Extrait du Tendrel 20, Novembre 1989
La persévérance est définie en sept points : inconvénients et avantages issus respectivement de l’absence et de la présence de la persévérance, l’essence de la persévérance, la classification, les caractéristiques essentielles de chaque aspect, la façon de l’accroître, les moyens pour la purifier, le résultat.
I. Inconvénients et avantages issus respectivement de l’absence et de la présence de la persévérance
1. Inconvénients de ne pas avoir de persévérance
Celui qui, bien que pratiquant les paramitas telles l’éthique, la générosité et la patience, est dénué de persévérance, sera paresseux. Étant pris de paresse, il n’accomplira pas d’actions vertueuses. Sans activité bénéfique, il ne pourra pas réaliser le bienfait des êtres. N’ayant pas cette capacité, il ne lui sera pas non plus possible d’obtenir l’éveil.
Ceci est exprimé dans un soutra, où le Bouddha répond à la question posée par Lodreu Gyamtso : « Celui qui est paresseux est en fait incapable de pratiquer ou de faire naître aucune des autres paramitas, depuis la générosité jusqu’à la sagesse transcendante. Celui qui est paresseux ne peut pas accomplir le bienfait des autres. En raison de cela, il ne pourra pas réaliser l’éveil avant un temps considérable et, en fait, il s’en éloigne sans cesse. »
2. Avantages issus de la persévérance
Celui qui a de la persévérance dans la pratique est un être dont les qualités positives, bénéfiques ne diminuent pas, mais au contraire s’accroissent sans cesse. Dans un autre soutra, le Bouddha exprime les bienfaits de la persévérance : « Celui qui possède cet enthousiasme développera et ne laissera jamais décroître les qualités positives ; par cela même, il sera comme celui qui obtient un trésor royal, le trésor de la sagesse transcendante. »
En outre, si l’on possède cet enthousiasme pour la pratique, on sera capable de traverser complètement la montagne de toute l’accumulation d’activité mondaine antérieure. « Celui qui fait preuve d’énergie se libérera des conditionnements du monde et transformera complètement toutes les formes de réalisation mondaine. » « Par cette énergie enthousiaste, le sublime éveil de la bouddhéité est obtenu. » Soutra : « Pour celui qui s’exerce en enthousiasme et énergie, il ne sera pas difficile de réaliser l’éveil. Il le réalisera de la façon la plus parfaite et la plus pure, il obtiendra l’éveil insurpassable. Qu’est-ce que cela signifie ? Lodreu Gyamtso, sache que, là où il y a enthousiasme et persévérance, il y a éveil. »
II. L’essence de la persévérance
L’essence de la persévérance est le fait de se réjouir dans la vertu, de trouver sa joie dans l’action positive. Soutra : « Qu’est-ce que l’énergie enthousiaste ? C’est le remède à la paresse, c’est l’état d’esprit dans lequel on éprouve de la joie manifeste à se tourner vers la vertu, vers l’accomplissement spirituel. » Soutra : « Le fait de se réjouir complètement et parfaitement de l’activité positive, de l’accomplir avec beaucoup d’élan, d’inspiration, voilà ce que l’on peut appeler l’essence de la persévérance. »
Il est dit que l’effort enthousiaste est l’antidote à toutes les paresses qui conduisent vers des actes impurs et erronés. Ces paresses se présentent sous trois aspects. Tout d’abord, il y a celle que l’on pourrait appeler de l’indifférence ou oisiveté. Ensuite, il y a la paresse qui est un manque de confiance ou découragement. Il y a enfin la paresse grossière ou de base.
1. La paresse de l’oisiveté
C’est le type de paresse dans lequel on passe son temps à dormir, à se reposer ; on est plongé dans des rêveries ou un état d’inattention, de négligence ou d’indifférence aux choses, etc. Cette forme de paresse est le produit de l’attachement à un type de bonheur qui s’accomplit dans l’inactivité. Évidemment ce type de paresse est à proscrire. De quelle manière va-t-on abandonner cette forme de paresse ?
