"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."
LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ
"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."
LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ
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Tchenrézi à 1000 bras
Véronique : « Les nyoung-nés, c’est un voyage pour le corps et l’esprit. Confort et inconfort alternent. J’observe l’inconfort. C’est plein d’inattendus. Je n’avais jamais fait de retraite avant ; bien sûr l’esprit s’évade, mais comme on est tous ensemble et que c’est la même pratique tout du long, on est attentifs et présents, même dans les dortoirs le soir. »
Pratiquer les nyoung-nés, c’est s’immerger dans une transmission où il est question d’une princesse qui a renoncé à son royaume, d’un bodhisattva doté de mille bras, de prise de vœux, de journées de silence et de jeûne, ainsi que de méditation sur la compassion. Environ cinquante personnes se sont rassemblées en ce mois de mars dans l’Institut, autour de lama Nyigyam qui a mené les deux semaines de nyoung-nés annuels avec la simplicité et la force qu’on lui connait à présent. Étant donné l’affluence des participants, cette pratique a eu lieu pour la première fois dans le bâtiment de l’Institut.
Les participants prennent les vœux de sodjong tôt le matin
Hinayana, le véhicule de base
Un nyoung-né dure deux jours et, chaque matin, les huit vœux de sodjong sont pris jusqu’au lever du soleil le lendemain. La retraite comprend huit nyoung-nés, ce qui fait une retraite de deux semaines, mais chacun y participe selon ses capacités et ses possibilités.
Pascale : « Les vœux consistent à donner sa parole. Cela a du poids. Cela donne une ossature à la pratique toute la journée. »
Ces vœux dans le cadre des nyoung-nés consistent à s’abstenir de huit actions.
Ces engagements, associés à la vigilance, ont pour but de réduire fortement les actions karmiquement néfastes et sont issus du premier véhicule enseigné par le Bouddha, le véhicule de base.
Patricia : « Se taire toute la journée me permet de voir mes attentes et de prendre conscience de mon besoin de communication. »
Comme l’explique lama Nyigyam, le sens du mot nyoung-né est de maintenir une forme de restriction : on restreint les activés du corps, de la parole et de l’esprit. Comme on ne mange pas une journée sur deux et que des prosternations sont accomplies à certains moments dans la pratique, cela a pour effet de purifier les négativités accumulées par le corps. Le silence préservé réduit les négativités accumulées par la parole, et nous pouvons ainsi voir combien de paroles inutiles, blessantes, clivantes ou trompeuses sont proférées, bien souvent sans même nous en rendre compte. Comme l’esprit s’entraine à se concentrer en un point, dissipant la distraction, les actes non vertueux de l’esprit liés à la convoitise ou à la malveillance ne prennent plus place.
Mais ceci n’est qu’une dimension de la pratique. En effet, les vœux sont pris pour faire de nous un réceptacle approprié à la compassion.
Mahayana, la pratique de la compassion
Les nyoung-nés sont également une pratique du grand véhicule. Lama Nyigyam encore : « Tous les êtres ont la nature de bouddha, mais ils ne l’ont pas encore actualisée, c’est pour cette raison qu’ils éprouvent toutes ces souffrances. L’actualisation des qualités éveillées a pour cause l’esprit d’éveil qui a deux aspects : l’intention et l’application. » L’intention, c’est le fruit souhaité : l’éveil des êtres ; l’application est le chemin pour y arriver, dans notre cas c’est la mise en œuvre de la pratique des nyoung-nés !
En méditant tout la journée, chacun s’entraine à la compassion, à partir de son expérience.
