"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."

LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ

Les réservations du programme d'été  sont ouvertes à partir du 26 avril à 9 h
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Le 14 mai 2022


Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa, partage le message à l’occasion du Vesak 2022.

 

 

 

Chers amis du Dharma,

Lundi prochain, le 16 mai, correspond au jour du Vesak (également connu sous le nom de Bouddha Jayanti ou Bouddha Purnima) – la fête bouddhiste qui commémore la naissance, l'éveil et le parinirvana de notre Bouddha historique, le bouddha Shakyamuni.

Bien sûr, la Reine des prières d'aspiration de Samantabhadra - qui est extraite du Gandavyuha, un chapitre de l'Avatamsaka Sutra et qui en résume l'essence - nous dit que sur chaque particule de notre monde, il y a autant de champs purs qu'il y a d'atomes dans l'univers, et que dans chacun de ces champs purs résident des myriades de bouddhas et de bodhisattvas.

Il ne s'agit pas d'une simple analogie, mais d'une description de la réalité des choses. Cependant, en raison des limitations liées à notre condition humaine, nous ne sommes capables de voir les choses qu'une par une, de manière linéaire, et nous parlons donc d'une série de bouddhas historiques, apparaissant les uns après les autres.

Et bien sûr, à notre époque, nous avons la chance de pouvoir nous considérer comme les disciples de l'un de ces innombrables bouddhas : celui qui a commencé sa vie sous le nom de prince Siddharta, qui a atteint l'éveil parfait sous l'arbre de la Bodhi à Bodhgaya, et qui a ensuite été connu sous le nom de bouddha Shakyamuni.

En tant que bouddhistes, nous considérons le Vesak comme le jour le plus sacré de l'année lunaire, et nous faisons de notre mieux pour le célébrer avec autant de sincérité que possible. Nous nous souvenons de l'enseignement du Bouddha et nous essayons d'utiliser cette journée pour le mettre en œuvre autant que nous le pouvons.

Et je pense que la façon la plus concrète et la plus pertinente de célébrer cette journée est de se concentrer sur la pratique du refuge. Je suppose que la plupart d'entre vous ont reçu les vœux de refuge bouddhiste de l'un de vos enseignants. La prise de refuge marque le premier pas sur la voie bouddhiste et c'est aussi le fondement de toute la progression. Un individu qui s'engage sur cette voie en prenant refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha promet de renoncer aux actions non vertueuses, ce qui constitue la base même de la progression vers la libération et l'éveil parfait, l'état de Bouddha.

Par conséquent, je voudrais tous vous encourager à célébrer le jour du Vesak en vous concentrant sur la pratique du refuge et, parallèlement, à réciter La Reine des prières d'aspiration de Samantabhadra.

C'est la requête que je voudrais adresser à tous mes compagnons de pratique.

De plus, j’encourage tous ceux d’entre vous qui sont familiers avec la pratique de sojong, qui ont déjà pris ces vœux par le passé et ont reçu des explications à ce sujet, à consacrer le jour du Vesak à cette pratique.
Comme toujours, ne prenez pas cette suggestion de ma part pour un commandement, un ordre que vous seriez obligés de suivre. Je suis bien conscient du fait que beaucoup d'entre vous ont un emploi du temps très chargé, avec d'innombrables devoirs et responsabilités.

Mais si vous vous sentez inspirés et que vous en avez le temps et l'occasion, je vous encourage à vous consacrer à cette pratique pendant une période de 24 heures, d'un lever de soleil à l'autre. Je crois que cette pratique est très bénéfique, car elle nous donne l'occasion d'observer une sorte de silence, au moins un jour par an. Je ne parle pas seulement ici de silence verbal, mais au-delà de cela, du silence des pensées.