En réfléchissant qu’il n’y a pas de temps pour cela en cette vie, que cette existence est extrêmement brève et que l’on n’a pas le loisir de paresser. Dans un soutra, le Bouddha explique ce que doit savoir le moine : « Si la communauté monastique elle-même se réduit, si la force vitale est coupée, si la longévité et les capacités d’accomplir quelque chose se dispersent, si l’enseignement du Bouddha lui-même vient à décliner, ou s’il n’y a plus d’adhésion, de confiance en cet enseignement et que finalement il arrive à sa ruine, quelle en est la raison ?
C’est le fait que, par l’influence de la paresse et de l’apathie, on ne s’applique pas à la réalisation des aspects et des pratiques qui sont liés à l’effort enthousiaste. » Le Bouddha exprime : « Étant donné que tout est sujet à destruction, que c’est la caractéristique de chaque chose et que cette mort est potentiellement présente et survient rapidement, pendant qu’il est encore temps, on devrait s’appliquer à l’accumulation de ce qui est bénéfique, à travers le corps, la parole et l’esprit. »
Si on se dit qu’il sera toujours temps, au moment de la mort, de créer cette accumulation positive, on doit savoir que lorsque ce moment est venu, on n’a aucun loisir, on n’a plus le temps d’accomplir quoi que ce soit. Si on pense que l’on va abandonner la paresse avec la fin de cette existence, il faut bien se rendre compte qu’il sera trop tard. On peut se persuader que la mort ne viendra pas tant que l’on n’aura pas réalisé cette accumulation de vertus, que tant qu’il restera encore quelque chose à faire, on restera en vie et on ne mourra pas.Ce genre de raisonnement n’est pas la preuve d’une réelle intelligence. Shantidéva a dit : « Le seigneur de la mort, qui n’est pas digne de confiance, n’attend pas que l’on ait mené à bien nos projets ; que l’on ait fini ou pas, il frappe, et la mort vient sans prévenir. » Ainsi, que l’on soit malade ou en bonne santé, cette vie n’est pas sure ; on ne doit pas s’appuyer simplement sur cette conscience ordinaire de l’esprit qui croit que la vie va toujours durer.
On doit au contraire savoir que cette vie est transitoire et fugitive. De quelle manière faut-il abandonner toute paresse ? De la même façon que l’on rejetterait immédiatement un serpent qui se serait installé sur nous, ou avec la même énergie que l’on mettrait à éteindre le feu qui aurait pris sur notre tête.
Dans le Bodhicharyavattara il est dit : « De même que, si un serpent était venu s’installer sur nous, on le rejetterait immédiatement au loin avec la plus grande vigueur, de la même façon lorsque l’on s’applique à la pratique du Dharma, on doit rejeter avec une grande force et une grande vigueur toute tendance à la rêverie, la somnolence, l’apathie ou l’oisiveté et contrer de toutes ses forces ces tendances pour s’appliquer avec une grande énergie à la réalisation de l’éveil. »
Dans un autre texte il est dit : « De même que si le feu prenait sur notre tête ou dans nos vêtements, aussi rapidement que possible on essaierait de l’éteindre, on se débarrasserait de ses vêtements en flammes, de la même manière et avec la même rapidité on devrait s’efforcer de porter tous ses efforts vers la libération du monde conditionné. À part cela, il n’y a rien d’important à accomplir. »
2. La paresse du découragement
Cette forme de paresse, liée à un état dépressif, de manque de confiance, est entretenue à travers des réflexions du genre : « Comment quelqu’un de vil et ordinaire comme moi pourrait, même en s’efforçant, obtenir l’éveil qui est quelque chose de tellement éloigné de moi ? » Cette paresse résulte du fait de s’entretenir dans un état de découragement et une attitude d’impuissance. Il est dit qu’il ne faut pas se laisser aller au découragement et cette forme de paresse doit être rejetée.
