"Le bouddhisme est un mode de vie par lequel nous développons les qualités de notre esprit.
C’est un mode de vie très particulier, car c’est une façon d’atteindre le bonheur
sans nuire à autrui."

LE XVIIe GYALWA KARMAPA, TRINLEY THAYÉ DORJÉ

Les réservations du programme d'été  sont ouvertes à partir du 26 avril à 9 h
→ Inscriptions ici

 

 EN Voir l'original sur karmapa.org | ES Español aquí

 

Le 10 février 2023

  

Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe  Gyalwa Karmapa, partage ses condoléances à la suite du récent séisme à la frontière de la Syrie et de la Turquie.

 

 

 

Chers amis du Dharma,

C’est avec une profonde tristesse que j’ai suivi l’évolution de la situation après le séisme dévastateur qui a frappé lundi dernier la région frontalière entre la Turquie et la Syrie.

Alors que j’écris ces lignes, le nombre de morts s’élève à plus de 21 000 et des dizaines de milliers de personnes sont blessées, sans parler de celles qui sont à présent sans abri et ont perdu les fondements matériels de leur existence.

Aucun mot ne peut rendre justice à ce que l’on ressent pour ceux qui subissent une telle calamité et même les prières semblent peu de chose face à une telle souffrance.

La seule chose que l’on puisse retenir est que la vie est vraiment fragile et il est triste que seules des tragédies aussi puissantes semblent pouvoir nous éveiller au véritable sens de l’impermanence.

Cependant, cela peut être l’occasion de réaliser que l’impermanence est la réalité et que, curieusement, l’impermanence est aussi la seule chose qui puisse nous apporter du réconfort : l’impermanence nous montre que personne parmi nous n’a jamais été ici à un quelconque début et que, par conséquent, personne ne périt vraiment puisqu’il n’existe personne pouvant périr qui soit véritablement ici.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser que les êtres chers que nous avons perdus sont « partis » vers un lieu inconnu et que nous sommes « vivants », sur un plan différent, et qu’ainsi nous nous sentons séparés, à part, isolés.

J’ai le sentiment que l’impermanence est l’un des aspects de la vie qui nous indique – et d’une certaine manière à travers nous-mêmes – qu’il est futile de tenter de ramener ce que nous avons perdu et que nous devons vivre avec la douleur de la perte.

J’ai le sentiment que la vie nous appelle à travers l’impermanence, en indiquant que le mot « perte » ou la pensée « séparation » ne sont que cela : un mot, une pensée, et rien d’autre.

Essayez alors de trouver un moyen, pas uniquement de savoir, mais d’éprouver que vous êtes seulement séparés par les mots, les pensées et les concepts.

Les concepts symbolisent le fait d’être ensemble, d’être en vie, d’être relié. C’est leur beauté.

Cependant, personne n’est véritablement vivant, en vie, personne ne subsiste « ici ». Personne n’est vraiment mort et perdu, parti « là-bas ».

Être « ici » et « là-bas » sont des concepts qui ne sont exprimés que par nous, les êtres humains. Et il n’y a rien de mal à nous exprimer à la manière humaine. C’est ce que nous faisons.

Néanmoins, être humain signifie aussi avoir le courage de comprendre que nous ne pouvons pas demander à nos concepts de ramener les personnes aimées, de revenir en arrière ou de demeurer avec des « et si ».

Nous devons abandonner les concepts « des êtres aimés » et le concept de leur perte.

Au lieu de pleurer et de supplier nos concepts de revenir aux choses comme elles étaient, nous devons trouver le moyen d’abandonner ces concepts et de chérir ce qu’ils nous ont donné, tous les souvenirs merveilleux qu’ils nous ont procurés.

C’est ainsi que nous pouvons réaliser que se sentir séparés n’est qu’une expression : l’expression du fait que nous ne voulons jamais être séparés et de combien nous souhaitons ne jamais être coupés des autres, mais nous n’avons pas à croire que nous sommes vraiment séparés, car sans les concepts, nous n’aurions jamais été séparés au préalable.