Consacrer seulement 24 heures à cette pratique permettra à nos corps, paroles et esprit de se détendre de leur agitation habituelle. Je ne cherche pas à insinuer que nos obligations sociales et les diverses responsabilités que nous avons dans nos vies sont sans importance ou dénuées de sens. Pas du tout ; elles sont liées aux gens, aux individus, aux communautés, à la société, et sont donc bien sûr importantes.

C'est juste que si nous pouvions acquérir une plus grande clarté de vue et une vision plus profonde grâce à ces pratiques, alors nos obligations sociales deviendraient de moins en moins lourdes et contraignantes.

Les obligations sociales et les responsabilités font partie intégrante de l'être humain, mais il est possible de les assumer de la manière la plus détendue et la plus naturelle possible, sans anxiété ni blocages. Ce que j'essaie de dire ici sera peut-être plus facile à comprendre si j'utilise l'analogie du soleil et de ses « devoirs et responsabilités ». Selon cette métaphore, le soleil a pour devoir de se lever chaque matin, de se coucher chaque soir et de donner de la chaleur et de la vie aux plantes, aux animaux et aux êtres humains. Ainsi, sans faillir, le soleil accomplit ces « devoirs » jour après jour, sans jamais s’enliser ou se sentir stressé, sans aucun blocage.

C'est, je pense, l'un des bienfaits de cette pratique : elle nous permet de devenir un peu plus comme le soleil, elle nous aide à fonctionner, à nous lever et à nous coucher, à vivre et à mourir, sans s’enliser, sans anxiété ni blocage.

Bien entendu, si vous ne pouvez pas pratiquer sojong le jour même du Vesak, il est toujours possible de le faire le jour suivant, ou le surlendemain. Il y aura toujours une autre occasion.

Pour ceux d'entre vous qui ne sont pas encore familiarisés avec la pratique de sojong, je vous suggère de l'essayer un jour si l’occasion se présente, ce pourrait être une bonne expérience. Tout le monde aime essayer de nouvelles choses après tout, et la pratique de sojong ne demande pas de grands efforts : elle est simple, paisible et agréable.

Dans ce contexte, j'aimerais partager quelques réflexions sur deux sujets qui, selon moi, peuvent parfois être source de malentendus.

Le premier concerne le terme de « vœu » et les connotations qu'il véhicule. Ce mot français, tout comme son homologue tibétain dom pa, semble véhiculer une nuance de restriction, de fermeture ou d'attache, et je pense que cela peut nous en donner une idée erronée.

Mais ce n’est pas parce que ce terme de dom pa renferme en lui-même quelque chose d’erroné. Dans la notion d’« attache » ou de « fermeture », en fait, ce qui est impliqué, c'est la fermeture des portes de notre corps, de notre parole et de notre esprit aux non-vertus.

Cependant, la façon dont certaines notions sont perçues dépend beaucoup de l'état d’esprit de l'époque dans laquelle nous vivons, de la mentalité contemporaine et des tendances prédominantes. Ainsi, pour les générations passées, il pouvait être parfaitement valable et même inspirant d'entendre parler de « fermer la porte aux non-vertus ». C'est une façon claire et réaliste de décrire les vœux.

L'époque actuelle, marquée par la modernité, les questions environnementales et la mondialisation, présente des avantages, mais aussi des inconvénients. D'un côté, nous avons plus de liberté et d'opportunités que jamais, mais de l'autre, nous sommes confrontés à beaucoup de choix, de stress et à un nombre sans précédent de tâches et de défis. Il me semble que la condition humaine contemporaine est ainsi faite que nous n'avons pas d'espace pour entendre parler de problèmes ou de défis. Par conséquent, si nous entendons parler de « fermer la porte aux non-vertus » etc., nous risquons de ne pas nous sentir stimulés ou inspirés. En tant qu'enfants de l'époque actuelle, nous préférons toujours envisager le bon côté des choses, leur aspect positif, leur partie agréable.