Comment peut-on s’en convaincre ? En développant cette pensée, comme l’a expliqué le Bouddha : « Même pour les mouches, les abeilles ou les moustiques, jusqu’au dernier des insectes et des vermisseaux, s’ils s’appliquent avec énergie, s’ils peuvent développer cette force de la persévérance et de l’enthousiasme, il ne sera pas difficile d’obtenir l’éveil.
Alors moi, qui ai obtenu une naissance dans le monde humain avec toutes ses qualités de compréhension et ses potentialités, et qui de plus ai rencontré le Dharma et compris le sens du mahayana, l’importance de réaliser quelque chose d’utile et de ne pas nuire aux autres, pourquoi douterais-je de ma capacité à réaliser l’éveil alors que cela est possible pour tous les êtres ? »
3. La paresse grossière
La troisième forme de paresse est celle qui consiste, sous l’emprise de l’attachement, à s’appliquer à des actes négatifs, à utiliser son énergie soit pour vaincre des ennemis, soit pour accumuler richesses, renommée, pouvoir, etc., à travers des actions erronées. Étant donné que toutes ces formes d’activités sont la cause de la souffrance, on s’abstiendra de telles attitudes.
III. Classification de la persévérance
Cette classification est triple : la persévérance semblable à une armure, l’énergie enthousiaste de l’activité même et la persévérance qui ne tient jamais rien pour suffisant.
Le premier aspect consiste à endosser l’armure de l’intention ferme d’accomplir le bien des êtres et de produire toutes formes d’actions excellentes apportant bonheur et vertu. C’est donc la motivation indéfectible, immuable comme une armure de protection.
Le deuxième aspect est l’énergie qui s’applique à ce qui est bénéfique et excellent pour le bien de tous les êtres. On ne demeure pas simplement au stade de l’intention, mais on met en pratique cette détermination de l’esprit.
Le troisième aspect est celui qui considère que dans cette mise en application, il n’y a pas d’hésitation à avoir ; on ne doit pas se sentir satisfait, mais au contraire toujours s’appliquer sans cesse, sans jamais relâcher son effort.
La première forme d’énergie enthousiaste est une accumulation de l’excellence de l’attitude d’esprit.
La deuxième est l’accumulation de l’excellence de l’activité de la conduite juste.
La troisième est le fait de porter ces deux aspects à leur parfait développement, avec toutes les qualités qui sont en relation avec cette pratique.
IV. Caractéristiques de chaque aspect
1. La persévérance semblable à une armure
Elle s’exprime ainsi : « À partir de maintenant, dès ce jour, jusqu’à ce que tous les êtres soient véritablement établis sur le chemin de l’éveil, je m’engage à ne jamais rejeter cette volonté de s’appliquer avec enthousiasme à l’accomplissement de l’activité bénéfique aux êtres. »
Ceci est exprimé par le Bouddha lui-même lorsqu’il explique l’attitude du bodhisattva face à l’éveil. Il s’adresse à Sharipoutra : « Sharipoutra, il faut développer cette armure de l’activité bénéfique insondable sans relâcher la persévérance, jusqu’à ce que le dernier des êtres sensibles soit établi dans l’illumination. »
Quant à la façon d’établir cette armure de la persévérance, il est dit dans un soutra : « Le bodhisattva est celui qui doit réaliser le bienfait des êtres, afin de les réunir tous dans l’au-delà de la souffrance. Pour mener à bien cette tâche, il va revêtir l’armure de l’énergie enthousiaste, qui sera semblable aux êtres : ceux-ci existant en nombre infini, l’armure de persévérance sera elle aussi infinie, inconcevable. »
Soutra : « Le bodhisattva ne doit pas calculer ou planifier son activité en se disant : pendant tel kalpa je vais revêtir l’armure du bodhisattva et je vais aider les êtres, et pendant tel autre kalpa, je m’abstiendrai, je me reposerai un petit peu et je ne revêtirai pas cette armure du bodhisattva. » Cela ne convient pas ! Le bodhisattva ne doit pas concevoir cette armure de la persévérance de façon limitée, intellectuelle, comme un projet ; il doit simplement comprendre que c’est au-delà du mental, que l’esprit lui-même ne peut pas embrasser une telle dimension.
