J’ai participé au séminaire comme stagiaire et Puntso l’a animé. Nous avons décidé de faire un retour à deux voix, deux points de vues, deux regards pour mieux faire vivre à ceux qui n’étaient pas là ce séminaire sur la présence.
Barbara : Les 40 ans de Dhagpo placées sous le signe de la gratitude ont pris la couleur de retrouvailles à l’occasion du séminaire sur la présence, dans le cadre de l’accompagnement du deuil et de la fin de vie.
Puntso : Un séminaire est, par nature, un moment riche pour tous ceux qui y participent parce que des visions se rencontrent, des expériences se font écho, des savoirs se croisent. Bref, un séminaire est l’occasion de “faire sens” ensemble.
Barbara : Quatre intervenants ayant déjà collaboré par le passé se sont retrouvés en présence de lama Puntso qui animait le séminaire. Le thème de la présence à soi, à l’autre, est abordé sous des angles différents selon la compétence de chacun et est partagé avec un public de soignants, d’accompagnants bénévoles et de personnes concernées du fait de leur entourage.
Puntso : La présence à l’autre est un acte de bienveillance ; c’est aussi l’opportunité de nous rencontrer dans nos fonctionnements, nos émotions, nos attentes et nos représentations. Nous avons centré notre réflexion sur la présence à la fin de vie et aux deuils. Le séminaire a donné la possibilité de revisiter toutes ces situations, tant pour les accompagnants que pour ceux qui les vivent.
Barbara : Pascale Vinant l’a abordé sous l’angle médical, en tant que médecin en soins palliatifs, Dominique Davous en tant que bénévole dans l’accompagnement du deuil après la mort d’un enfant, Christophe Fauré médecin psychiatre et psychothérapeute, en accompagnement des personnes vivant des deuils traumatiques, et Anila Trinlé sous l’angle spirituel avec son regard bouddhiste et son expérience d’accompagnante.
Puntso : Pour avoir déjà collaboré avec eux, je savais la qualité de chacun des intervenants. J’avais déjà vu comment ils ne partagent pas qu’un savoir ou une connaissance, mais une expérience et un vécu. L’intérêt était d’aborder les mêmes questionnements à partir de compétences et de points de vues différents.
Barbara : Lama Puntso a invité chacun de ces intervenants à partager son expérience à travers des témoignages croisés concernant leurs premiers pas d’accompagnants, leurs souvenirs, leurs maladresses, leurs ressources… Ils ont également rendu hommage à leurs prédécesseurs.
Puntso : Nous ne voulions pas une brochette d’apports successifs et préparés. Nous leur avons proposé de répondre à une série de questions, de façon à ce que les réponses se fassent écho et qu’ils puissent réagir à l’écoute de l’autre. Ils ont joué le jeu et cette mosaïque d’interventions a donné un tableau vivant de ce que peut être la présence.
Barbara: Leurs confidences nous ont alors installés dans une ambiance intime. Ils nous ont livré leur vulnérabilité et leur réponse face à l’horreur de certaines situations de souffrance, et également leur confiance dans le processus de réparation, dans notre capacité à accepter, à rebondir et à cicatriser.
Puntso : C’est un des points qui m’a également touché : la confiance inconditionnelle dans le potentiel de ceux qu’ils accompagnent. Rien ne dit, au départ d’un accompagnement, que la personne pourra trouver ces ressources, pourra affronter les difficultés du processus en cours, mais la confiance est là. C’est elle qui donne à l’autre un espace pour une réparation possible.
Barbara : Nous avons été peu à peu inspirés par leur humanité, leur compassion, leur bienveillance et l’attention qu’ils se portent et qu’ils nous portent. Chacun s’est montré touchant par sa sincérité et son authenticité.
Puntso : Le jeu des questions croisées fait son effet. Par exemple, plutôt que de leur demander leur définition de la présence, nous leur avons demandé leur expérience fondatrice de la présence (c’est l’un d’entre eux qui avait soumis cette question durant la préparation !). L’un raconte comment un ratage complet auprès d’un malade lui a fait prendre conscience de la nécessité d’être présent à l’autre et l’autre explique comment elle a dû développer la présence dans un milieu où celle-ci manquait cruellement. Et c’est à partir de leurs témoignages que nous avons pu élaborer une définition de la présence.
Barbara : Ces retrouvailles ont aussi été l’occasion pour chacun d’eux d’exprimer leur gratitude envers la spiritualité qui est une ressource pour la présence et l’accompagnement. Ils puisent en Dhagpo une inspiration profonde, voire l’énergie nécessaire pour faire face.
Puntso : Parmi les quatre intervenants, deux sont bouddhistes, l’une chrétienne et la quatrième a une spiritualité plus personnelle. Néanmoins, le point commun, c’est la façon dont la spiritualité imprègne leur pratique de l’accompagnement. La conclusion, comme une évidence, s’est présentée sous la forme d’une question : comment peut-on être réellement présent sans la ressource de la spiritualité ?
Barbara : Le partage des expériences de l’assemblée attentive et concernée a enrichi l’approche et le vécu de l’accompagnement à soi et à l’autre.
Puntso : Nous avons consacré de longs moments aux échanges avec le public : témoignages, questions, remarques ou confidences, les retours sont multiples. Et comme l’ambiance était à la confiance, cela a permis une écoute attentive malgré les 120 personnes présentes.
Barbara : Ce séminaire est terminé et, en même temps, il dessine l’avenir. Lama Puntso a su créer une harmonie et une fluidité lors de ce séminaire, en animant avec discrétion, finesse et humour, et ce malgré la dimension des échanges. Nous emportons avec nous la bienveillance, la qualité d’écoute, le dévouement, le courage et l’humilité de chacun. Un savoir être partagé par tous.
Puntso : Ce qui fait la richesse d’un séminaire, c’est sans doute ce que l’on emporte ensuite. Bien sûr, il y a eu des échanges d’informations, du savoir partagé et, comme nous l’avons déjà dit, de l’expérience et du vécu mis en jeu, mais un séminaire est aussi un temps de ressourcement pour chacun.
Barbara : C’est ainsi.
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