Heureusement, le terme tibétain dom pa – comme tant d'autres termes du Dharma – a un large éventail de significations, de nuances et de connotations. Nous pouvons donc simplement nous concentrer sur l’envers de la médaille et exploiter une autre nuance qui pourrait être plus appropriée à notre époque, comme par exemple, le « détachement ». Après tout, chaque fois que nous fermons une porte, une autre s'ouvre, et comme nous préférons toujours entendre parler du côté positif des choses, nous pouvons nous sentir plus motivés et inspirés lorsque nous abordons les vœux ou dom pa sous l'angle de l'ouverture, du détachement.

Cela peut nous aider à comprendre que le but de la pratique des vœux, ou de toute autre pratique bouddhiste, n'est pas de nous contraindre, de nous fermer, de nous attacher. En fait, c'est plutôt le contraire : toutes les pratiques du Dharma du Bouddha sont destinées à nous libérer, à nous détacher, à ouvrir notre cœur.

Qui sait, peut-être un jour trouverons-nous un nouveau terme – ou peut-être que le prochain Bouddha inventera un nouveau mot à la place de « vœu ». Mais pour l'instant, si cela fait sens, je pense que nous pourrions les considérer non pas comme des « vœux » mais comme « ce qui détache ».

Le second point que je voudrais aborder brièvement est le sens de mission que nous donnons souvent à notre pratique du Dharma.

Je me suis toujours senti inspiré par le début du Bodhicharyavatara, où Shantideva dit qu'il ne compose pas cette œuvre pour le bienfait d'autrui, mais pour son propre bienfait. En disant cela, il ne sous-entend pas qu'il n'a pas de bodhichitta ; il ne fait pas non plus le modeste. Il est simplement pragmatique, terre à terre, il n'exagère pas les choses. Il fait simplement ce qu'il fait et il aime le faire. Il n'y a donc pas le sentiment d'un fardeau, d'une mission pour laquelle il composerait ce texte. Il ne le fait pas pour la gloire ou la célébrité, ou pour sauver le monde.

Quiconque a l'esprit clair comprendra que le monde continue à tourner et qu'il n'est pas nécessaire de se soucier outre mesure d'une mission personnelle ou collective, de sauver tous les êtres sensibles ou le monde. Ce ne sont que des moyens de nous motiver, et si nous les trouvons utiles et inspirants, alors nous pouvons bien sûr nous consacrer à la pratique du refuge ou de sojong de cette manière.

Mais je pense qu'il n'est pas nécessaire de brandir de grandes bannières, d'accrocher des posters gigantesques ou de proclamer du haut d’un toit via des haut-parleurs : « je consacre ma pratique à sauver tous les êtres sensibles, ou à sauver le monde ».

Pour moi, tout cela revient à créer une agitation supplémentaire. Si vous créez une telle agitation en clamant : « promis, juré, à partir de ce moment et jusqu'à mon dernier jour, je me consacrerai à sauver le monde », cela peut sembler libérateur dans l’instant. Mais en réalité, la force de cette agitation n'est pas vraiment en lien avec le monde. Elle n'aboutira à rien, si ce n'est à créer un stress, un fardeau et une anxiété inutiles pour vous-même.
À l’inverse, la joie que Shantideva éprouve pour ce qu'il fait est si simple et pertinente. Lorsque vous aimez ce que vous faites, tout devient facile ; même si vous devez sauver le monde, cela devient facile.

En chinois, le mot utilisé pour « joyeux » ou « heureux » est kaixin qui signifie littéralement « cœur ouvert ».

Et je pense que c'est le véritable objectif de la pratique des vœux : nous détacher et nous aider à ouvrir notre cœur.

Ainsi donc, chers amis du Dharma, c'est ce que je vous souhaite à tous en ce jour de Vesak : puissiez-vous avoir le temps d'utiliser la pratique du Dharma du Bouddha pour trouver la joie et ouvrir votre cœur.

Avec mes prières,
Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa

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