Dans Les terres de bodhisattvas, il est dit : « Même s’il faut une ère cosmique entière pour que je parvienne à libérer un seul être des enfers, même si c’est le seul résultat que j’obtiens, je m’engagerai avec grande joie et un enthousiasme sans partage dans l’accomplissement de ce bienfait. »
Sans parler du temps et des efforts qu’il faudra fournir pour libérer tous les êtres de la souffrance… Telle est cette parfaite armure du courage et de l’énergie, au-delà de tout point de référence et de tout ce que l’on peut concevoir.
2. La persévérance de l’activité même
Ce deuxième aspect se présente sous trois formes :
- l’activité de la persévérance qui consiste à abandonner les émotions conflictuelles ;
- l’activité de la persévérance qui consiste en l’action positive ;
- l’activité de la persévérance qui s’exprime dans l’accomplissement du bienfait de tous les êtres.
2.1. Abandonner les émotions conflictuelles
Les émotions telles que le désir ou l’aversion s’élèvent, en dépendance du karma, des empreintes qui ont été créées : si on se laisse emporter par elles, on va créer une forme d’activité karmique productrice de souffrance. La racine de la souffrance réside en le fait que ces émotions apparaissent et qu’on ne les contrôle pas. De plus, émotions et souffrance s’engendrent de manière réciproque ; c’est-à-dire que si l’on ne se libère pas de la souffrance, on est toujours dans l’émotion et si l’on est sous l’emprise des émotions, on expérimente toujours une forme de souffrance à travers l’accumulation de karma.
Par la compréhension de cette réciprocité de cause et d’effet entre l’expérience de la souffrance et la présence des émotions non maîtrisées, on s’applique au contrôle des émotions afin de ne pas en recevoir la “bénédiction”, c’est-à-dire la souffrance ! Dans le Bodhicharyavattara, Shantideva l’exprime de façon imagée en disant : « Lorsque l’on se tient au milieu de la meute des émotions conflictuelles qui s’élèvent dans l’esprit, on doit être capable de les affronter fermement de mille et une manières, par tous les moyens possibles. Tout comme le lion qui se trouve entouré de chacals ne leur permettra pas d’approcher ni de le toucher, de la même façon on devra se protéger soi-même de toutes les émotions qui sont comme une meute autour de nous et de notre esprit, en les maintenant à distance. »
Dans un autre exemple, il est dit que l’on doit être comme quelqu’un qui transporte un pot rempli d’huile, étant sous le regard d’une autre personne qui tient une épée à la main en menaçant de nous mettre à mort si jamais nous renversons une seule goutte de ce liquide. Avec la même attention et maîtrise de soi que l’on développerait en telle situation, il nous faut, avec rigueur, nous garder d’être emporté par les émotions conflictuelles.
Rinpoché explique que ce genre d’exemple était utilisé par les yogis de l’Inde du temps du Bouddha pour développer les états d’absorption méditative, pour marquer avec quelle présence et attention de l’esprit on doit méditer afin de réaliser l’absorption “en un seul point”. C’est comme un rappel constant de la conscience au support de méditation.
Cette rigueur, cette auto-discipline, est vraiment nécessaire parce que, lorsque l’on est en relation avec d’autres êtres, se créent beaucoup d’occasions de dispersion et de perturbation de l’esprit. En particulier, par rapport aux autres, apparaissent le désir, la jalousie, la haine, etc., et on doit cultiver cette rigueur de l’esprit afin de ne pas être emporté par ses pulsions.
