Chers amis du Dharma,
J'ai été ému d'apprendre qu'à la suite du typhon dévastateur qui a frappé le centre et le nord du Japon, samedi, au moins 77 personnes ont perdu la vie et plus de 200 autres ont été blessées.
Nous offrons au peuple japonais notre compassion, mais aussi de l'espoir.
En effet, la mort n’est pas la fin – elle ne l’a jamais été. La mort n'est qu'un autre aspect, une autre partie de la vie, qui peut être appréhendé à travers la nature de l'impermanence. En permettant à l’apparition et à l’expérience de la mortalité d’aller et venir, les concepts de « limites » et « d'au-delà des limites » diminuent.
Dans le bouddhisme, la pratique de la compassion et de la sagesse consiste à permettre le va-et-vient des concepts. La sagesse et la compassion sont une richesse ou un trésor inhérent qui semble souvent caché en nous. Tout ce que nous devons faire, c'est ne pas craindre de révéler cette richesse intérieure.
Ainsi, par exemple, lorsque des êtres qui nous sont chers décèdent, si nous pouvons trouver le courage de les laisser être, nous n’avons pas besoin d’avoir peur de les laisser partir. En effet, ils ne sont pas vraiment « partis », et d'ailleurs, avant tout, ils n'ont jamais été réduits à leur apparition momentanée qui n'était qu'un aspect d’eux-mêmes.
Les êtres qui nous sont chers n’ont peut-être pas compris que leur apparition momentanée n’était qu’un chapitre de leur histoire, mais si nous leur montrons ce courage de les laisser être, cela les aidera réellement dans leur cheminement pour actualiser leur richesse intérieure. Ils se rendront compte que leur apparition n’était qu’une expérience temporaire, et qu’il en est ainsi.
Au cœur de la tragédie, lorsque nous montrons ce courage, nous pouvons voir émerger une étincelle de clarté qui nous aide à surmonter les mots, les chiffres et autres concepts qui, par nature, sont réducteurs et limités. En fait, nous pouvons constater que, sans tragédies, nous n’aurions peut-être jamais pu vaincre les concepts, ce qui constitue en soi la pratique de la sagesse et de la compassion.
Si nous percevons cette étincelle de clarté, nous n’avons pas besoin de la craindre. Bien que les tragédies semblent être écrasantes et permanentes, elles ne le sont jamais. Pas à pas, avec un courage croissant, nous pouvons laisser l’expérience des tragédies aller et venir et le monde des mots, des chiffres et des concepts ne nous dominera plus.
Avec compassion pour le peuple du Japon et pour tous les êtres sensibles,
Thayé Dorjé
Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa