Trois fois par an, depuis maintenant huit ans, lama Jigmé Rinpoché guide quelque deux cent cinquante pratiquants inscrits au cycle Chenrezik, un cursus progressif d’étude et de méditation élaboré par le XIVᵉ Künzik Shamarpa, Mipham Chökyi Lodrö.
Le 4 octobre 2018, lors de l’ouverture du tout premier stage de ce cursus, Jigmé Rinpoché précise que l’idée de ces retraites est née plusieurs années auparavant, lorsque de nombreuses personnes le consultent à propos de l’obtention d’un accomplissement dans leur pratique :
J’ai demandé ce que les gens souhaitaient, quel était leur but, ce dont ils avaient besoin. Deux grandes tendances se sont dessinées : ceux qui souhaitaient prendre renaissance en Dewachen, ce qui signifie qu’il y a un certain degré de compréhension du samsara, puisque l’on ne souhaite pas y reprendre naissance. L’autre but était de savoir comment passer dans l’autre vie, en d’autres termes savoir comment mourir. Ceci exprime à nouveau une certaine compréhension des conditions du samsara avec l’envie de ne pas les perpétuer, mais si l’on doit revenir, il s’agit alors de retrouver des conditions pour pouvoir poursuivre sa pratique. Cette retraite est mise en place sur la base de ces deux objectifs.
Toute personne souhaitant s’inscrire au cursus était invitée à écrire une lettre à Jigmé Rinpoché afin de lui expliquer son intérêt pour le cycle, ce qu’elle y recherchait, quel était son parcours dans le Dharma et quelles pratiques elle accomplissait. Loin d’être un exercice de sélection, il s’agissait pour Jigmé Rinpoché d’être en accord avec le cheminement des pratiquants et de pouvoir répondre à leurs besoins.
Les deux mêmes tendances évoquées ci-dessus se retrouvent dans la majorité des lettres reçues par Jigmé Rinpoché. Le premier jour du cycle, il souligne que cette réflexion sur le but de la pratique est capitale pour emprunter le chemin et obtenir les fruits.
Il est demandé aux participants de s’engager pleinement dans le cursus, en participant aux trois stages annuels et en menant à bien la pratique de l’apprentissage et de la méditation entre chaque session, dans la mesure des possibilités de chacun.
Chaque stage comporte des temps de pratique méditative, l’enseignement de Jigmé Rinpoché et la restitution de textes fondamentaux du bouddhisme par les étudiants de l’Institut formés par khenpo Chödrak Rinpoché.
Depuis 2020, le cursus est également proposé en ligne, sur YouTube.
Dès le début du cursus, Jigmé Rinpoché explique la direction du cursus d’étude et de méditation :
C’est une combinaison de divers ingrédients. Il y a d’une part l’apprentissage des enseignements qui sont comme une carte, un plan nous permettant de savoir où aller ; d’autre part la pratique, c’est-à-dire emprunter la direction que l’on a vue sur le plan. […] Il s’agit de demeurer dans notre propre sagesse, notre propre nature de bouddha, dans l’essence de l’esprit qui n’est pas fabriquée. Actuellement, notre esprit est un peu comme une feuille emportée au gré du vent : il suit une illusion après l’autre, un concept qui s’élève après l’autre. Au contraire, l’idée est de parvenir à cette dimension de la nature de bouddha qui est libre de toute illusion et de toute ignorance.
La pratique implique plusieurs aspects, qui seront approfondis à chaque stage : la purification des actes néfastes, l’accumulation des mérites et la bénédiction afin que l’esprit acquière cette capacité de demeurer dans sa nature de bouddha. Jigmé Rinpoché explique :
C’est parce que nous n’arrivons pas à demeurer dans notre propre sagesse que Shamar Rinpoché encourage à pratiquer la méditation de Chenrezik telle que transmise selon les instructions du XVᵉ Karmapa. Cette pratique est très efficace et facile à mettre en œuvre. Elle nous permet d’actualiser le but de la méditation par le biais de la pratique de Chenrezik et en suivant les instructions données dans les enseignements portant sur le mahamudra.
C’est lors de ce premier stage que Jigmé Rinpoché donne plusieurs pistes de pratique : en premier lieu, il s’agit de préparer l’esprit à la méditation en commençant par le détendre. Pour cela, assis face à un paysage ouvert et calme, nous laissons le regard se poser au loin dans l’espace en début de session. Jigmé Rinpoché poursuit :
Plus vous parviendrez à demeurer détendus, plus une certaine clarté quant à ce qui se passe dans l’esprit se manifestera.
En deuxième lieu, il s’agit d’être relié à Chenrezik, notre propre nature de sagesse, tout au long de la journée, en ouvrant la pratique le matin jusqu’à la récitation du mantra et en la concluant de façon formelle en fin de journée. Par le rappel et la récitation du mantra dans une multitude de situations quotidiennes, nous purifions les graines néfastes et créons dans l’esprit de nouvelles tendances qui peuvent nous amener sur le chemin de la libération.
Il souligne ensuite :
Prendre soin signifie mettre en œuvre les causes qui permettent de purifier ces graines ou ces empreintes néfastes.
Lors des stages, durant une heure et demie chaque après-midi, les stagiaires étudient L’Entrée vers l’état de pandit du premier Mipham Rinpoché, traité ayant « pour finalité d’obtenir le discernement qui va déterminer sans erreur le mode d’être du connaissable. »
Ainsi, depuis huit ans, les étudiants de l’Institut restituent ce texte qu’ils ont étudié avec khenpo Chödrak Rinpoché, abordant les thèmes tels que les agrégats, les dhatus, les ayatanas, l’apparition en dépendance et les vérités des êtres nobles.
Jigmé Rinpoché affirme lors du tout premier stage :
Ce texte n’est pas forcément facile à comprendre au premier abord, mais il sera extrêmement utile.
Il encourage les participants à former des groupes d’étude afin d’une part de mieux comprendre les notions fondamentales sur lesquelles repose la pratique méditative, d’autre part de s’en souvenir et, progressivement, de clarifier toute confusion qui s’élève dans la pratique. À partir d’octobre 2023 commence la restitution de l’Abhidharmakosha de Vasubandhu.
Le cursus est décrit comme progressif, car, comme le souligne Jigmé Rinpoché :
l’idée est que l’esprit s’imprègne de ces notions et demeure au plus près de l’enseignement… Cela demande du temps, un peu à l’image de la tortue qui gravit lentement la montagne : malgré son rythme lent, elle progresse de façon continue, par conséquent, à un moment donné, elle atteint le sommet de la montagne. Il faut vraiment prendre au sérieux ce qui a été dit, le faire avec sincérité et dévotion, c’est ce qui permettra d’avoir une pratique qui évolue dans la direction appropriée.
Jigmé Rinpoché accompagne les pratiquants comme un maître de retraite guide les méditants : il donne des instructions à mettre en pratique. Les pratiquants qui les mettent en œuvre partagent des questions ou des retours d’expérience : Jigmé Rinpoché peut alors évaluer la progression méditative et guider ou corriger le méditant. La progression d’une retraite sur l’autre dépend entièrement de la mise en œuvre de la pratique méditative par l’ensemble du groupe.
Données par Jigmé Rinpoché au cours de plusieurs stages, les explications orales sur la pratique de Chenrezik ont été publiées en 2020, dans un livret intitulé Explication de la méditation-récitation de Chenrezik selon le commentaire du XVᵉ Karmapa Khakyap Dorjé « une Continuelle Ondée de bien pour les êtres ».
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
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