« Le pratiquant qui se laisse emporter par des inclinations négatives, qui perd la vigilance et la conscience de son état d’esprit, est immédiatement frappé par tous les démons comme par autant de pointes d’épées. »
2.2. Agir positivement
Cet aspect de l’énergie enthousiaste consiste à s’efforcer à la pratique des six vertus transcendantes : « Celui qui s’exerce à la pratique des six paramitas doit le faire avec beaucoup d’énergie, sans aucun regard sur son propre corps ou sa propre vie. Il doit être uniquement concentré sur le fait de mettre le Dharma en pratique. » Milarépa disait : « La seule raison de pleurer se trouve dans toutes les souffrances qui sont endurées dans le monde. Les seules raisons de se réjouir se trouvent dans toutes les difficultés de la pratique du Dharma. »
Ayant pris conscience de la souffrance des êtres dans le monde conditionné, et ayant compris le fait que c’est dans la pratique du Dharma que l’on trouve la joie ultime, on puise dans cette motivation la force de réaliser l’éveil. Milarépa l’exprimait également par rapport à ses disciples qui doutaient de leurs propres capacités à réaliser l’éveil, affirmant que pour quelqu’un comme lui, une émanation du Bouddha, il était facile d’obtenir l’éveil.
Milarépa répondait que tous les êtres sont des émanations du Bouddha et que la seule difficulté réside en le manque de certitude, de confiance de chacun en sa propre capacité de réaliser l’éveil. Si l’on n’a ni doutes ni incertitudes, si l’on s’applique avec diligence à la pratique du Dharma, on triomphe de toutes les difficultés, de toutes les souffrances.
Cet aspect de la persévérance qui pratique l’action juste est expliqué en cinq points :
- la persévérance qui fait que l’on s’exerce constamment, sans relâche ;
- la persévérance qui fait que l’on s’exerce avec respect, dévotion et aspiration ;
- la persévérance qui demeure immuable ;
- la persévérance qui ne se détourne pas de son but, qui garde confiance ;
- la persévérance qui est libre d’orgueil, sans vanité.
A. La persévérance sans relâche
C’est le fait de s’exercer de façon continue, sans aucune interruption, dans un flot permanent d’énergie qui est produit pour l’accomplissement des actes vertueux.
« Lorsque le bodhisattva qui a donné naissance à l’esprit d’éveil s’exerce en la mise en pratique de la bodhichitta, il doit le faire, dans tous les aspects de sa pratique, avec une énergie continue. Cette persévérance dans l’action ne cédera pas à la fatigue ou à la lassitude physique ; elle ne cédera pas au découragement mental. Elle s’efforcera toujours à l’action positive inspirée, heureuse. »
B. La persévérance enthousiaste liée à l’aspiration et la dévotion
C’est le fait d’être toujours dans la joie et d’avoir, du fait de cette joie, l’élan naturel pour l’accomplissement de ce qui est bénéfique.
Le Bouddha explique lui-même la façon de parachever cette perfection : « Tout comme l’éléphant qui souffre de la chaleur du soleil en plein midi se précipite sans réfléchir dans l’eau pour en goûter la fraîcheur, de la même manière on doit se précipiter, juste comme un réflexe par rapport à une sensation, dans l’exercice de ce qui est positif et vertueux, simplement parce que c’est une nécessité sans appel. »
C. La persévérance qui demeure immuable
C’est celle qui n’est pas affectée par les productions conceptuelles s’élevant dans l’esprit, les émotions perturbatrices, ou par l’expérience d’une forme de souffrance ou de frustration. Cela veut dire que l’esprit reste parfaitement ferme et ne se laisse pas entraîner par toutes les sortes de tendances négatives qui peuvent s’élever. Cette persévérance immuable s’établit en relation avec son propre état intérieur.
