons l'accent sur le lama plus que sur le Bouddha. En effet, sur un plan individuel, le lama est plus important que le Bouddha, car il est directement connecté avec l'étudiant. Il est celui qui permet de comprendre la voie menant à l'Eveil*. Il est celui qui donne les enseignemen ts transmis par le Bouddha il y a plusieurs milliers d'années.

Sans le lama, nous ne pourrions pas comprendre ces enseignements. Un lama qui apparaît comme un être ordinaire, même si c'est un bouddha ou un bodhisattva, est plus important que le Bouddha. Dans ces temps dégénérés, il est mentionné dans les soutras qu'il n'est pas toujours possible de trouver un maître possédant toutes ces qualités. Il s'agit de chercher le lama qui rassemble le plus de qualités possibles. Il lui faut avoir plus de qualités que nous-mêmes.

Il est dit dans les textes que, si l'on suit quelqu'un qui a moins de qualités que soi, il nous attire vers le bas. Si cette personne a la même évolution spirituelle que nous, nous allons stagner. C'est pourquoi, lorsque nous cherchons un maître, nous recherchons quelqu'un qui a plus de connaissances que nous.

 

Les qualités du disciple à l'intérieur des différentes écoles

 

Il y a trois catégories de disciples: ceux du théravada, du mahayana et du vaJrayana.

En ce qui concerne le théravada, il s'agit d'avoir du respect pour le kalianmitra, le maître que l'on décide de suivre. Cela nécessite d'être prêt à conserver ses vœux, à pratiquer la méditation et à réciter et lire des soutras. On est quelqu'un qui est très organisé et à la fois très calme. La patience est une autre des caractéristiques d'un tel disciple.

Pour ceux qui pratiquent le mahayana, le respect, la compassion, la sagesse de l'étude, la patience, sont parmi les qualités requises. Penser à ce qui peut être bénéfique pour autrui et pour soi, chercher à écouter et réfléchir au sens de la vacuité font partie des préoccupations d'un tel disciple.

Pour les pratiquants du vajrayana, un des éléments les plus importants est la dévotion envers le maître. Il faut être capable de garder des secrets, avoir un grand cœur, être patient et compatissant. Il faut aussi être diligent à pratiquer. Il est difficile de rassembler toutes ces qualités. Mais, comme pour le maître, si l'on possède la plupart de ces qualités, on est alors qualifié. Si l'on est prêt à s'améliorer, à suivre les instructions du maître, si l'on a une forte dévotion envers le maître, alors on est un disciple qualifié.

Dans le passé, les maîtres mettaient les disciples à l'épreuve durant trois années, voire plus. Mais les disciples faisaient de même pendant un temps identique. Un jour, un empereur dans l'empire mongol reçut la visite d'un maître spirituel. Durant trois ans, ils se sont éprouvés l'un l'autre. Cela montre combien il est difficile de trouver un maître et d'accepter quelqu'un comme disciple. Cette histoire est connue, car le disciple en question est un empereur. L'histoire est faite par les gens connus.

 

S'en remettre à un maître spirituel et établir la connexion

 

Il y a deux aspects: les actions mentales et les actions physiques. Lorsqu'on va à la rencontre du maître spirituel, qu'on apprend à ses côtés, on doit avoir une attitude mentale pure et juste. Nous pouvons comparer cela au fait d'aller voir le médecin lorsque nous sommes véritablement malades. Personne n'a pu nous aider à guérir jusque-là. Imaginez le type d'espoir que vous avez au cœur. Il s'agit du même type d'attitude d'esprit lorsqu'on va voir un lama. Il nous faut savoir que nous l'approchons afin d'apprendre à purifier les voiles qui sont cause de souffrance. Il nous faut donc le voir comme un médecin et nous considérer comme malades. Il nous faut comprendre la souffrance comme étant la maladie issue des trois poisons*.

 

Trois façons de faire

 

Dans la pratique du vajrayana, cela se manifeste sur le plan physique dans trois domaines. Il y a tout d'abord l'offrande matérielle. Il est important de s'occuper des besoins matériels du maître. Il ne s'agit pas seulement de donner ce qui nous appartient. Cela va bien au-delà. Nous offrons tout, y compris notre corps, notre parole et notre esprit. On pourrait croire qu'il est nécessaire de tout offrir au maître spirituel parce que celui-ci le veut.

Ce n'est pas une façon juste de voir et de concevoir l'offrande. Elle permet au disciple de réduire l'attachement et le désir qui habite son esprit. Naropa a demandé à son disciple Marpa de lui offrir de l'or. Si celui-ci avait eu une vision erronée, il aurait été perturbé et cela l'aurait empêché d'avancer sur le chemin. Marpa, plein de confiance, a donné son or à Naropa, qui a jeté cette poudre d'or aux quatre vents. Faisant l'offrande de son corps, de sa parole et de son esprit, l'étudiant se prépare à aller plus loin sur le chemin.

