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Sharminub, le 22 novembre 2017

  À la découverte de l’activité de Karmapa, dans le sillage de lama Jigmé Rinpoché

Jigmé Rinpoché et khenpo Gyaltsen Zangpo embrassant du regard le travail accompli et celui qui reste encore à faire…

En tant que secrétaire général de Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVII^e Gyalwa Karmapa, lama Jigmé Rinpoché veille au parachèvement de Sharminub, au Népal, depuis le décès de Shamar Rinpoché. Sa vigilance s'exerce tant au niveau de la construction extérieure des bâtiments que de la formation continue des moines enseignants et de l’éducation des enfants démunis recueillis à l’Institut de Sharminub.

Institut Sharminub

Rinpoché a rencontré aujourd’hui l’équipe des moines dirigés par khenpo Gyaltsen Zangpo ; ils sont venus de Kalimpong, une fois diplômés, pour poursuivre leur cursus d’étude et de pratique tout en se dédiant aux enfants dans le besoin.

Les instructions que Rinpoché leur a données ont résonné de façon bien familière à mes oreilles… Rinpoché les a tout d’abord mis en garde contre les obstacles qu’ils pouvaient rencontrer, notamment ceux liés au voile de la connaissance. Afin que les connaissances qu’ils ont acquises au fur et à mesure de leur cursus d’étude philosophique au shedra de Kalimpong ne viennent pas créer un nouvel obscurcissement dans leur esprit, plusieurs ingrédients doivent être combinés. Le premier est celui de la pratique méditative, qui évitera que les connaissances acquises se transforment en rigidité mentale, d’une part, et permettra, d’autre part, qu’elles s’affinent et soient intégrées à un niveau qui n’est plus seulement intellectuel, mais qui s’inscrit au plus profond de l’être. À cette fin, il leur a enjoint de commencer la pratique régulière des principaux yidams de la lignée karma kagyü (Gyalwa Gyamtso, Korlo Demchok, Dorjé Pakmo, etc.) Ces pratiques s’effectueront en groupe, dans le temple abritant le stoupa reliquaire de Shamar Rinpoché.

Jigmé Rinpoché a insisté sur le fait que l’apprentissage doit se déployer progressivement et qu'il convient tout d’abord d'apprendre les aspects extérieurs de ces pratiques (chants, musiques, offrandes, déroulés, etc.) Cependant, si maîtriser les aspects formels permet d’accumuler certains mérites, cela n’est pas suffisant pour progresser plus avant. Il s’agit donc, au fur et à mesure d’une pratique régulière, de développer les différentes phases d’accomplissement de ces pratiques.

 Temple abritant le stoupa reliquaire de Shamar Rinpoché lors 
de sa consécration par lama Shérab Gyaltsen Rinpoché 

Rinpoché poursuit en indiquant que la pratique méditative régulière permet ainsi d’affranchir l’esprit de ses schémas habituels et de ses habitudes rigides, ce qui l'ouvre à une nouvelle compréhension. Pour ce faire, chacun a aussi besoin de provisions de mérite, qui s’acquièrent en se dédiant aux autres. Ainsi, grâce à leur implication désintéressée et à l’aide qu'ils apportent aux enfants accueillis à Sharminub, ces moines œuvrent non seulement au bien de ces enfants, mais aussi au leur.

Khenpo Gyaltsen Zangpo, directeur de l’Institut.Trait particulier : infatigable travailleur.
Après sa journée de travail, la nuit, il coud des vêtements pour les enfants

Rinpoché a terminé la réunion en expliquant que, puisqu’ils avaient choisi en étant moines de se dédier à la pratique du chemin vers l’éveil, il était important de veiller à ce que leur vie emprunte toujours cette direction, car l’expérience lui a permis de constater que, si l’on ne veille pas à toujours préserver les trois aspects de l’étude, de la pratique méditative et du service aux autres, quel que soit le niveau spirituel que l’on ait pu atteindre, tout peut s’effondrer et l’inestimable opportunité de la vie humaine être gaspillée.

Par ailleurs, Rinpoché a ajouté que mettre en œuvre ces indications est aussi ce qui permet d’installer la bénédiction dans un lieu. En effet, la bénédiction n’est pas tant extérieure qu’instillée par la pratique conjointe de chacun et c’est ce qui fera de cet endroit un lieu béni, selon les aspirations de Shamar Rinpoché.

Puis Rinpoché s’est tu, il y a eu un long moment de silence. Tout était dit.

Qu’il s’exprime en tibétain ou en anglais, en Asie ou en Europe, devant des moines ou des pratiquants laïques, les instructions de lama Jigmé Rinpoché sont les mêmes pour ceux qui souhaitent progresser vers l’éveil : il s’agit tout simplement de l’enseignement du Bouddha.

 Audrey Desserrieres

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