D. La persévérance qui ne se détourne pas du but
Elle naît en relation avec le monde extérieur et les êtres. Au moment où l’on est tourmenté par les autres, où l’on doit supporter des êtres grossiers saturés d’émotions et de négativités qui cherchent à nous nuire ou à mettre en péril notre équilibre, au moment où dominent, dans des époques dégénérées, des idées négatives et contraires au Dharma, par rapport à cette agitation et ces conditions néfastes d’environnement extérieur, cette persévérance est la force qu’acquiert l’esprit de ne pas se détourner de son but et de garder la vision de l’éveil et du bienfait des êtres.
E. La persévérance libre d’orgueil
C’est le fait de s’appliquer avec énergie à l’accomplissement d’actes vertueux, sans pour cela en tirer gloire ou vanité, mais en gardant présent à l’esprit le fait que cette pratique doit viser à la réduction de la fixation égocentrique.
2.3. Accomplir le bien des êtres
C’est l’énergie enthousiaste dans l’activité qui s’efforce à la réalisation du bienfait d’autrui à travers onze formes d’actes spécifiques, tels que venir en aide à ceux qui sont sans secours, etc.
3. La persévérance qui ne tient jamais rien pour suffisant
Cela signifie que tant que l’état de Bouddha n’est pas obtenu, on doit s’efforcer, sans jamais être satisfait de soi-même, à l’accomplissement d’actes bénéfiques.
Bouddha : « Si l’assouvissement des désirs ordinaires, qui sont comme du miel sur une lame de rasoir, n’apporte pas la satisfaction ni le contentement, alors que peut-on dire de l’accomplissement enthousiaste d’actes bénéfiques qui sont la source de la véritable paix mentale et de la félicité sans limite ? »
V. La façon d’accroître la persévérance
La sagesse primordiale va rendre cette qualité de persévérance parfaitement pure, authentique ; la conscience transcendante permet de la développer, de l’accroître, et le pouvoir de la dédicace parfaite la rend définitive. Du fait que cette activité positive est dédiée vers tous les êtres, c’est-à-dire qu’elle est marquée de la dimension de sagesse, parce qu’elle est soutenue par les souhaits que l’on fait pour qu’elle s’accroisse sans cesse et demeure comme quelque chose de vivant qui va se développer constamment, cette vertu n’est plus limitée à nous-même.
On se libère de l’idée du sujet qui a créé cette activité vertueuse, ce qui fait qu’elle peut continuer à s’accroître et être disponible pour tous les êtres, comme un trésor inépuisable. Ainsi, grâce à une parfaite dédicace, l’activité bénéfique demeure indestructible, à l’abri de toutes les perturbations et émotions dues aux actions antérieures.
VI. Les moyens pour la purifier
La façon de rendre parfaitement pure cette énergie enthousiaste est l’union de la vacuité et de la compassion : par la conscience de la compassion et de la vacuité comme étant deux aspects indissociables, le bienfait que l’on crée est réellement dirigé vers tous les êtres, on n’a pas d’autre intention que de créer des conditions positives pour tous les êtres, tout en demeurant dans la conscience de la dimension de vacuité de la réalité de cette compassion.
VII. Le résultat de la persévérance
Le résultat de la pratique de l’énergie enthousiaste s’exprime à deux niveaux :
- Du point de vue ultime, c’est l’obtention de l’insurpassable Éveil, comme cela est exprimé dans l’ouvrage qui traite des degrés de l’Éveil spirituel, Il est dit : « Le bodhisattva qui parachève complètement la vertu transcendante de l’effort enthousiaste est celui qui, comme tous les bouddhas, réalise manifestement le parfait et insurpassable éveil. »
- Du point de vue relatif, c’est l’obtention de toutes les conditions idéales d’existence et de toutes les jouissances liées à cette vie relative et mondaine, tant que l’on demeure dans le samsara. Dans le soutra il est dit : « Par la persévérance enthousiaste est obtenue la jouissance de tous les plaisirs et bonheurs mondains. »