Patricia : « Ne pas boire et ne pas manger, c’est intéressant car cela me permet de me relier. Quand je me dis « j’ai soif », je me relie aux êtres qui souffrent. Cela décentre. En fait, j’observe mes dépendances par rapport au corps et je me questionne sur l’indispensable. Je rencontre mes croyances et mes névroses et je vois combien je suis centrée sur moi. »
Thibault : « J’avais d’abord peur que ce soit trop dur. Puis je suis content d’être venu et d’être resté. Cela me permet de développer la persévérance. De plus cela m’ouvre aux autres, je me relie à l’esprit d’éveil. »
Alexandra : « C’est la même chose que la pratique au quotidien, mais en plus long et extensif. Je développe la détente, la confiance, l’ouverture à la sagesse et la compassion. Tout est déjà là. Il s’agit de tourner son esprit vers la souffrance et vers l’éveil. »
Michel : « Je pense à ceux qui ne choisissent pas de ne pas manger et de ne pas boire. »
Patricia : « La pratique me montre mon manque de générosité. Je deviens généreuse dès que je suis moins centrée sur moi »
Mais une troisième dimension imprègne la pratique : le vajrayana.
Vajrayana, l’activité de Tchenrezi
Michel : « Cette pratique me permet de développer la foi, c'est-à-dire la certitude d’être relié à Tchenrezi. Il est vraiment là. Je cultive cette connexion. »
Les nyoung-nés sont aussi une pratique des tantras centrée sur la méditation de Tchenrezi et la récitation de son mantra. Tchenrezi incarne la compassion, la qualité racine qui a donné naissance à tous les bouddhas. Ici, il s’agit de l’aspect de Tchenrezi à 1000 bras. Quand on récite le mantra, explique lama Nyigyam, il faut garder à l’esprit les qualités de Tchenrezi, avoir confiance en son activité et nourrir le désir d’actualiser les mêmes qualités que lui. Si nous récitons avec confiance, enthousiasme et sans distraction, les fruits se manifesteront.
Cyril : « La récitation du mantra et la pratique de la visualisation remplacent l’esprit brouillon. Les choses se simplifient. Le silence accompagné du jeûne nous rapproche de nos pensées. Il y a bien plus d’attention aux pensées. On les voit et on les laisse passer. »
Françoise (plus de 70 ans) : « La patience par les visualisations et les récitations de mantras apportant une autre nourriture. Purification assurée – je confirme que l’âge, même avancé, n’est pas un obstacle. »
Et la princesse, alors ?
Cette pratique trouve son origine en guélongma Palmo dont la vie est source d’inspiration pour bien des pratiquants. À l’origine, elle était une princesse de grande beauté, mais elle refusa son mariage forcé à l’âge de huit ans et renonça à son royaume pour une vie d’étude et de méditation. Elle étudia les différents aspects de l’enseignement du Bouddha, prit l’ordination et préserva une éthique d’une grande pureté. C’est alors qu’elle fut atteinte de la lèpre et que, chassée par tous, elle reçut la transmission de la méditation de Tchenrezi à 1000 bras ; elle la pratiqua sans relâche malgré des conditions parfois éprouvantes. Malgré des périodes de doutes et de difficultés, elle finit par guérir et obtenir les accomplissements.
Alors qu’elle a une vision de Tchenrezi, elle lui fait cette remarque :« Votre compassion, Tchenrezi, est bien faible. Cela fait douze années que je pratique, douze années d’épreuves et d’ascèse et c’est seulement maintenant, au bout de douze ans, que vous vous montrez, que je peux enfin vous voir ! »
Il lui répondit :« J’ai toujours été près de toi, dès le premier jour où tu as commencé à pratiquer, nous n’avons jamais été séparés. Mais à cause de tes obscurcissements, tu n'as pas pu me voir. »
Guélongma Pamlmo
Béatrice : « Le premier mot qui me vient en parlant des nyoung-nés est la dévotion. La compassion se développe par la dévotion, même les restrictions ne sont plus restrictions ! La souffrance est amenée au chemin, elle est perçue comme un moyen de libération par la dévotion et l’attention aux êtres. »
L’année prochaine, en mars, nous recommençons !
Puntso, responsable du programme de Dhagpo
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