C’est pourtant notre luxe d’êtres humains que d’avoir l’opportunité de dire : « Je t’aime ». Nous avons le luxe de dire : « Je ne veux pas être séparé de toi. », même si nous n’avons jamais été séparés.

Par exemple, lorsque nous demandons à quelqu’un de prier pour nous, il est déjà garanti que les prières ne manqueront jamais, néanmoins, nous formulons tout de même ce souhait et d’une certaine manière, il s’agit de la beauté de la chose.

Les concepts ont tant fait pour nous, car sans eux nous ne saurions pas à quel point nous nous aimons les uns les autres. En réalité, nous nous sommes toujours aimés, bien avant de connaître les concepts, mais ce sont les concepts qui nous ont aidés à comprendre ce fait.

C’est la même chose pour tous les aspects de la vie et il est regrettable que nous ne le réalisions que lorsque nous sommes secoués par de grandes tragédies et que les petites choses, les détails insignifiants de la vie, ne parviennent pas à nous ébranler ou nous réveiller.

Par conséquent, l’expérience de la séparation que nous éprouvons à présent est une autre aide provenant de nos concepts : l’occasion de réaliser que nous n’avons jamais vraiment été séparés.

En bref, ce que j’essaie de vous dire est ceci : appréciez vos concepts, mais ne leur demandez pas de vous ramener les choses comme elles étaient. Ne leur demandez pas de revenir en arrière et n’en faites pas un mauvais usage en essayant de trouver le responsable de votre douleur. Ne les employez pas pour jeter le blâme.

Si nous faisons un mauvais usage des concepts en essayant de revenir aux choses comme elles étaient ou en jetant le blâme, nous ne trouverons aucun réconfort ni contrôle, parce que les concepts n’ont jamais été conçus pour cela.

Il est naturel que des pensées telles que : « Comment vais-je vivre à présent ? » s’élèvent dans ces moments, tout comme le sentiment d’être seul, apeuré, perdu et séparé. Lorsque ces pensées et ses émotions apparaissent, nous pouvons les autoriser, parce qu’elles sont simplement des façons uniques de vraiment dire : « J’aurais aimé ne jamais être séparé de toi et tu me manques beaucoup. »

Par conséquent, le seul réconfort ou la seule consolation que nous puissions trouver réside dans la compréhension que nous n’avons jamais été séparés.

Si vous vous souvenez des regards des êtres aimés, si vous vous souvenez de leur contact, particulièrement dans les moments où aucun mot n’était prononcé, ces souvenirs peuvent alors vous donner un aperçu de la vérité : nous n’avons jamais vraiment eu besoin des concepts pour savoir que notre amour a toujours été là.

Ainsi, nous pourrons réaliser que les concepts ne faisaient que décorer les fleurs qui étaient déjà magnifiques.

Je ne suis pas en train de dire que vous devez être forts, que vous devez vivre, que vous devez être courageux, comme si les tragédies étaient réelles, comme si vous et vos proches étiez vraiment séparés et que vous étiez vraiment laissés derrière et perdus.

Nous ne devons pas essayer d’être forts, comme si nous étions faibles. Nous ne devons pas essayer de vivre, comme si nous étions en train de mourir. Nous ne devons pas être courageux, comme si nous manquions de force. Nous n’avons jamais été faits pour cela.

Au lieu de cela, nous pouvons simplement chérir et apprécier tous les souvenirs magnifiques que nos concepts nous ont offerts et dire un sincère « au revoir » aux concepts pour nous laisser réaliser que nous n’avons jamais été séparés au préalable.

Avec mes prières,

Thayé Dorjé
Sa Sainteté le XVIIᵉ Gyalwa Karmapa

Coordonnées

   Dhagpo Kagyu Ling
Landrevie - 24290 Saint-Léon-sur-Vézère - tél : 05 53 50 70 75 -
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Dhagpo, siège européen de la lignée Karma Kagyu, est membre : 

 
Fédération Française
des Centres Bouddhistes
Karma-Kagyu


Union Bouddhiste
de France
 


European Buddhist
Union