“Recherche maison dans le Puy-de-Dôme” : telle est l’indication sommaire que Claude T., souhaitant quitter la capitale, confie à un notaire parisien. Ce dernier revient vers lui pour lui proposer une propriété à Laussedat, dans la région des Combrailles. Coïncidence ? : Claude y avait suivi des enseignements avec Arnaud Desjardins, dans son centre d’études et de méditation non loin de là, au Bost, où le XVIᵉ Gyalwa Karmapa avait par ailleurs accompli la cérémonie de la coiffe noire. Fin 1983, Arnaud Desjardins vend son centre à des conditions avantageuses pour la tradition karma kagyü qui s’établit progressivement en France. La première retraite traditionnelle de trois ans commence le 17 mars 1984.
Claude s’installe dans cette maison de deux étages en pierre apparente à Laussedat. Nous sommes au début de l’année 1984. Il a quarante ans et est en recherche spirituelle depuis plusieurs années. Il se souvient :
Quand j’ai vu que la maison était à Laussedat, près du Bost que je connaissais par Arnaud Desjardins, je me suis dit : finalement, j’ai peut-être quelque chose à voir avec lui. Ça n’a pas été le cas et lama Guendune est arrivé !
Dix jours après son installation à Laussedat, Claude va voir lama Guendune Rinpoché qu’il avait rencontré brièvement trois ans auparavant à Dhagpo Kagyu Ling. Il témoigne :
J’avais gardé le cordon de bénédiction rouge qu’il m’avait mis autour du cou, mais j’avais à peine identifié Guendune Rinpoché parce que c’était l’été, qu’il était fatigué et que c’était dans une petite pièce dont les volets étaient clos. Mais après, quand je suis allé le voir début 84, j’ai effectivement retrouvé ce souvenir.
Trois mois après cette rencontre au Bost, Claude prend refuge auprès de Guendune Rinpoché.
Guendune Rinpoché a visité Laussedat en septembre 1985, exactement le 29 septembre, date à laquelle je lui annonçai que je lui en ferai donation, se souvient Claude avec précision. Pourquoi cela ? Pour Guendune Rinpoché, j’ai une dévotion intouchable, inébranlable. C’était clair que c’était lui, d’autant que je m’étais engagé dans une recherche depuis six ans. C’est le cœur qui a décidé. Après avoir refusé par trois fois cette donation, lama Guendune Rinpoché l’accepte et décide d’attribuer le lieu aux femmes. Dans sa grande sagesse, il a tenu à ce que je sois absolument certain de ma décision et que je prenne le temps d’y réfléchir, commente Claude.
Il y vit trois ans, jusqu’au début de sa première retraite en 1987. Il signe officiellement la donation le 3 avril 1990. Entre-temps, pendant qu’il est en retraite, un accord intermédiaire permet le démarrage de travaux autour de la maison d’origine : une aile est ajoutée et un premier centre de retraite est construit à l’arrière. Des stagiaires pratiquants logent dans la maison. Guidés par Thierry C. qui coordonne tout le chantier, des résidents enthousiastes, inspirés par Guendune Rinpoché et la perspective d’accomplir une retraite, s’engagent dans les travaux des centres de retraite. Comme l’explique Kemtcho, qui entre en première retraite de trois ans en 1987, Guendune Rinpoché n’a pas commencé avec l’ambition d’un grand projet de construction afin d’attirer des personnes. Le monastère des femmes et celui des hommes ont notamment été construits en réponse à la requête faite à Guendune Rinpoché par des pratiquantes souhaitant s’engager pleinement dans la voie du Dharma.
« C’est à notre sortie de retraite le 9 novembre 1990 que nous avons découvert le chantier dont l’avancée nous a surpris : les bâtiments des futurs centres de retraite des femmes étaient déjà ‘hors d’eau’», se souvient Claude, c’est-à-dire que la structure en béton était érigée et la toiture posée. Puis Claude, maintenant appelé Dordjé, démarre une deuxième retraite de trois ans en 1991 au Bost. Kemtcho entre en deuxième retraite à la même date à Laussedat, à Samten Ling, alors que les deux groupes de femmes entrant en première retraite sont installés à Teudreul Ling pour les francophones et à Drendreul Ling pour les anglophones. En sortant de cette retraite en mai 1994, les moniales séjournent au monastère du Bost, celui de Laussedat n’étant pas encore achevé.
Le rythme des travaux est soutenu. Le stoupa de Laussedat est consacré en 1995. Le monastère des femmes sera achevé en 1996 et béni par Künzik Shamarpa en juillet de la même année. En 1997, le temple de Laussedat est inauguré. En 1998, deux groupes de femmes commencent une première et deuxième retraite de trois ans à Laussedat. Puis en 2000, lors de sa première visite en Europe, ce sera au tour du XVIIᵉ Gyalwa Karmapa Thayé Dorjé de visiter Laussedat et de bénir les lieux.
Pour Claude T., l’histoire de Laussedat, qui débute le jour où il a acquis le lieu en raison d’une connexion spirituelle scellée auparavant dans la région, est le reflet de la force spirituelle des maîtres de la lignée.
C’est ça qui est intéressant au niveau spirituel, conclut-il. Ce n’était pas le fruit du hasard. Je pense que cette histoire s’explique très bien par la bénédiction que portaient lama Guendune, la lignée et le Karmapa. L’histoire est révélatrice de la réalisation spirituelle de lama Guendune. Les bénédictions ont été considérables.
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
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