Ensuite, il y a le service. Ce point est important pour ceux qui sont aisés. Il leur est facile de donner des biens, mais plus difficile de servir. C'est pourquoi il est important de le pratiquer. Grâce à cela, il est possible de réduire l'orgueil.

Puis, il y a la pratique. Il s'agit de se souvenir de ce qu'a dit le maître et de le mettre en pratique. S'il quitte son corps, il nous est difficile de faire l'offrande et de servir, mais il nous est possible de mettre en oeuvre ses instructions. Par exemple, lorsque nous commençons à nous sentir en colère, si nous agissons négativement, nous nous souvenons du lama et de ses paroles. Cela nous aide à garder la connexion avec le maître spirituel et ainsi à arrêter les paroles ou les actes négatifs. Au moment de quitter son corps, le Bouddha avait tous ses disciples auprès de lui.

Les arhats présents lui demandèrent qui allait prendre soin d'eux une fois qu'il serait parti. Ils l'interrogèrent pour savoir comment rester proches de lui. Le Bouddha leur dit qu'il leur laissait ses enseignements et leur demanda d'agir en les utilisant comme guide. Il leur dit de ne pas le considérer comme un guide personnel, ni de faire des offrandes d'encens et de lumière, mais bien plutôt des offrandes de la pratique. Les représentations du Bouddha ont été très tardives. Au départ, il n'y avait que l'empreinte de son pied et l'arbre. Le premier représente sa venue en ce monde, et le second, son Eveil

 

La dévotion

 

La dévotion est essentielle. L'un des maîtres kagyu a dit: "Le lama est comme le Bouddha pleinement Eveillé. Il est semblable à une montagne enneigée. Si le soleil de la dévotion ne s'élève pas, nous ne pourrons pas recevoir le courant de la bénédiction. Le soleil de la dévotion fait fondre la neige. Si elle ne fond pas, l'eau de la bénédiction ne peut pas s'écouler." Sans dévotion, on ne peut pas recevoir la bénédiction du lama. Il y a diverses façons de se souvenir du lama. Ce qui est abstrait est difficile à se représenter. C'est pourquoi il y a des représentations et des pratiques telles celle du gourou yoga*.

Cette pratique donne une forme au lama et nous permet de nous souvenir de lui. Le mieux est d'utiliser le texte. Mais on peut aussi imaginer le lama présent au-dessus de notre tête. Il est assis sur un lotus. Lorsque nous allons dormir, nous imaginons qu'il se trouve au niveau de notre cœur sur un lotus à huit pétales et dans une sphère de lumière transparente. C'est une façon simple de se souvenir du lama. Le plus important est de se souvenir des enseignements et des mots qu'il a prononcés.

 

Le gourou yoga

 

Dans le gourou yoga, on peut accomplir une étape supplémentaire. Dans les textes, il est dit que le maître, au-dessus de notre tête, se dissout et fond en nous. Nous devenons alors inséparables. Cette pratique nous permet de comprendre que notre esprit et celui du maître sont inséparables. En pratiquant ainsi, ce n'est pas comme si on rajoute du lait dans du thé. Les deux liquides peuvent être séparés.

Une corde blanche et une corde noire tressées ensemble peuvent être dissociées. Tout ce qu'on mélange peut être séparé. Si dans l'esprit nous créons artificiellement un lama, si nous considérons que ce sont deux choses séparées, il est possible de les diviser puisqu'elles sont fabriquées. Si dans l'esprit nous comprenons la pensée dualiste, nous comprendrons que notre esprit et celui du lama sont inséparables depuis l'origine.

On peut méditer le lama au-dessus de sa tête pendant la journée et au niveau du cœur pendant la nuit. On peut aussi le méditer continuellement au niveau du cœur. Si on le médite en permanence au-dessus de la tête, on peut avoir des problèmes de loung, d'énergie. Il y a un canal d'énergie qui aboutit au-dessus de la tête. Au niveau du cœur, il n'y a aucun danger à méditer. Les deux méthodes sont bonnes. A chacun de choisir celle qui lui convient le mieux.

 

QUESTIONS/REPONSES

  

Question: Un bouddha va avoir quel genre de maître ?

