« L’arrivée du Bouddha » titre le journal Sud Ouest pour évoquer la venue exceptionnelle des reliques du Bouddha à Dhagpo Kagyu Ling le 24 novembre 2013, jour auspicieux de Lhabab Düchen [1]. Elles y resteront jusqu’au 30 mai 2015, en raison de travaux à la Grande Pagode de Vincennes, leur lieu de conservation habituel.
Quelque trois cents personnes se sont réunies pour la cérémonie d’accueil des reliques venues de Dhagpo Kundreul Ling, où elles avaient fait une première escale pendant près d’un mois. Procession au son des gyalings vers l’Institut inauguré quelques mois auparavant, offrande symbolique de l’univers, récitation du Soutra du rappel des Trois Joyaux et offrande de katas devant les reliques ont marqué ce moment rare.
Exprimant sa gratitude à l’Union Bouddhiste de France pour sa générosité, Thayé Dorjé, le XVIIe Gyalwa Karmapa, a partagé le sens de ces reliques dans une allocution enregistrée pour l’occasion :
Parmi les enseignements que nous a laissés le Bouddha, l’un des principaux concerne l’impermanence. Or, ces reliques sont le reflet de l’impermanence et de la fragilité de notre monde physique. Le Bouddha Shakyamuni, d’abord connu sous le nom de Grand Prince Siddhartha, a décrit le corps physique comme étant conditionné et impermanent : même lorsqu’une personne comme le Bouddha atteint Samyaksambuddha, le corps physique reste sujet au changement. J’ai ainsi le sentiment que ces reliques constituées d’ossements représentent vraiment l’enseignement sur l’impermanence.
Chers amis du Dharma, profitez de cette chance unique pour recevoir l’influence spirituelle du Bouddha Shakyamuni, en formulant des prières d’aspiration comme il l’a fait lui-même, de la même manière. Ses aspirations sont parfaitement condensées dans la Prière de souhaits de Samantabhadra, également connue sous le nom de Reine des prières. Que vous vous trouviez près de ces reliques ou non, récitez ce texte pour accumuler mérite et sagesse. Ce faisant, vous établirez un précieux lien entre les aspirations éveillées du Bouddha et les vôtres. Je crois que ce lien est au cœur de l’influence spirituelle, car les frontières du temps ne nous empêchent pas de voir ce qu’a vu le Bouddha. Ce qu’il a vu était la vérité, la noble vérité : même si la vie telle que nous la connaissons présente des difficultés (dukkha en sanskrit), nous sommes capables de dévoiler l’absence d’essence du soi et de faire s’élever la cessation du soi, qui est paix absolue. Par conséquent, je vous encourage tous à accéder à cet océan incommensurable de richesse intérieure.
Pendant leur conservation à Dhagpo Kagyu Ling, les reliques ont été exposées dans l’Institut chaque week-end et lors des rituels accomplis les jours de pleine lune, ainsi que pendant la fête du Losar, le nouvel an tibétain, moment propice pour dissiper les obstacles et rassembler les circonstances favorables à la pratique.
Fin décembre 2013, Lama Jigmé Rinpoché a donné une conférence à propos des reliques devant un public de pratiquants des différentes écoles du bouddhisme tibétain présentes sur la Côte de Jor. Au cours de son allocution, Rinpoché a déclaré :
Nous avons cette opportunité de pouvoir faire des souhaits et pratiquer en présence de ces reliques du Bouddha issues de ses os : faire des prières en face d’objets importants est très efficace, cela permet que ces souhaits puissent se réaliser.
La présence des reliques à Dhagpo a également coïncidé avec le dernier enseignement de Künzik Shamarpa en mai 2014, trois semaines avant son parinirvana soudain le 11 juin. À la fin de son enseignement sur le Placement concentré de la souvenance sur quatre objets, Künzik Shamarpa se lève, commence à pousser son siège afin de s’asseoir à même le sol sur un coussin, en position de méditation, face aux reliques du Bouddha, d’où il donne une bénédiction à tous les pratiquants présents, en récitant La Reine des prières d’aspiration de Samantabhadra.
Plusieurs maîtres viendront rendre hommage à Künzik Shamarpa après son décès, en présence des reliques du Bouddha. Le 13 juillet 2014, Yangsi Dilgo Khyentsé Rinpoché s’exprime ainsi :
Comme nous le disons dans le bouddhisme, un enseignant ne cesse jamais de venir au monde, et l’activité des enseignants n’a aucune limite. Nous prions de tout cœur pour le prompt retour de Shamar Rinpoché afin que les activités de sa vie précédente puissent continuer.
Le 25 juillet 2014, Sa Sainteté Sakya Trinzin Rinpoché exprime sa tristesse, évoquant le souvenir de Künzik Shamarpa, qu’il avait connu pour la première fois au monastère de Rumtek :
Tout ce que fait un bodhisattva est porteur d’un sens profond, alors tous les pratiquants doivent mettre l’accent sur leur pratique et réaliser les souhaits de leur gourou. Si vous continuez votre pratique et gardez les samayas, il est certain que Künzik Shamarpa reviendra physiquement parmi nous et continuera sa grande activité pour le Dharma et pour les êtres sensibles. Et je vais aussi prier pour son prompt retour.
La présence des reliques sur les deux sites de Dhagpo – en Dordogne au siège européen du Gyalwa Karmapa, et en Auvergne où se trouvent le Grand Temple, le monastère et les centres de retraites – est le reflet de l’immense activité du XVIe Gyalwa Karmapa et de sa XVIIe incarnation, de Lama Guendune Rinpoché, de Lama Jigmé Rinpoché et de tous les maîtres exceptionnels qui ont séjourné durablement sur la Côte de Jor, tels Düdjom Rinpoché, Dilgo Khyensté Rinpoché et Pawo Rinpoché.
En août 2025, les reliques ont de nouveau été accueillies à Dhagpo Kundreul Ling et exposées dans le Grand Temple, lors de la visite et de l’enseignement de Jamgön Kongtrül Rinpoché.
Histoire des reliques
Le Bouddha Shakyamuni a quitté son corps à Kushinagar à l’âge de 80 ans, environ 500 ans av. J.-C. Après sa crémation, les restes de son corps, constitués de petits ossements blanchis, furent divisés en huit parts égales, réparties entre les royaumes où le Bouddha avait séjourné et enseigné.
À la fin du XIXe siècle, une partie de ces reliques fut retrouvée dans le nord de l’Inde, au sein d’un stupa. Ces reliques furent alors confiées à la Thaïlande, seul pays bouddhiste voisin épargné par la colonisation. En 1898, un dignitaire religieux prédit que des reliques quitteraient la Thaïlande pour rejoindre l’Occident cent-onze ans plus tard. C’est ainsi qu’en 2008, une délégation de moines thaïlandais se rend en Europe afin de trouver un lieu approprié pour les reliques. Et en 2009, soit 111 ans plus tard, les patriarches thaïlandais, approuvés par la communauté bouddhiste asiatique, choisissent d’offrir ces reliques à la France. Les reliques sont alors officiellement confiées à l’Union Bouddhiste de France, qui les conserve à la Grande Pagode de Vincennes.
[1]Le jour où le Bouddha est revenu des destinées divines.
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial
Ces photos proviennent de nos archives ou ont été recueillies dans le cadre des recherches pour les 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Nous n’avons pas pu identifier tous les auteurs. L’utilisation des photos est à titre informatif dans le cadre de la célébration des 50 ans de Dhagpo Kagyu Ling. Leur usage est limité à cette actualité et à notre site et n’est pas à usage commercial


























































