Pendant le week-end d’enseignement de Dongsung Shabdrung Rinpoché sur l’impermanence, les 27 et 28 juin, le samedi soir a pris des allures de veillée au coin du feu. En effet, une soirée « contes de sagesses » était organisée. Gratuite et ouverte à tous, elle était destinée à un public de tous âges à partir de 7 ans. À l’origine imaginée afin de collecter des fonds pour l’Institut, cette soirée a finalement pris place de manière gratuite dans le cadre des 40 ans de Dhagpo – dont les thèmes sont, notamment, la générosité et le rassemblement. Cette initiative originale, proposée par Landrevillage (association fondée par des proches du centre), a réuni une soixantaine de personnes – toutes de grands enfants ne demandant qu’à remonter le temps ! Aucune publicité n’avait été faite, mais le bouche à oreille a fait son œuvre.
L’animation de la soirée revenait à trois conteuses – Barbara (bénévole à Dhagpo), Laurette et Marion –, toutes de l’association Tout Conte Fée à Sarlat, et à une violoniste professionnelle – Ine. Les contes de la soirée ont été choisis dans les traditions du monde entier et chacun d’entre eux recèle une certaine sagesse. En dehors de cette thématique, les conteuses avaient carte blanche pour leur sélection car, comme le souligne Barbara, l’important pour une conteuse, c’est qu’un conte lui parle et il est inutile de lui imposer quelque chose qui ne lui plairait pas.
C’est dans la salle d’étude, accoutumée à recevoir des enseignements et des retraites, que des chaises et coussins ont été disposés autour d’une petite scène improvisée. Les rideaux sont tirés, la lumière tamisée : le décor est planté. Aucune distraction extérieure ne viendra perturber le public déjà attentif et silencieux. Il n’y aura d’ailleurs pas de micro, afin de garder le lien avec les traditions orales millénaires et la proximité avec les auditeurs. L’une des conteuses s’avance alors et propose à tous de rejoindre le Pays des Contes. Rien n’est plus simple que cela : il suffit de fermer les yeux et de traverser la rivière – un bâton de pluie imite à merveille le son de l’eau et tout le monde se laisse prendre au jeu. Une fois de l’autre côté, l’arrivée au Pays des Contes est saluée par une introduction musicale.
Puis, le voyage commence. Tantôt chuchoté, tantôt proclamé, le récit prend vie dans la bouche des conteuses et dans l’esprit enchanté des spectateurs. Barbara, Marion et Laurette se succèdent sur la scène, et leurs histoires sont rythmées par les instruments d’Ine – le violon prend des accents monarchiques lorsqu’il est question d’un Roi ou imite la course du vent emportant un tout petit personnage, tandis que le tambour marque le pas de la Mort. La complicité entre musicienne et conteuses est évidente, et la gestuelle de ces dernières met en scène leurs histoires. Marion propose même un « tapis conte » : un conte illustré par un décor et des personnages de tissu que la conteuse a elle-même confectionnés.
Le public, quant à lui, est littéralement séduit. Sur les visages, des sourires rêveurs sont peints, les yeux brillent ; tous semblent replongés dans l’enfance. Leurs réactions suivent les péripéties des personnages : attendrissement, rires amusés, anticipation parfois, témoignent de leur attention. Dongsung Shabdrung Rinpoché se prête lui aussi, avec intérêt, au jeu des récits.
Et c’est ainsi que s’enchaînent les contes, petits et grands.
Mais c’est déjà fini ! Il faut à nouveau traverser la rivière et quitter le Pays des Contes. Un air joyeux, repris par les battements de mains des spectateurs, résonne une dernière fois. De longs et chaleureux applaudissements remercient Barbara, Laurette, Marion et Ine pour le voyage. Pari réussi : le public est conquis et n’en finit plus de sourire ! Tous ces grands enfants sont charmés et certains ont trouvé l’heure trop courte. C’est incontestable, les contes sont bel et bien une autre façon de rassembler les gens !
Ma vie était un conte que je me racontais sans peine
Le dharma est venu, en a fée une histoire pérenne
Ma gratitude ne s’en laisse pas conter
Elle est totale, absolue, vraie
Quoi qu’il en soit la poésie demeure
Il faut bien rencontrer ses démons, déesses et autres leurres
Pour se délayer enfin comme dans le lait le beurre