 

Gyaltrul Rinpoché : Les bouddhas font comme nous. Au départ, ce sont des être ordinaires. Ils ont des maîtres ordinaires, puis des maîtres qui sont des bodhisattvas et enfin, des maîtres qui sont des bouddhas. Puis, eux-mêmes atteignent l'Eveil. Si l'on considère la vie présente du Bouddha Siddhârta, il n'a pas eu de maître spirituel. Dans cette vie-ci, son but était de réaliser l'Eveil et tout était mûr pour cela. Dans le domaine spirituel, quand on parle d'avoir un maître, il ne s'agit pas seulement d'une vie, mais de plusieurs vies.

 

 Question: Peut-on avoir plusieurs lamas racines ? Lama Guendune étant parti, devons-nous chercher un autre lama racine ?

 

Gyaltrul Rinpoché : Il est préférable d'avoir un bon maître que plusieurs maîtres. C'est important, car plus de lamas vous avez, plus de samayas*, d'engagements vous avez. Il faut voir si le maître correspond à votre niveau, à vos croyances ou non. Si vous l'avez vérifié, pendant trois ans par exemple, alors vous savez où vous vous situez. Sinon, l'enseignement est le maître, plus que la personne en elle-même.

 

Question: Si le maître habite loin, jàut-il en chercher un autre ?

 

Gyaltrul Rinpoché : Sur le plan spirituel, il n'y a pas de distance. l'aspect physique ne va jamais entraver la relation du maître et du disciple. Il n'est donc pas question de dire: "Mon maître est proche ou lointain." Les habitants d'une ville vivent tout proches de monuments célèbres, et pourtant, ce sont les étrangers, ceux qui viennent de loin, qui les visitent. De même, si l'on est très proche d'un maître, il n'est pas dit qu'on en profite pour apprendre à son contact. Peut-être vaut-il même mieux habiter à une certaine distance du maître.

 

 Question: Doit-on rencontrer souvent le maître ?

 

Gyaltrul Rinpoché : Cela dépend de notre pratique. Lorsqu'on est débutant, il est important de rencontrer le maître, surtout si l'on a des questions. Ensuite, la rencontre du maître est moins importante. Ce qui compte est de garder le lien par la dévotion. Il faut surtout se rappeler ce qu'il a dit.

 

 Question: Qu 'en tendez-vous par sambhogakaya ?

 

 Gyaltrul Rinpoché : En tant qu'être ordinaire, on peut atteindre le nirmanakaya. Le sambhogakaya, qu'on appelle le corps de jouissance, concerne les êtres qui ont une grande réalisation de la nature de l'esprit. Le nirmanakaya, qui est un autre aspect de l'Eveil, de la réalité, peut être abordé par les êtres ordinaires. Par exemple, la forme humaine du Bouddha Shakyamouni est un nirmanakaya. C'est ce qu'on appelle un corps d'émanation. Le dharmakaya*, le corps de sagesse des phénomènes, ne peut être abordé que par les êtres totalement réalisés et accomplis. Nirmanakaya, sambhogakaya et dharmakaya sont trois aspects de l'Eveil.

Le nirmanakaya, le corps d'émanation, c'est le Bouddha Shakyamouni. Le sambhogakaya, le corps de jouissance, ce sont ces êtres qui sont représentés sur les peintures, comme Dordjé T chang, le Bouddha primordial, couleur bleue, vêtu de soieries, ayant différents ornements; c'est l'aspect plus subtil de l'Eveil. Le dharmakaya, le corps de sagesse, ne peut pas être représenté, il est au-delà de toutes formes.

Le sambhogakaya, le corps de jouissance, a différentes caractéristiques qui le différencient du nirmanakaya. Cet aspect de l'Eveil est caractérisé par la stabilité et la régularité. A ce niveau-là, les enseignements donnés sont ceux du grand véhicule*. Les disciples de ce niveau sont en partie des accomplis, des bodhisattvas; ce sont des disciples confirmés. Au niveau de nirmanakaya, le Bouddha a transmis toutes sortes d'enseignements pour toutes sortes de disciples. Ce corps est caractérisé par l'irrégularité.

Dans les trois mots, on entend la syllabe kaya* qui signifie: "corps, forme, ce qui contient". Nirmana signifie "construit", " émané". Nirmanakaya est "l'objet qui contient l'émanation de quelque chose". Sambhogakaya, signifie "l'objet qui contient toutes les vertus, les bonnes choses". Sambhogakaya, nous montre donc les vertus de l'Eveil. Dharma signifie "la réalité, la vérité", dharmakaya, "celui qui détient la vérité".

 

 Question : Quelle est la différence entre la dévotion et la confiance envers le lama ?

 

Gyaltrul Rinpoché : Confiance et dévotion sont différentes, mais reliées, associées. On a de la confiance en soi-même, mais rarement de la dévotion. Cela montre bien qu'elles sont différentes. Il est important d'avoir confiance et dévotion réunies envers le lama. La caractéristique de la confiance, c'est qu'elle a plus de force que la dévotion. Ce n'est pas de l'orgueil, mais cela y ressemble. C'est une force positive.

Question: Quelle est la différence entre l'orgueil et ce que l'on appelle l'orgueil adamantin, l'orgueil de vajra, la fierté de la divinité ? Comment savoir que l'on est dans la fierté de la divinité ou dans l'orgueil ordinaire ?

 

Gyaltrul Rinpoché : L'une est pure et l'autre non. L' orgueil vajra ou la fierté de la divinité est l'expression de la confiance. Il s'agit de la confiance en soi. Quand on médite une divinité, il ne faut pas se dire: "Je visualise une divinité." Il est important de concevoir que l'on est la divinité et de développer la confiance en cela. Si l'on pratique dans cet état d'esprit, il ne peut pas y avoir de résultat négatif. L'autre orgueil, c'est l'orgueil ordinaire, habituel, qui est un des cinq poisons.

 

 Question : Quand un disciple obtient les qualités du maître, c'est-à-dire l'Eveil, que devient la dévotion ?

 

Gyaltrul Rinpoché : Toute personne qui pratique va le faire à partir d'un état ordinaire. Chacun va parcourir le chemin jusqu'à la réalisation de l'Eveil. Cela va se faire à travers différentes étapes. Dans le bouddhisme, elles sont appelées les cinq chemins. Au fur et à mesure que l'on va passer d'un chemin à l'autre, d'un niveau de réalisation à l'autre, la dévotion, la connaissance et les différentes qualités vont se transformer. Au moment où l'on va réaliser l'Eveil, toutes ces qualités prendront la forme de la sagesse de l'Eveil. En ce qui concerne les deux premiers chemins, celui de l'accumulation et de la jonction, la dévotion est importante.

C'est l'élément le plus important de la pratique. Au départ, dans les deux premiers chemins, l'attitude mentale et l'intention sont essentielles. Au fur et à mesure qu'on va réaliser l'Eveil, on ne sera plus dans une attitude mentale ou dans une intention, mais dans une expérience. On sera dans la réalisation même des qualités, dans une connaissance immédiate.

Au fur et à mesure qu'on va avancer vers l'Eveil, la dévotion va se transformer. Les besoins deviennent différents sur le chemin. Ce n'est pas simplement la dévotion qui va se transformer mais tous les aspects de l'esprit. Lorsqu'on réalise la vacuité, on a une vision nouvelle, on perçoit des éléments qu'on ne peut percevoir aujourd'hui.

Toutes les qualités et toutes les caractétistiques de l'esprit vont se transformer. La dévotion et la bodhicitta* font partie de cette transformation. Pour le moment, nous sommes dans la phase de la motivation, de l'intention. Nous pratiquons la bodhicitta avec l'esprit d'Eveil d'intention. Nous souhaitons atteindre l'Eveil pour accomplir le bienfait de tous les êtres et il s'agit d'une intention mentale. Au fur et à mesure qu'on va avancer sur le chemin, cette intention va se transformer. Le Bouddha a décrit vingt et un types de bodhicitta, d'esprit d'Eveil.

Il a donné différents exemples pour permettre de comprendre ce que sont ces vingt et un niveaux. Pour commencer, la bodhicitta est semblable à la terre, au fondement. Ensuite, elle devient semblable à de l'or, puis à la lune, au feu. Cela montre que cette bodhicitta va évoluer progresslvement sur notre chemin.

 

Question : Pourriez-vous parler de la nature de l'esprit en relation avec l'esprit de sagesse et l'esprit ordinaire ?

 

Gyaltrul Rinpoché : Il y a l'esprit ordinaire, la nature de l'esprit et l'esprit de sagesse. L'esprit ordinaire est celui qui se déploie, qui entre en action à travers les perceptions des cinq portes, les cinq sens, les perceptions sensorielles et les pensées.

L'ego utilise cela. L'esprit ordinaire est tourné vers l'extérieur. Ensuite, il y a la nature de l'esprit qui est l'esprit dénué de ses tendances fondamentales. C'est l'esprit en lui-même, tel qu'il est. Cet esprit de sagesse qui est activé est tourné à la fois vers l'extérieur et vers l'intérieur. Les bodhisattvas et les bouddhas* se manifestent dans le monde sous bien des formes. Ils peuvent prendre l'aspect d'un médecin ou d'un navigateur. Le but de ces bodhisattvas est d'aider les autres. La façon dont cela va se passer n'a pas d'importance, dès l'instant où il y a une aide.

 

 

 

 

 

 

 

 

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